Électrique

« L’électrique pas abordable pour la classe moyenne »

Carlos Tavares a tenu une conférence de presse et, comme à son habitude, l’homme fort de Stellantis n’y est pas allé par quatre chemins, notamment à propos de la voiture électrique.

David Leclercq David Leclercq | Publié le 20 oct. 2022 | Temps de lecture : 9 min

Carlos Tavares, c’est le puissant patron du groupe Stellantis (13 marques automobiles, dont Peugeot, Citroën, Fiat, Alfa, Opel, etc.) qui pèse pour 20% des ventes de voitures neuves en Europe. Fin connaisseur, mais aussi visionnaire du secteur automobile (beaucoup de ses estimations se sont avérées exactes), l’homme ne se montre pas spécialement optimiste sur l’avenir du secteur automobile, notamment en matière de capacité de production, mais aussi d’électrification du parc automobile.

Dans une interview donnée au journal économique L’Écho, Carlos Tavares s’est largement exprimé sur les difficultés rencontrées par le secteur et qui, selon lui, sont tout simplement historiques.

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Il a d’abord fallu composer avec les pénuries de puces qui ont freiné la production, même si Tavares estime aujourd’hui que cette problématique est plus derrière que devant. Pour le CEO, les problèmes d’approvisionnement en composants devraient se résorber d’ici la fin 2023, ce qui nous promet quelques soucis (même s’ils seront mineurs) pendant un an encore.

Des voitures électriques impayables

Carlos Tavares s’est également exprimé à propos du rétrécissement du marché automobile en Europe ainsi que par le caractère inabordable des voitures électriques. En l’occurrence, l’homme craint de grosses restructurations dans les années à venir, car on vend de moins en moins de voitures sur le vieux continent.

Autour de 3 millions selon les derniers chiffres (13 millions au lieu de 16 donc). Et comme une usine assure l’assemblage de 200.000 à 300.000 voitures par an, il y a de fortes chances qu’il y en ait beaucoup trop. Selon lui, entre 10 et 15 usines pourraient fermer à terme, laissant des milliers d’emplois sur le carreau.

La voiture électrique se démocratisera-t-elle un jour ?

Autre problème pour l’homme fort de Stellantis, c’est que les voitures électriques ne sont pas accessibles pour le particulier et qu’elles sont donc actuellement réservées aux sociétés. Or, pour Tavares, c’est là un problème, car les marques de volume doivent pouvoir compter sur les consommateurs particuliers qui, pour l’heure, ne franchissent pas le cap.

Une technologie imposée

Tavares ne mâche pas ses mots et il considère que la voiture électrique est que cette technologie imposée par les représentants du peuple au Parlement européen est très coûteuse et qu’elle ne sera pas abordable pour la classe moyenne avant un certain temps, pour ne pas dire un temps certain. Dès lors, ceux qui avancent que les prix des voitures électriques vont rapidement et subitement diminuer grâce à une production plus importante ne font qu’agiter une chimère.

Et il y a plus : Tavares juge la situation véritablement « catastrophique », car la production d’énergie pose déjà un souci partout en Europe (nldr de l’électricité) tandis que le réseau de recharge ne suit absolument pas. Carlos Tavares indique qu’il a répété plusieurs fois que l’industrie avait besoin de plus de temps pour faire baisser le coût de production d’une voiture électrique et que, dans ce cadre, il était nécessaire de subventionner ou de soutenir financièrement la transition vers la voiture électrique auprès des particuliers – et pas uniquement tout miser sur les entreprises. « Il faut continuer à subventionner fortement la classe moyenne pour qu’elle puisse acheter une voiture électrique au cours des prochaines années. C’est terriblement coûteux et nous payons déjà assez d’impôts en Europe », s’est indigné – à juste titre – Tavares.

Continuer avec l’hybride

La voiture électrique se démocratisera-t-elle un jour ?

Pour Tavares, la solution la plus simple est de continuer avec les véhicules hybrides. Et voici pourquoi : le parc automobile européen a actuellement 12 ans d’âge en moyenne et les voitures compactes âgées de 12 ans émettent souvent plus de 200 g/km de CO2. Si ces utilisateurs basculaient vers un modèle hybride (encore abordable aujourd’hui), les émissions tomberaient à moins de 100 g/km parcouru.

L’hybridation constitue donc une bonne solution pour continuer à garantir l’accès à la mobilité à la classe moyenne tout en divisant par deux les émissions de CO2. En outre, dans l’optique où l’achat de la voiture hybride serait subventionné, il ne coûterait aussi beaucoup moins au gouvernement (nldr que la subvention bien plus élevée pour une voiture électrique).

Tavares indique en outre qu’il ne s’agit pas de ralentir le processus de développement de la voiture électrique, mais de mieux l’accompagner pour ne laisser personne sur le bord de la route. Si tel était le cas, cela générerait probablement des troubles sociaux et les automobilistes conserveront alors leur vieille voiture. Et Tavares d’aller plus loin : « en 2035, lorsqu’on commencera à interdire aux gens d’utiliser leurs vieilles voitures parce qu’elles émettent trop, ils se révolteront. »

Un avenir sombre ?

La voiture électrique se démocratisera-t-elle un jour ?

Carlos Tavares s’est aussi exprimé sur la situation actuelle. Depuis la crise du coronavirus, la population a perdu ses repères : elle ne sait pas de quoi l’avenir sera fait et, de ce fait, elle ne sait plus quelle voiture acheter. L’homme fort de Stellantis pointe les autorités européennes du doigt et il indique qu’elles devraient pouvoir susciter l’espoir et donner des perspectives claires. Or, pour lui, l’Europe ne fait actuellement que semer la confusion, ce qui renforce le rétrécissement du marché et donc les risques économiques et pour l’emploi.

Tavares a aussi livré quelques-unes de ses pensées quant aux constructeurs chinois. Pour lui, l’Europe laisse la porte grande ouverte à ces constructeurs alors que l’inverse n’est pas vrai : la Chine met beaucoup de bâtons dans les roues des constructeurs étrangers (obligation de produire sur place, de partager les technologies, etc.) « Il n’y a donc aucune raison de se montrer plus ouvert qu’ils ne le sont », assène encore le grand patron. Décidément, Tavares n’a pas sa langue en poche. Mais c’est sûrement mieux comme cela.

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