Forts d’une maîtrise très avancée du processus d’industrialisation des véhicules électriques, les constructeurs chinois sont à nos portes. En quelques mois seulement, on a en effet vu une kyrielle de marques a priori inconnues débarquer sur nos terres : Great Wall Motors, Geely avec Polestar et Lynk & Co et bientôt Zeekr, mais aussi Dongfeng ou Xpeng. La déferlante est donc à nos portes et les constructeurs de l’empire du Milieu mettent tout en œuvre pour séduire les consommateurs européens avec un prix de vente défiant toute concurrence, mais aussi un niveau de sécurité qui n’a rien à envier aux meilleures marques.
Une opportunité
Comme de bien entendu, l’Europe vient de créer les conditions idéales de marché pour les constructeurs chinois avec la décision d’interdire la vente de voitures neuves thermiques à l’horizon 2035. En toute logique, les constructeurs chinois qui ont une avance sur ce point se voient offrir un boulevard, d’autant que la taxation à l’entrée des véhicules de l’empire du Milieu est nettement moins élevée chez nous que celle des véhicules européens vendus en Chine. Cherchez l’erreur.
Dans ce contexte, l’Europe réfléchit elle aussi à augmenter sa taxation afin de ne pas étrangler sa propre industrie qui, avouons-le, est très en retard sur la transition vers la voiture électrique. Ce serait logique a-t-on envie de dire, mais il semble aussi que cette réflexion intervienne aussi trop tard. Pourquoi ? Et bien tout simplement parce que des marques comme Geely et BYD étudient actuellement la possibilité d’implanter des usines de production sur le vieux continent. Si ces projets se concrétisent, il ne sera évidemment plus possible pour l’Europe de taxer ces véhicules qui seront produits sur place avec de la main-d’œuvre locale.
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Comme les Japonais et les Coréens en leur temps ?
Cette perspective d’implantation d’usines en Europe n’est pas qu’un mythe, comme l’a indiqué la vice-présidente de BYD à nos confrères de Bloomberg. En plein lancement de ses modèles Atto3, Tang et Han, le constructeur a avoué travailler à l’ouverture d’une ou plusieurs usines en Europe officiellement pour optimiser ses opérations en Europe.
Tout ceci nous rappelle évidemment une autre époque : celle des constructeurs japonais dans les années 1970, puis celle des constructeurs coréens dans les années 1990 qui ont utilisé les mêmes subterfuges pour s’implanter en Europe (ainsi qu’aux États-Unis) et conquérir notre marché. Sauf que cette fois, la pénétration risque d’être plus puissante, car la voiture électrique est sensiblement plus chère que la thermique, une situation qui risque de pousser nombre de consommateurs européens dans les bras des constructeurs chinois, bien plus que cela n’avait été le cas pour les Japonais et les Coréens en leur temps.
Reste à voir toutefois aussi comment les constructeurs chinois envisagent d’implanter leur industrie automobile chez nous. S’agira-t-il de simples usines d’assemblage de composants ? Les batteries seront-elles aussi construites sur place ou simplement acheminées jusqu’ici avec des accords éludant une taxation à l’entrée étant donné l’activité économique et l’emploi générés sur place ? Tout est évidemment possible et il faudra que nos décideurs se montrent particulièrement clairvoyants et fermes pour éviter que l’Europe soit le dindon de la farce…
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