Cette semaine, le groupe Stellantis a dévoilé une toute nouvelle plate-forme technique destinée aux voitures électriques. Son nom ? La STLA Frame qui entendu faire mieux que la STLA Medium dévoilée pour la Peugeot e-3008 ou que la STLA Large destinée aux plus gros véhicules du groupe. L’objectif est d’atteindre une autonomie de 800 km (WLTP s’entend) et même jusqu’à 1.100 km pour les véhicules équipés de prolongateurs d’autonomie.
Cette plate-forme STLA Frame serait destinée aux véhicules imposants, comme les SUV et les pick-up (jusqu’à 5,94 m de long) contrairement aux deux autres architectures qui s’adressent à des carrosseries plus classiques.
Des capacités qui posent question
Alors que la plate-forme Medium est déjà capable d’accueillir des batteries d’une capacité de 98 kWh, la Frame mettrait la barre beaucoup plus haut en étant capable d’intégrer des packs revendiquant entre 159 et... 200 kWh. C’est tout simplement colossal et, bien que cette démarche puisse rassurer le client sur la question de la panne sèche, elle pose toutefois question dans l’utilisation des ressources d’une part et, d’autre part, de la réelle nécessité de disposer de packs aussi importants.
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Cette démesure nécessite évidemment un réseau électrique adapté. Et on ne s’étonne donc pas que cette plate-forme puisse être associée à un réseau de 800 V (on ne fait pas mieux et c’est peut-être tant pis d’ailleurs) capable d’encaisser des puissances de recharges de 350 kW. De quoi récupérer 160 km en 10 minutes. Mais donc aussi moins de 500 km en 30 minutes... Car qui dit grosse batterie dit aussi (plus) longue attente.
L’argument marketing
On l’aura compris : cette nouvelle plate-forme est avant tout destinée au marché nord-américain pour les RAM et autre Jeep Gladiator – la capacité de remorquage est même annoncée à 6.350 kg ! – et elle intègrera aussi une charge bidirectionnelle V2L, V2H et V2G qui permettra d’utiliser la batterie du véhicule pour alimenter appareils externes ou le domicile.
Mais ce qui pose question, c’est que même si les autonomies proposées par les voitures électriques actuelles semblent suffisantes pour l’usage quotidien des automobilistes, les constructeurs continuent leur fuite en avant et misent tout (ou presque) sur l’argument marketing de l’autonomie, une démarche qui relève plus d’une sécurité mentale que d’un réel besoin pour les utilisateurs. Et c’est un peu dommage, car les ressources ne sont pas infinies et cela met donc à mal le caractère écologique de la voiture électrique et, quelque part, sa raison d’être. Manifestement, les industriels ne savent plus vraiment trop quoi faire pour soutenir l’adoption de la voiture électrique, sinon verser dans la démesure pour tenter d’atténuer les craintes du public. Mais si on pousse l’analyse, ceci n’est pas différent de la démarche adoptée en son temps pour les SUV : les clients les aimaient ? Alors, on les a déclinés à toutes les sauces, même si ceux-ci s’avéraient pénalisants sur l’aspect énergétique et, même, de l’espace intérieur. Car les familles n’ont jamais trouvé plus de place à bord d’un SUV qu’à bord d’un monospace, bien au contraire.
Même si elle est moins ancrée qu’il y a quelques années, l’idée de la trop faible autonomie de la voiture électrique reste donc encore très prégnante et elle pousse à des choix contre-productifs. Même en France, territoire autrement plus étendu que la Belgique, les automobilistes ne parcourent en moyenne pas plus de six fois par an un trajet de plus de 800 km. Et la grande majorité de ceux-ci sont même inférieurs à 500 km. Ces autonomies sont-elles justifiées ? Probablement pas. Mais le client est roi. Et il payera aussi, car qui dit grosse batterie dit aussi grosse dépense...
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