Quand on pose la question, on se fait souvent avoir : de quel pays est issue la marque Recaro ? Et la réponse est la suivante : pas d’Italie, mais bien d’Allemagne. Bien évidemment, c’est la consonance du nom qui met sur la mauvaise piste, car le célèbre fabricant n’est pas installé dans le sud de l’Europe, mais bien près de Stuttgart. Fameuse entreprise de 215 personnes, mais qui, contre toute attente, vient de déposer le bilan. Pratiquement, cela signifie qu’un administrateur provisoire a été nommé et qu’il doit prendre une décision sur ce qui sera sauvé et ce qui ne le sera pas.
Mais comment Recaro a-t-il pu faire faillite ? Du côté du syndicat IG Metall, on pointe principalement du doigt le portefeuille trop restreint de clients. Il apparaît en effet que l’entreprise est fortement dépendante de quelques acteurs, dont son voisin géographique Porsche duquel Recaro ne reçoit pas assez de commandes. En outre, la tendance générale des marques ces dernières années a été de retirer la possibilité de sièges de la marque dans l’offre, ce qui n’a pas non plus aidé à boucler des années rentables. Mais le puissant syndicat cite aussi l’inefficacité de l’usine. Pourtant, les travailleurs étaient conscients des difficultés et ils ont même accepté des réductions de salaire et des retards dans le paiement de ceux-ci afin de maintenir l’entreprise à flot. Mais tout ceci n’a donc pas été payant.
Avec Porsche
Cela dit, ce n’est pas un hasard si Porsche est l’un des principaux clients de Recaro : les deux entreprises sont historiquement liées. Le nom de l’entreprise est l’abréviation de « Reutter-Carosserie », un carrossier de Zuffenhausen (près de Stuttgart) fondé par l’ancien sellier Wilhelm Reutter et qui avait déjà travaillé avec Ferdinand Porsche avant la naissance de la marque de voitures de sport éponyme. Reutter a construit des prototypes et, après la Seconde Guerre mondiale, les carrosseries de la 356. Il travaillait même directement dans une usine de Stuttgart, rachetée par Porsche en 1963.
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L’ancienne entreprise familiale est alors devenue Recaro et elle a commencé à fabriquer des sièges sport, notamment pour Porsche, mais aussi pour d’autres constructeurs automobiles tels que Ford, BMW et Renault. Au fil des ans, elle a changé de mains à plusieurs reprises et elle a même été propriété du géant américain Johnson Controls. L’actuel propriétaire de Recaro Automotive GmbH est une société d’equity, c’est-à-dire d’investissement en capital.
Il est vrai qu’on trouve parfois la marque Recaro apposée sur des sièges d’avion. Il n’y aurait donc pas que l’automobile. En fait si parce que ces sièges sont fabriqués par diverses sociétés de la Recaro Holding, financièrement dans le vert, et qui n’a plus aucun lien avec le fabricant de sièges de voiture. Et il reste encore les sièges pour enfants, mais là aussi, ce sont des sièges fabriqués sous licence, ce qui signifie qu’il n’y a aucune rentrée d’argent frais pour Recaro.
Un avenir incertain
Que va-t-il se passer pour Recaro ? La marque va-t-elle disparaître ? La marque pourrait continuer de vivre, si seulement un repreneur décidait d’investir. Mais cela ne signifie pas pour autant la continuité de l’usine de Kirchheim unter Teck et de ses plus de 200 employés. L’analyse consiste donc aujourd’hui à évaluer si l’activité des sièges pour automobiles peut encore avoir un avenir.
Les quelques centaines de Porsche GT2 ou GT3 ne suffisent en tout cas pas à faire vivre l’usine de Recaro. Pour cela, il faudrait d’autres clients de plus gros volume comme ça a été le cas pour les Renault Mégane RS ou la Ford Fiesta ST. Cela dit, ce créneau est malheureusement aujourd’hui abandonné des constructeurs pour des contraintes d’émissions de CO2. À voir donc si la nouvelle génération de voitures électriques sportives qui est en train de voir le jour – comme la Hyundai Ioniq 6 N ou l’Alpine A290 – pourra peut-être sauver ce qu’il reste de Recaro…
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