Les routes belges sont un calvaire, tout le monde le sait. Mais est-on objectif sur cet aspect ? Car beaucoup d’automobilistes se plaignent sans parfois disposer d’arguments fondés. Cela dit, pour ce qui concerne les routes belges, ils en ont. Il suffit de prendre quelques jours de vacances dans un pays limitrophe. En général, le retour sur le territoire belge est assez perceptible.
Outre la perception, il y a un autre argument qui démontre que les routes belges sont en piteux état : l’étude et le classement publié par le Forum économique mondial qui s’est penché sur les infrastructures de 119 pays. La sentence est sévère, d’autant plus qu’une met en exergue une nette dégradation.
64e sur 119
La Belgique se classe en effet à la 64e place sur un total de 119 pays analysés. C’est un bien mauvais résultat, car il fait surtout état d’une irrémédiable dégringolade : la Belgique était en effet classée 26e pays il y a 10 ans et 36e il y a seulement 3 ans. Autant dire que, pour les automobilistes, la descente aux enfers est plus que confirmée.
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Qui a les meilleures routes ? Parmi les pays qui soignent leur réseau, il y a le Luxembourg (8e), le Japon (4e), la Suisse (3e), les Pays-Bas (2e) ou Singapour (1er). L’Allemagne est quant à elle 23e. La Belgique fait donc pâle figure puisque son réseau routier est classé derrière celui de l’Indonésie, de la Turquie, du Bénin, de l’Ouzbékistan ou même du Rwanda. Et si l’on se rapporte à l’Europe, notre pays pointe à la 29e place sur 35 ! Le classement n’attribue plus que 4,32 points sur 7. Cette cote était encore de 5,5 en 2013. Un plongeon !
Faut-il tempérer ?
Pourtant les autorités avancent souvent leurs investissements dans notre réseau routier, mais elles reconnaissent aussi qu’il est totalement impossible de rattraper en quelques années les sous-investissements structurels depuis les années 1970. En Wallonie par exemple, la SOFICO explique que suite à la régionalisation de 1989, elle a hérité de 876 km d’autoroutes, 1.455 km de nationales et 400 km d’échangeurs. D’accord, mais entretemps, n’aurait-on pas pu trouver des solutions ? Car, 1989, c’était il y a 35 ans ! Certes, les Régions ont d’abord du s’attaquer à la dette publique, mais quand même… Entre 2010 et 2023, la Wallonie aurait investi plus de 3,3 milliards d’euros dans son réseau routier (réhabilitation et entretien). C’est bien, mais ça reste nettement moins que la Flandre qui a investi 2,7 milliards en… deux ans (2017-2019) !
Quel financement pour les routes belges ?
Alors que les finances publiques dérapent largement, on se demande comment les autorités pourraient trouver les fonds nécessaires à l’entretien de notre réseau. Il faudra voir comment le prochain gouvernement envisage la chose. Ce qu’on sait, c’est que certains partis, comme Les Engagés, proposent l’introduction d’une vignette pour les automobilistes. Selon les projections, cette mesure devrait rapporter 800 millions d’euros par an. Bien, mais pas suffisant. Et c’est pour cela que cette vignette pourrait être étendue aux conducteurs étrangers pour que ceux-ci contribuent à leur utilisation du réseau belge.
Pour certains organismes, le financement des routes doit venir d’ailleurs et plus précisément des taxes automobiles qui doivent servir à 100% pour le réseau. Car les montants à investir sont tout simplement colossaux : selon la FEBIAC, il faudrait en effet 21 milliards d’euros pour réfectionner notre réseau routier (étude 2019). Mais pour Touring, la vignette n’est pas la bonne solution. C’est l’usage qu’il faut taxer. Donc ceux qui roulent le plus, soit par plaisir, mais probablement plus par obligation. Reste que si cette mesure serait probablement efficace d’un point de vue budgétaire, il faudrait alors qu’elle soit défendue à un niveau européen. Ce qui ne risque pas d’arriver de sitôt puisque les Pays-Bas ou l’Allemagne font régulièrement pression sur la Belgique quand l’idée de taxer les véhicules étrangers pour l’usage des routes revient sur la table. Le sujet risque en tous cas d’alimenter encore les conversations pendant…que le réseau continue de se dégrader.
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