BYD ou Build Your Dream : voilà une marque dont on n’a pas fini d’entendre parler. Pourtant, rien ne prédestinait cette entreprise à s’imposer sur un marché automobile déjà bien encombré. BYD est à l’origine un fabricant chinois de batteries, mais qui s’est diversifié en 2003 en la Tsinchuan Automobile Company au bord de la faillite. Et manifestement, le business automobile a été parfaitement intégré : en 2010, BYD était la quatrième marque automobile chinoise en nombre de véhicules vendus, en 2022, elle était la première marque électrique tandis que l’an dernier (Q4 2023), elle est passée au premier rang mondial, devant Tesla.
Mais l’industriel ne compte pas s’arrêter en si bon chemin. En effet, alors qu’il vend désormais ses modèles sur les marchés occidentaux, BYD compte passer la vitesse supérieure. Comment ? En développant de nouveaux modèles qui seront spécifiquement pensés pour combler les besoins des conducteurs occidentaux. La démarche n’a rien d’inédit. Car il faut se souvenir qu’à la fin des années 1990, Toyota a exactement procédé de la sorte. À la fois en développant des modèles pensés par les Européens pour les Européens (centre de Zaventem), mais aussi en implantant des usines locales, comme celle de la Yaris dans le nord de la France. Idem avec les Coréens Hyundai/Kia qui ont ouvert leur centre de développement en Allemagne et une première usine en Tchéquie.
3 nouveaux modèles
Cette stratégie d’adaptation aux us et coutumes automobiles locaux a été annoncée par le numéro deux du constructeur chinois, Stella Li, et le Directeur général Europe, Michael Shu qui ont annoncé l’arrivée de nouveaux modèles qui seront probablement construits sur les futurs sites de production hongrois et turc (300.000 véhicules en capacité totale). « On pense que BYD sera un succès en Europe, nous sommes patients, c’est pour du long terme », ont déclaré les intéressés. Voilà donc la stratégie : pas de vague, mais une infiltration progressive.
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La Hongrie abritera aussi un centre de développement à côté de l’usine afin de développer des modèles adaptés à l’Europe. Ainsi, parmi les dix nouveaux modèles prévus au calendrier, on sait déjà que trois d’entre eux seront spécifiquement conçus pour nous, à la fois des électriques, mais aussi des hybrides rechargeables.
Parmi les projets en cours, un est tenu plus secret que les autres : l’arrivée dès 2026 d’une petite voiture électrique sur lequel Stella Li n’a pas voulu s’étendre, mais qui selon elle est « spécialement pensé pour les villes européennes ». En décodé, cela signifie donc que les Citroën ë-C3, Dacia Spring, Peugeot E-208, Opel Corsa electric, Renault 5 E-Tech ou Fiat Grande Panda devront composer avec un concurrent de plus.
Contre-attaquer
Lors d’une interview en France, les responsables de BYD ont expliqué leur inquiétude vis-à-vis des nouvelles taxes douanières européennes, indiquant que ce n’était pas aux consommateurs à être pris en otage. « Ce n’est pas juste de demander aux Européens de payer la facture », a précisé Stella Li. Pragmatique, mais aussi très démagogique comme discours.
BYD soutient que c’est la qualité des produits qui doit faire la différence. Et de préciser que l’expérience client se doit d’être privilégiée. À ce titre, BYD veut d’ailleurs faire aussi bien qu’Apple avec ses Apple Store. « Nous voulons offrir une expérience premium à nos clients européens », a encore précisé Stella Li. Et pour la marque, il ne s’agit pas de concurrencer Tesla qui « est notre ami », mais les constructeurs traditionnels de voitures thermiques. BYD se positionne donc comme un acteur de la transition énergétique et pas uniquement comme un industriel de l’auto. Ce qui se vérifie aussi dans la soif d’innovation de la marque qui dépose chaque jour 32 brevets dont 15 sont validés. BYD sait que la route sera longue, mais il met tout en œuvre pour que celle-ci soit solidement construite.
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