Les SUV sont largement prisés des Belges. En 2023, ceux-ci ont représenté 53,3% des immatriculations de nouveaux véhicules. Au niveau européen, c’est presque un record puisque, selon une enquête d’Easy Park, les Belges arrivent en deuxième position derrière les Suisses pour ce qui est de l’amour porté aux SUV.
Concrètement, les SUV les plus vendus en Belgique sont ceux de gamme intermédiaire, comme le X1 (la voiture la plus vendue chez nous), l’Audi Q4, le Volvo XC40 ainsi que ceux de petite taille type Peugeot 2008 ou Toyota Yaris Cross. Ensemble, ils concentrent en effet 44,1% des parts de marché, selon les chiffres de la FEBIAC. Parmi les avantages des SUV, les utilisateurs citent la position de conduite haute et la facilité d’accès, le sentiment de sécurité ou encore l’espace habitable.
Sous le feu des critiques
Oui, mais voilà : les SUV sont de plus en plus critiqués en raison de leur poids et donc de leur consommation supérieure et de la mobilisation de ressources pour les fabriquer, de leur encombrement aussi et de leur dangerosité vis-à-vis des usagers faibles. Ces critiques sont surtout formulées par les autorités, en particulier dans les villes où les voitures sont de plus en plus bannies ainsi qu’en raison du manque de place dans les rues.
Et justement, le gouvernement bruxellois qui est toujours en formation va s’intéresser aux SUV. C’est ce qu’on peut effectivement lire dans la supernote portée par la ministre sortante de la Mobilité, Elke Van Den Brandt (Groen). Textuellement, il est indiqué que « dans le cadre de la sécurité routière, des mesures seront prises pour dissuader l'utilisation et décourager l'achat de SUV très lourds. »
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Cette intention est évidemment renforcée par l’étude récemment commandée à Bruxelles Mobilité et Bruxelles Environnement par la ministre. Elle montre notamment qu’entre 2013 et 2023, la masse des voitures particulières immatriculées a augmenté de +10%. En 20 ans, les cinq voitures les plus populaires ont enflé : elles ont pris 22 cm en longueur, 10 cm en largeur et 13 cm en hauteur. VIAS confirme aussi l’embonpoint des voitures : les véhicules actuels sont plus hauts de 15%, plus puissants de 60% et plus lourds de 30% qu'il y a quelques années. Pour la ministre, ça ne fait aucun doute : les SUV ou autres pick-up prennent trop de place et ils sont dangereux, spécialement en ville où les usagers faibles et les enfants sont nombreux.
Vraiment plus dangereux ?
Selon une étude de VIAS, la dangerosité des SUV n’est pas qu’une vue de l’esprit. En effet, dans une étude datant d’août 2023, l’Institut a établi que les occupants d'un véhicule d’une tonne qui entrait en collision avec un SUV de deux tonnes couraient 3 fois plus de risques de subir des lésions graves par rapport à un choc avec un véhicule de masse similaire.
Pour les décideurs politiques, il est donc temps d’éliminer les SUV des routes et surtout des villes. D’autant que ses opposants avancent le fait qu’ils polluent aussi davantage (+20%). Mais ce dernier argument n’est pas toujours vrai, surtout aux basses vitesses en ville.
Quelles mesures à Bruxelles ?
Quelles pourraient être les mesures à Bruxelles ? Les pistes et les idées ne manquent assurément pas. Il suffit de regarder chez les voisins, comme à Paris où les voitures de plus de 1,6 tonne ont vu les tarifs de stationner tripler pour atteindre jusqu’à 225 euros pour 6 heures de stationnement dans certaines zones.
Mais que nous réserve le prochain gouvernement ? Et quelles pourraient être les mesures visant à dissuader les automobilistes d’acquérir un SUV ? Les porteurs de la note ont été questionnés, mais ils demeurent muets, probablement parce que ce volet de la note doit encore faire l’objet d’un accord de principe. Ce n’est qu’ensuite que des mesures concrètes pourraient être proposées. Les pistes sont en tout cas multiples et, si on se réfère à ce qui avait été avancé il y a quelques mois par le cabinet bruxellois de la Mobilité, il avait déjà été évoqué une fiscalité calculée à partir de la masse ou du volume (ou encombrement), des frais de stationnement majorés et même une interdiction pure et dure des pick-up ou des interdictions ciblées, par exemple, aux abords des écoles. Les autres partis ne sont pas plus bavards, préférant se réserver pour les négociations. On imagine en tout cas que les débats seront animés, car les libéraux défendent la liberté de mobilité dans leur programme.
Il faudra donc encore patienter encore un peu pour connaître l’issue des négociations et savoir si ce sont de vraies mesures qui seront adoptées ou des mesurettes tandis qu’il faudra aussi s’accorder sur les véhicules qui sont effectivement des SUV et ceux qui ne le sont pas – ou pas réellement. L’argument du poids est du reste lui-même discutable, surtout à l’heure des voitures électriques lestées de leur batterie.
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