ESSAI SsangYong Rexton: dans la steppe kazakhe

Pour le lancement du nouveau Rexton, SsangYong a organisé un voyage reliant Séoul à Francfort. Nous avons rejoint la caravane au Kazakhstan, pour un trajet de 1.500 kilomètres au cœur de la steppe! Trente degrés et un décor de western. Nous attendons les voitures au cœur du parc national de Charyn, à l’est du Kazakhstan, près de la frontière chinoise. Pas un bruit aux alentours, à part le plissement d’ailes des faucons qui rôdent au-dessus de nos têtes. Ils s’éloignent à l’approche des cinq SsangYong Rexton qui font trembler le sol et brouillent l’horizon en soulevant la poussière.

Publié le 21 septembre 2017
Temps de lecture : 9 min

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ESSAI SsangYong Rexton: dans la steppe kazakhe

Quelques jours plus tôt, les voitures ont pris le départ de l’usine SsangYong, en Corée du Sud. Elles ont ensuite traversé la Chine pour arriver jusqu’à nous, et continueront leur périple jusqu’à Francfort, pour être à temps à l’ouverture du Salon de l’Auto. Un voyage de 13.000 kilomètres, au cours duquel quelques journalistes du monde entier ont l’occasion de se relayer pour faire progresser la caravane. Pour nous, c’est donc au Kazakhstan qu’est fixé le rendez-vous avec ce nouveau Rexton. C’est déjà le 4e du nom. L’engin en impose : il étire sa tôle sur 4,85 mètres de long. C’est le gabarit d’un Porsche Cayenne, mais pas le même prix ni le même esprit… Ce grand 4×4 coréen préfère le terrain aux boulevards urbains. Il est charpenté autour d’un châssis séparé en échelle, sur lequel est fixée la carrosserie. Une architecture assez rustique, mais qui lui permet de tracter un attelage de 3 tonnes sans s’éreinter.

4×4 pur et dur

Contrairement à la majorité des SUV modernes, dont ses compatriotes de chez Hyundai (Sante Fe) et Kia (Sorento), le Rexton n’est pas un « 4×4 à la demande » privilégiant le train avant, mais bien un bon vieux tout terrain enclenchable, non permanent, donc. Ce qui veut dire que sur route sèche, le modèle doit évoluer en mode propulsion. En l’absence de différentiel central, le train avant ne peut en effet être craboté que si le terrain se fait glissant, sous peine d’endommager les pneus et la transmission. Si le sol se creuse ou grimpe à pic, on peut ici compter sur une gamme de vitesses courtes, ce qui devient rare. Par contre, contrairement à un Mistubishi Pajero ou un Toyota Land Cruiser, par exemple, le SsangYong Rexton n’a pas droit à un blocage du pont arrière.

Le Rexton est en revanche mieux servi en ce qui concerne les aides à la conduite. Il vit avec son temps et dispose notamment d’un avertisseur de sortie de voie ou encore d’un freinage automatique d’urgence. Des équipements qui peuvent s’avérer intéressants dans la jungle urbaine, mais qui sont moins utiles dans notre canyon kazakhe… Par contre, ne sachant pas trop comment roulent les autochtones, nous sommes ravis de savoir qu’en dernière instance, neuf airbags peuvent se déployer autour de nous, dont un protégeant les genoux du conducteur.

De la place pour tous 

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Sur les versions haut de gamme, pas besoin de clé pour déverrouiller les portes ni démarrer le moteur. C’est donc les mains libres que nous grimpons dans la cabine. La planche de bord n’est pas franchement originale et se couvre de plastiques assez durs, mais l’assemblage est très bien réalisé. D’ailleurs, le mobilier n’a jamais couiné malgré l’état souvent désastreux des routes locales. On y reviendra…

Un bon point aussi pour les nombreux équipements disponibles. Le Rexton peut notamment disposer de sièges avant réfrigérants ou encore des caméras offrant une vue panoramique du véhicule pour faciliter les manœuvres en ville et en tout terrain. La connectivité est aussi au point : le système multimédia se pilote via un écran tactile et est compatible avec les fonctions Apple CarPlay et Android Auto, qui permettent d’afficher une partie du contenu du smartphone sur l’écran de bord. Une sellerie en cuir Nappa est aussi proposée en option. Chic !

A l’arrière, les passagers ont énormément d’espace pour les jambes et le dossier de banquette peut s’incliner. Par contre, comme souvent, la place centrale reste fort ferme. Le Rexton peut aussi disposer d’une troisième banquette, lui permettant d’embarquer en tout 7 passagers. Quant au coffre, il est d’une profondeur à s’y perdre. La soute peut engloutir près de deux mètres cubes de chargement quand les banquettes sont rabattues ! Petite gâterie : un hayon motorisé est proposé.

En route

Sous le capot, un seul moteur : le 2,2 litres diesel maison à 4 cylindres, déjà connu de l’ancien Rexton. Il est couplé au choix à une boîte 6 manuelle ou à l’unité automatique à 7 rapports, achetée chez Mercedes. Allez, c’est parti, quittons ce beau canyon pour entamer notre périple vers le nord, qui nous mènera à Astana, la capitale, en passant par Almaty et le lac Balkhash. Première mission : trouver une pompe à gazole pour le ravitaillement. Ici, à part les camions, la plupart des véhicules roulent à l’essence, qui coûte environ 0,35 € le litre… Le diesel n’est pas moins cher, mais plus rare. Il est néanmoins de bonne qualité.

Réservoir rempli, on se jette dans la faune automobile locale, composée essentiellement de vielles voitures japonaises des années 80 et 90 (dont certaines directement importées du Japon et donc avec volant à droite). On trouve aussi des Volkswagen (Golf, Passat) et Audi (80, 100) de la même époque. Par contre, dans cette ancienne république de l’empire soviétique, on s’étonne de voir peu de voitures russes. Et quand on en voit, elles sont souvent à l’arrêt sur le bas-côté, capot ouvert…

Sur les bords de route, on trouve aussi des échoppes de fruits et légumes, ainsi que des animaux errants : chevaux, vache et moutons. Il y a également des poules. Ici, on ne les arrose pas au Fipronil, elles sont bio. Enfin, disons bioessence et biodiesel car les vieux moteurs rejettent des flots de particules et autres résidus carbonés dans l’air!

Au cœur de la steppe

Après les villes et villages, place à la steppe. Elle s’étend à perte de vue. L’horizon est plat et la route totalement droite, avec en arrière-plan les montagnes. Sur les côtés, on ne voit que des touffes d’herbe et une forêt de poteaux électriques. Ils amènent le courant à des centaines de kilomètres des centrales où il est produit. Le Rexton prend de la vitesse. Le calibrage de la boîte Mercedes manque ici franchement de réactivité, mais les rapports s’égrènent en douceur, ce qui est appréciable en conduite calme. Le moteur est globalement silencieux et le vent ne siffle pas trop sur la carrosserie. Le Rexton sait donc tailler la route sans fatiguer ses passagers. La suspension (à quatre roues indépendantes) est par contre plutôt ferme. Mais c’est du costaud. Le Rexton avale sans hoqueter les routes locales. Certaines sont pourtant totalement défoncées : le bitume est plissé par le poids des véhicules, créant de profondes ornières qui font tirailler le volant de gauche à droite. Malgré cela, le Rexton, poussé par ses seules roues arrière, s’est montré très stable, même lors de manœuvres d’évitement d’urgence entre les voitures kazakhes!

Dans la steppe, il faut aussi faire attention aux animaux errants. En plus des chevaux et moutons, on voit ici aussi des… chameaux. Non, ce n’est pas un mirage ! En été, on comprend la présence de ces animaux, puisqu’il peut faire jusqu’à 40°C. Mais en hiver, le mercure peut tomber jusqu’à… -40°C. Un temps de chien pour les chameaux !

Cheminées et pétrodollars

Au milieu de la steppe, on trouve le lac Balkash. Une étendue d’eau affichant la superficie de la Belgique. Ce lac s’étire sur 600 kilomètres de long et sur ses rives pointent des plages, mais aussi des centrales électriques. Dans les environs, on creuse également la terre, pour extraire du cuivre. Plus loin, à Karaganda, ville posée sur un bassin houiller, les cheminées crachent leurs volutes noires vers le ciel. Un décor ténébreux, qui évoque l’univers de Mad Max. Quand on pense qu’en Belgique, on nous tanne pour chasser le moindre gramme de CO2 excédentaire… Dans ce décor, notre Rexton diesel paraît bien propre. Il n’est d’ailleurs pas trop gourmand vu son gabarit : notre version à boîte automatique a réclamé un petit 10l/100km lors de ce périple.

Nous quittons Karagandapour filer vers Astana, qui est devenue la nouvelle capitale du pays en 1997 (avant, c’était Almaty). Une ville construite à coups de pétrodollars, le pays abritant de l’or noir et du gaz. Plutôt ironique : c’est dans cette ville érigée avec l’argent des carburants fossiles que se tient jusqu’à début septembre une exposition internationale dédiée aux énergies du futur. Pour l’occasion, les autorités ont modernisé les infrastructures routières. Autour d’Astana, on trouve même des autoroutes, qui sont toutefois encore en travaux et sur lesquels on croise régulièrement des piétons et des animaux ! Le Kazakhstan est décidément très dépaysant…

Une marque en progrès

Si vous cherchez un SUV axé sur le dynamisme routier, le Rexton risque de vous décevoir. Mais l’engin séduira en revanche le client à la recherche d’un 4×4 robuste et spacieux. Nous avons aussi apprécié la qualité intérieure et l’équipement bien dans l’air du temps, tant en matière de sécurité que de connectivité ou de confort. Sur le plan des prestations, SsangYong s’est donc hissé au niveau de marques comme Hyundai et Kia. Une belle progression! Et, cerise sur le gâteau, le rapport prix/équipement reste toujours plus intéressant que celui de la concurrence.

Conclusion

Une offre à méditer pour ceux qui cherchent un vrai 4×4 particulièrement spacieux et pas cher. D’autant que le modèle est couvert par une garantie 5 ans  

+

Rapport prix/équipement attractif
Equipement moderne et complet
Moteur vaillant
Insonorisation générale

Pas de transmission intégrale permanente
Comportement peu dynamique
Suspension assez ferme
Boîte automatique peu réactive

Le Rexton 2.2 e-XDi en quelques chiffres

Moteur : 4 cylindres en ligne, diesel, 2.157, 181ch à 4.000tr/min, 400Nm de 1400 à 2.800tr/min (420 de 1.600 à 2.600 en auto)
Transmission : aux roues arrière ou 4×4
Boîte : manuelle 6 rapports ou automatique 7 rapports
L/l/h (mm) : 4.850/1.960/1.825
Poids à vide (kg) : de 1.995 à 2.233
Volume du coffre (l) : de 820 à 1.977
Réservoir (l) : 70
0 à 100 km/h (sec) : NC

Prix : 29.490 € TVAC

Puissance : 181 ch

V-max : 185 km/h

Conso. mixte : 7,6 l/100km

CO2 : 199 g/km

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