En janvier 1953, la première Chevrolet Corvette du nom a été exposée au salon Motorama de General Motors à New York. Cette voiture de sport conçue et dessinée par Harley Earl, était dans un premier temps propulsée par un six cylindres en ligne associé à une transmission automatique. Seulement 300 exemplaires de la Corvette à carrosserie en fibre de verre, tous peints en Polo White avec des sièges baquets rouges, ont été construits pour la première année. Reconnaissant immédiatement le potentiel de ce nouveau modèle, Zachary « Zora » Arkus-Duntov a écrit personnellement à Ed Cole, alors ingénieur en chef de Chevrolet, pour lui faire part de son désir de travailler pour la marque sur le programme Corvette. Le culot a payé puisque Arkus-Duntov a débuté cette année-là sa carrière chez Chevrolet en tant qu'ingénieur adjoint.
Pas assez performante
Pilote à ses heures, Arkus-Duntov trouvait que la Corvette n’était pas du tout assez performante. En 1955, ses ventes se sont même effondrées, malgré l'ajout d'un V8 de 265 CI et d'une boîte manuelle à trois vitesses synchronisées en option. La Corvette semblait être sur la sellette des dirigeants de GM, et Arkus-Duntov savait que prouver les prouesses du modèle par des exercices de performance et de course serait la clé de sa survie. Des voitures équipées de V8 modifiés sont inscrites à des courses en 1955 et 1956, sans grand succès. Pour concurrencer des marques comme Ferrari, Aston-Martin ou Jaguar, Chevrolet devait construire une vraie voiture de course.
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Complexe
En 1956, les dirigeants de la marque ont été séduits par le projet et ont donné leur accord pour le développement de Corvette SS, pour « Super Sport ». Dans des installations séparées de celles utilisés pour le développement des véhicules de série, une petite équipe s’est affairée sur cette voiture de course qui disposait d’un châssis tubulaire, à l’instar de la Mercedes 300 SL. La suspension avant de la voiture était indépendante, tandis que l'arrière était équipé d'une suspension De Dion, une conception relativement peu courante qui permettait de maintenir un faible poids non suspendu et d'offrir une excellente adhérence à la route, mais au prix d'une complexité accrue. Un système de freins à tambour avant et arrière unique, chacun doté de son propre système d'assistance à dépression, actionné par une pédale, permettait d'arrêter la SS. À l'avant, des freins en fonte composite avec des tambours extérieurs en aluminium à ailettes étaient montés sur les roues, tandis qu'à l'arrière, les freins étaient montés à l'intérieur.
Carrosserie futuriste
En magnésium, la carrosserie a été construite par le département de style de General Motors, dans le cadre d'un accord entre Ed Cole et Harley Earl. Une calandre dentée était le seul clin d'œil standard à la lignée Corvette du modèle, tandis qu'un pare-brise en plastique à coupe basse spécialement conçu s'étendait jusqu'aux portes. L'intérieur comprenait deux sièges sport, un volant cerclé de bois et une configuration d'instrumentation de compétition comprenant un compte-tours, des jauges de température d'huile et d'eau, un manomètre de pression d'huile et une horloge. Un arceau de sécurité/appuie-tête profilé était magnifiquement intégré dans la conception de la carrosserie. La voiture roulait sur des roues en magnésium moulées à changement rapide avec des pneus spéciaux.
300 chevaux
La SS était propulsée par un bloc V8 standard de 283 CI. Elle était dotée d'un arbre à cames haute performance et, dans le but de créer un produit final léger, incorporait un certain nombre de pièces expérimentales en aluminium, notamment des culasses avec poussoirs solides, une pompe à eau, un noyau de radiateur et un carter d'embrayage, ainsi qu'un carter d'huile en magnésium. Le moteur de la 283 était alimenté par un autre élément expérimental : le système d'injection de carburant Ramjet de Chevrolet. Le moteur pesait 204 kg, soit 36 kg de moins que le moteur d'une Corvette de série. Avec une puissance de plus de 300 chevaux, ce groupe motopropulseur était prêt à se mesurer à la concurrence européenne des voitures de sport.
Légère
La SS pesait 845 kg à sec, soit près de 450 kg de moins qu'une Corvette de série. Le délai incroyablement court du projet XP-64 était tout aussi remarquable : passant de la planche à dessin à la piste d'essai en seulement cinq mois, la Corvette SS était un exploit incroyable pour Chevrolet. Inscrite aux 12 Heures de Sebring, la voiture a fait forte impression malgré des résultats moyens. Malheureusement, un nouveau règlement de l’Association des constructeurs automobiles a mis fin aux programmes soutenus par les usines, ce qui a provoqué la retraite anticipée de la SS. Conservée par GM, elle a été cédée au Musée Indianapolis Motor Speedway en 1967 où elle a été exposée jusqu’il y a peu. Elle fait désormais des lots qui seront proposés à la vente par RM Sotheby’s afin de financer la modernisation de ce musée très populaire aux Etats-Unis. Les 27 et 28 février prochains, elle changera de mains. Elle est estimée entre 4,76 et 6,66 millions d’euros.
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