Liste des articles

Dernières actualités Porsche 918

Publicité – continuez à lire ci-dessous

Essais auto
Essais auto

ESSAI Porsche 918 Spyder : Electro cash !

Stéphane Lémeret | 06/02/2015

Il était plus que temps d’essayer la dernière supercar de Porsche. Quelques chiffres pour vous mettre l’eau à la bouche : 800.000 euros, 887 chevaux et… 3,1l/100km ! 786.500 euros TVAC. Je n’avais jamais conduit une voiture de route aussi chère ! Mais qu’est-ce qui peut bien justifier un tel prix, représentant presque celui de cinq 911 Turbo, la plus inabordable des Porsche «normales» !? L’exclusivité bien sûr (918 exemplaires seulement) mais aussi et surtout une technologie absolument extraordinaire, cette auto réunissant tout le savoir-faire de la marque allemande, surtout en matière d’hybridation. Car, en plus de son V8 essence, cet incroyable bolide aux performances surréalistes est équipé de deux moteurs électriques. Résultat : 345 km/h en vitesse de pointe, un 0 à 100 km/h abattu en 2,6 secondes à peine… mais aussi une consommation moyenne normalisée de seulement 3,1l/100km. Moins que la plus économe des petites polyvalentes, fut-elle hybride elle aussi ! Cela correspond à des émissions de CO2 de 72 g/km, ce qui en fait à l’heure actuelle une des voitures les plus respectueuses de l’environnement. Comme quoi, les problèmes de pollution liés à l’automobile sont avant tout une question de moyens ! En mode pur électrique Circuler dans Bruxelles au volant d’un engin valant le prix d’une belle maison de la capitale est évidemment un peu stressant. Pourtant, ce Spyder s’y montre parfaitement à l’aise, d’autant plus qu’après avoir pris soin de bien recharger les batteries, il est possible de faire une trentaine de kilomètres sur le seul mode électrique. Silence et douceur de fonctionnement sont alors au rendez-vous. Ce n’est pas un mais deux moteurs électriques qui sont montés sur cette auto : un petit de 129 chevaux sur le train avant et un plus gros, de 156 chevaux, à l’arrière. Leurs 285 chevaux cumulés propulsent quand même la 918 de 0 à 100 km/h en seulement 6 secondes, ce qui permet déjà, sans faire de bruit, de larguer à peu près tout ce qui roule ! En ville, le couple immédiatement disponible et cette puissance déjà confortable sont donc plus que suffisants. La boîte automatique séquentielle double embrayage 7 rapports, les commandes à portée de main, la très bonne position de conduite et une visibilité correcte pour un engin aussi extraordinaire permettent de s’en sortir sans trop de problèmes. Le tout est de ne pas se laisser distraire par les gestes enthousiastes de ceux qui savent qu’il s’agit d’un engin hors du commun. Avec son look de voiture de course et ses échappement sortant vers le haut, juste derrière les sièges, elle ne passe évidemment pas inaperçue. Ses étriers de freins vert fluo, signe qu’il s’agit de disques carbone-céramique, participent à l’effet d’ensemble, même si à part ce détail, on ne peut accuser Porsche d’avoir forcé la dose inutilement : la 918 Spyder respire davantage l’efficacité que le bling-bling ! Une fusée sur roues Comme sa devancière la Porsche Carrera GT (supercar à moteur essence vendue de 2003 à 2006), cette 918 Spyder doit beaucoup au département Motorsport de la marque. Son châssis est donc inspiré de celui de la Porsche LMP2 ayant gagné sur les circuits du monde entier, y compris aux 24 Heures du Mans. Idem pour le moteur 4,6 litres V8 développant à lui tout seul 608 chevaux. Cette voiture en carbone de 1.674 kilos affiche donc une puissance cumulée de 887 chevaux. Et comme une partie de cette puissance (celle du moteur électrique avant) est transmise aux roues avant, la motricité est impressionnante : même par mauvais temps, le patinage est très limité et la poussée absolument phénoménale. Je vous avouerai même que la première fois que j’ai utilisé le launch control (système de départ automatique), j’ai dû relâcher l’accélérateur, mon corps et mon cerveau ayant du mal à encaisser les 1,1 G d’accélération ! Si je n’avais pas faibli, je me serais retrouvé à 200 km/h en 8 secondes à peine. Le temps que met une petite sportive style GTI pour atteindre… 100 km/h. Cette 918 est donc une véritable fusée sur roues ! Brutale ! En virages, le pedigree de cette Porsche développée par le département compétition ne fait aucun doute. Une tenue de route extraordinaire, d’une efficacité diabolique ! Et amusante en plus, grâce notamment à un système ESP anti-sortie de route très bien calibré, laissant suffisamment dériver le train arrière, au placement comme à l’accélération. Pas touche, par contre, à ce garde-fou ! Il est déconnectable mais vu la brutalité des réactions de cette voiture conçue pour être super-efficace sur circuit, mieux vaut attendre de se retrouver dans son élément pour s’y risquer. Une fois «débridée», la 918 est en effet tout sauf facile à contrôler. Davantage, même, qu’une auto de course ! J’ai par contre été étonné par son confort, tout à fait acceptable vu le niveau de performances. De même, un petit coffre (situé à l’avant) n’a pas été oublié. Mais le plus incroyable avec cette bombe, c’est qu’en utilisation normale – même une fois que la charge nocturne des batteries a été utilisée -, il est possible de ne consommer que 7l/100km, comme avec une petite voiture essence. Et que, lorsqu’on revient en ville, il reste toujours un peu de jus pour repasser en mode 100% électrique, afin de ne pas polluer le centre. C’est l’avenir. Mais on ne devrait plus attendre trop longtemps avant de bénéficier de cette technologie sur nos voitures de tous les jours, comme le prouve la sortie récente d’hybrides plug-in nettement plus raisonnables dans le groupe Volkswagen. Ces Golf GTE et autres Audi A3 e-tron sont en effet les petites sœurs de cette Porsche, une supercar jouant donc parfaitement son rôle… d’accélérateur. Conclusion Je craignais qu’avec ses moteurs électriques, cette Porsche soit un peu aseptisée et qu’elle ne soit qu’une sorte de laboratoire sur roues mettant de côté les sensations pures. C’est tout le contraire ! Et en plus, elle montre l’exemple ! Cette Porsche hybride a battu le record du tour de la fameuse «Nordschleife» du Nürburgring. 6 minutes 57 : pas mal pour une voiture capable de ne consommer que 3,1l/100km de moyenne… et rien du tout en ville !