ESSAI Jaguar XF : Laissez-vous mordre

En 2008, la XF avait donné le coup d'envoi du dépoussiérage spectaculaire de Jaguar. Elle et celles qui suivirent ont remarquablement fait le job. Reste maintenant à s'imposer comme une réelle alternative aux marques premiums allemandes. Telle est la mission de la XE, et maintenant de la nouvelle XF.

Publié le 30 octobre 2015
Temps de lecture : 6 min

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ESSAI Jaguar XF : Laissez-vous mordre

La première génération avait été mise en chantier alors que Jag était encore dans le giron Ford. Rendons à César : le géant américain a fait énormément de bien à Jaguar-Land Rover. C'est lui qui a remis les deux marques sur les rails, mis en chantier et produit quelques-uns des meilleurs modèles de leur histoire respective, mais il l'a fait sans perdre de vue la calculette. Ce qui signifie par exemple que la première XF a été conçue en utilisant certains organes vieillissant du groupe Ford, comme la plateforme par exemple. Du coup, la XF était une voiture certes rapide, typée, mais un peu trop lourde que pour vraiment vous enivrer.

Sugar Daddy

Aujourd'hui, Jaguar – comme Land Rover – appartient à l'indien Tata, dont le Big Boss se comporte comme un “Sugar Daddy”, un homme entre deux âges qui ne refuse rien à sa jeune maîtresse. Donc quand une nouvelle voiture est mise en développement, Tata ne regarde pour ainsi dire pas à la dépense. Et quand on est au volant, ça se ressent !

Première rivière de diamants offerte par Tata à sa belle : une nouvelle plateforme modulaire que partageront la XE, la nouvelle XF et le très attendu SUV F-Pace. Une plateforme presqu'intégralement réalisée en aluminium, à la fois très rigide et très légère. La nouvelle XF est du coup jusqu'à 190 kg plus légère, selon les versions, que sa devancière. La maîtresse a aussi reçu les boucles d'oreilles assorties, à savoir un tout nouveau moteur turbo diesel 4 cylindres 2 litres, qui remplace avantageusement l'ancien 2.2, car homologué à 4l/100km et 104g CO2/km. Commercialement déjà, ça promet…

Conservatisme

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Pourtant, soyons honnêtes, nous avons abordé les essais de la nouvelle XF avec un apriori un peu négatif. En cause, le design. OK, la nouvelle voiture est plus courte et plus basse que sa devancière, son empattement est allongé de 5 cm donc elle est plus habitable et somme toute, ses proportions et sa posture sur la route sont plus athlétiques. Mais bon, une face très semblable à l'ancienne, une face arrière de XE… Ce n'est pas parce qu'on parle de Jaguar qu'on va lever les deux pouces alors qu'on reproche si souvent à Audi et BMW le conservatisme de leur style.

Cet apriori ne sera ensuite pas dissipé par nos premiers kilomètres au volant d'une version 2.0d 163ch (existant aussi en 180ch). Ses performances ? Largement à la hauteur de celles de la concurrence. Mais notre sentiment était que la Jag était en cours de “béhèmisation”. Comprenez que comme chez BMW, autre marque à l'image sportive, les versions fiscales ne font pas vraiment honneur à cette image.

Puis vinrent les premiers vrais virages, de ceux qui exigent de sérieux coups de volant. Et là, c'est comme si la XF avait lu dans nos pensées et nous disait : “Tu crois vraiment que je suis comme les autres? Que j'ai un train avant et des suspensions? Non, moi j'ai des griffes que je plante dans l'asphalte et des muscles qui me font changer de direction avec plus de vivacité que n'importe quelle autre. N'oublie-pas que je suis un félin !”

Et en effet, nous avions presqu'envie de lui demander pardon. Aucune rivale que nous ayons essayée ne vire avec autant d'agilité et ne fait preuve d'un tel grip (les pneus y sont évidemment pour beaucoup) même sur un sol gras. Là, donc, en dépit d'une mécanique manquant de panache, la Jaguar se différencie déjà très largement des autres.

V6 diesel

Nous avons aussi pu essayer le V6 Supercharged 380ch (existant également en 340ch), doté de la transmission intégrale. Cette transmission sera prochainement livrable avec toutes les motorisations, mais pas encore. Dans cette configuration, la XF est évidemment plus que digne de son nom. C'est une grande berline véritablement sportive qui accompagne chaque accélération d'un feulement (je sais, c'est cliché) exquis. Mais soyons réalistes, ce moteur va rester assez confidentiel chez nous, et sera éclipsé côté performances dès qu'une XF-R à bloc V8 fera son apparition. LE moteur que nous retenons est donc le V6 3.0 diesel, qui lâche 300 chevaux mais surtout 700 Nm. Car n'étant encore associé qu'à la propulsion – et à une boîte auto “classique” qui n'a rien à envier à une double-embrayage – c'est lui qui nous montre à quel point le châssis de la XF est exceptionnel. Quand on remet la gomme en sortie d'épingle, le train arrière encaisse la débauche de couple sans sourciller et si vraiment on exagère, à peine esquisse-t-il le brin de dérive qu'autorise l'ESP, pour le fun. Sans ESP, l'équilibre de la voiture est tel que la dérive se maîtrise avec une grande facilité et il suffit de lever le pied pour que le train arrière se remette parfaitement en ligne. Les ingénieurs qui ont réglé ce châssis, en le rendant fun mais pas caricatural, tout en conservant à la voiture le niveau de confort qu'on attend d'une voiture de luxe, ces ingénieurs donc, méritent une médaille !

Des détails

Cette XF est-elle parfaite? Non. Les germanistes rigoristes trouveront la qualité de finition encore un peu “en-dessous”, bien que l'habitacle soit l'un des plus beaux de la catégorie. Certaines aides à la conduite font encore défaut elles aussi mais mieux vaut qu’elles soient absentes plutôt que parfois maladroites, comme chez la concurrence ! Et puis, nous le disions, bien que la XF soit la plus charismatique du segment, son look est un peu trop “comme avant”. Mais si c'est une belle machine à conduire qu'on recherche, la XF vient de prendre une certaine avance sur toutes les autres !

Conclusion

Après la XE, la nouvelle XF est une recrue de choix pour l'escadron anti-teutonnes de Jaguar. Si le SUV F-Pace est de cette trempe, l'ordre établi risque bien d'être bousculé !

Points positifs

Châssis formidable

Equilibre

Direction vive et précise

V6 diesel parfaitement adapté

Fiscalité intéressante (version 104g CO2/km)

Look charismatique…

Points négatifs

… mais “toujours pareil”

2.0d pas très “Jag”

Finition perfectible

La Jaguar XF 3.0d en quelques chiffres

Moteur : V6 turbo diesel, 2.293cc; 300ch à 4.000tr/min; 700Nm à 2.000tr/min.

Transmission : aux roues arrière.

Boîte : auto 8 rapports.

L/l/h (mm) : 4.954/2.091/1.457

Poids à vide (kg): 1.750

Volume du coffre (l) : 540

Réservoir (l) : 66

0 à 100 km/h (sec.) : 6,2

 

Prix : 58.550 € TVAC

Puissance : 300 ch

V-max : 250 km/h

Conso. mixte : 5,5 l/100km

CO2 : 144 g/km

Les autres motorisations

2.0d : 163ch, 3,9l/100km, 229km/h, 40.350 euros TVAC.

2.0d : 180ch, 4,3l/100km, 230km/h, 42.350 euros TVAC.

2.0 : 240ch, 7,5l/100km, 248km/h, 47.860 euros TVAC.

3.0t : 340ch, 8,3l/100km, 250km/h, 58.160 euros TVAC. (AWD +3.600)

S : 380ch, 8,3l/100km, 250km/h, 73.260 euros TVAC. (AWD +3.600)

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Par Laurent Zilli Professionnel indépendant de la rédaction et de l'édition

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