Et si conserver sa voiture thermique était meilleur pour l’environnement ?

Pour garantir la transition énergétique et atteindre leurs objectifs d’émissions de CO2, les gouvernements ont décidé de passer à la voiture électrique. Une position qui est aujourd’hui remise en cause par une étude japonaise qui conseille de conserver sa voiture thermique, à condition qu’elle soit encore en bon état bien sûr.

Publié le 1 novembre 2021
Temps de lecture : 4 min

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Et si conserver sa voiture thermique était meilleur pour l’environnement ?

La voiture électrique est-elle si verte qu’on le prétend ? Cette question, c’est une nouvelle étude japonaise menée par l’Université impériale de Kyushu qui la pose. Et qui tire la sonnette d’alarme. Rappelons le postulat de base : pour les gouvernements, comme pour les climatologues, il y a péril en la demeure et il faut urgemment réduire notre empreinte CO2 globale. Logiquement, le secteur du transport n’y échappera pas (25% des émissions globales) et il doit aussi faire sa révolution par le biais d’une électrification accélérée. Concrètement, la démarche consiste à remplacer nos « vieux » véhicules thermiques par des électriques, à batterie ou à hydrogène.

Pour les chercheurs de l’Université impériale de Kyushu, le monde fait toutefois fausse route. Selon eux, conserver son ancienne voiture essence plus longtemps serait nettement bénéfique à l’environnement. Chiffres à l’appui, ces scientifiques expliquent qu’il est totalement ridicule et même plus émetteur de CO2 de mettre au rebut les voitures thermiques en parfait état de marche sous prétexte qu’il faut les remplacer par des modèles électriques plus vertueux. Les chercheurs indiquent qu’il ne faut pas uniquement se focaliser sur les émissions à l’échappement, mais envisager les choses sous un cycle global (production, usage, recyclage). Logique.

De 1990 à 2016

L’étude a pris en considération le parc de véhicules japonais entre 1990 et 2016. Et sur ce volume, si ces voitures restaient 10 % plus longtemps en circulation avant d’être « éliminées », l’empreinte CO2 serait diminuée de… 30,7 millions de tonnes. Et d’où viendrait cette économie ? Et bien simplement de la différence entre les émissions annuelles de ces voitures qui continueraient à être utilisées et la non-production des nouvelles, électriques celles-là.

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Shigemi Kagawa, Professeur à l’Université de Kyushu indique que « cela signifie que nous pouvons réduire nos émissions de CO2 juste en conservant et conduisant nos voitures plus longtemps » qui précise également que « si la voiture est relativement récente et dispose d’un bon rendement énergétique, l’effet d’économie est encore plus important ».

Un gouffre financier pour l’État 

Les scientifiques japonais abordent aussi le cas des incitants fiscaux ou des aides d’État qui incitent l’achat de voitures électriques. Pour eux, ces primes à la conversion sont totalement contre-productives, car en plus d’aggraver le bilan des émissions de CO2, elles aggravent aussi les situations budgétaires des gouvernements. Selon leur calcul (toujours à prendre au niveau du Japon), ces primes augmenteraient les rejets de CO2 d’environ 42 millions de tonnes.

Que penser de cette nouvelle étude ? Qu’elle est simplement logique dans le sens où ce que l’on ne consomme pas ou ce que l’on ne produit pas ne vient pas s’ajouter aux émissions ou à la pollution. Une fois qu’un objet est construit, le mieux pour l’environnement (et probablement aussi pour celui qui le paie) est qu’il dure le plus longtemps possible. Rien de bien neuf là-dedans.

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On sait toutefois que la voiture électrique est moins émettrice de CO2 que la voiture thermique sur un cycle de vie complet. Et ce n’est pas Gocar qui le dit, mais bien le fameux organisme indépendant, Transport & Environment (T&E), celui-là même par lequel la crise du Dieselgate a été révélée. Selon l’ONG, la voiture électrique serait aujourd’hui déjà près de trois fois moins émettrice de CO2 que son équivalente thermique si l’on prend en considération les émissions réelles, souvent supérieures à ce qui est annoncé.

Par ailleurs, l’impact environnemental de la voiture électrique n’aura de cesse de diminuer dans les années qui viennent, puisque les énergies renouvelables continueront de progresser tandis que les besoins en énergie ou en matière pour la fabrication des batteries et/ou leur recyclage devraient continuer à s’améliorer. La question reste donc entière. Changer, il le faudra. Est-ce que cela arrivera d’un coup ? Sans doute pas. Et là, on se dit qu’Elon Musk – qui explique que cette transition prendra un certain temps – a probablement raison.

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Par David Leclercq Rédacteur automobile

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