La transition vers la voiture électrique pousse plus que jamais tous les constructeurs à repenser leurs alliances, leurs partenariats. Hormis les Chinois qui montent en puissance, personne ne semble à l’abri d’une mauvaise passe et, c’est bien connu, le meilleur moyen de réduire le risque, c’est de le partager.
C’est ce qu’a fait Renault qui n’est pas en position de puissance dans le secteur automobile. Pour pouvoir consacrer plus de budgets au développement des voitures électriques, Renault s’est associé avec Geely pour développer ses prochains moteurs thermiques et hybrides à travers une coentreprise. Or, on vient d’apprendre que le géant pétrolier saoudien Aramco venait de prendre une participation dans Horse Powertrain, cette coentreprise franco-chinoise. La participation s’élève à 10% du capital, ce qui valorise l’entreprise à 7,4 milliards d’euros.
Il est prévu que Renault et Geely conservent chacun 45% des parts, Aramco disposant donc de 10%. Notons que cette prise de participation intervient seulement un mois après la création de la coentreprise qui compte 19.000 salariés et dix-sept sites de production dans le monde.
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Quels bénéfices ?
La question est évidemment de savoir pourquoi un des plus grands pétroliers du monde investit dans une entreprise de moteurs thermiques ? Pour relancer l’ère du pétrole ? Pour écouler l’or noir jusqu’à la dernière goutte ? En fait non. L’explication qui est donnée est que, par cet investissement, Aramco vient apporter son expertise à Renault et Geely dans la… décarbonation. Un paradoxe ?
Car Aramco est déjà à l’œuvre pour sa transition de pétrolier et l’entreprise travaille d’arrache-pied sur les carburants synthétiques autant que sur l’hydrogène, deux matières qui vont évidemment aider Renault et Geely, à la fois pour pérenniser leurs moteurs thermiques si la législation le permet, mais aussi pour pouvoir travailler sur les piles à combustible. Et là aussi, cela nécessitera des adaptations pour les moteurs thermiques. Un partenaire solide est donc bienvenu, car Renault n’a plus les capacités financières pour réaliser ces investissements seul (prévision de 5 millions de moteurs produits par an pour 15 milliards d’euros de chiffre d’affaires).
Quoi qu’il en soit et au-delà du discours officiel, Aramco a tout intérêt à soutenir des entreprises qui promeuvent le moteur thermique et même hybridé. Le Saoudien en a les moyens : il a dégagé 121 milliards de dollars de bénéfice en 2023 (162 milliards en 2022).
Aussi financer l’électrification
Pour Renault plus que pour Geely, cet accord est essentiel. Car il va permettre au constructeur français de toucher 370 millions de cash, une somme à ajouter aux centaines de millions d’euros de perçues suite à la vente d’actions Nissan, et qui va permettra de continuer à financer le passage à la voiture électrique autant que le développement des logiciels que Renault a souhaité continuer seul. L’opération avec Aramco est belle, mais elle est aussi fragile, surtout pour Renault qui devra prouver son bien-fondé à travers des résultats tangibles très prochainement. Mais le filon des partenariats semble le bon. Luca de Meo peut jusqu’ici se féliciter de sa stratégie.
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