« Oh, c’est beau ça, c’est quoi !? Ah ben c’est justement la voiture que je vais essayer aujourd’hui, la Peugeot 508. » Non, je n’invente rien : c’est vraiment ce que j’ai dit à ma passagère en descendant vers Monaco pour me rendre à cet essai en avant-première. Et elle de confirmer : « Ah oui, c’est magnifique ». Avant de se retourner et de préciser : « Enfin, l’avant est beau. Mais l’arrière est trop sombre ». Il est vrai que ce grand bandeau noir à l’arrière est plus discutable, du moins avec certains coloris de carrosserie. Mais pour le reste, l’équipe du design Peugeot a réussi son coup : la nouvelle 508 se repère de très loin dans le trafic et ne suscite que des commentaires élogieux, voire ébahis. On peut donc être rassuré pour la marque : ce nouveau haut de gamme devrait contribuer à la bonne santé du lion, qui se porte déjà mieux que jamais, principalement grâce au succès de ses derniers SUV.
Habitabilité
Arrivé à l’hôtel Columbus, je dois un peu me battre pour obtenir la clé d’une auto et, signe des temps, on me refile celle d’une 2.0 HDI 160 car les modèles essence ont déjà tous été réservés par d’autres journalistes internationaux. Il y a peu, sur ce genre d’événements, c’était l’inverse : ne restaient généralement que les essence, dont personne ne voulait. Mais c’est tant pis pour mes confrères : un bref essai, le lendemain, d’une 1.6 PureTech 180, me fera vite comprendre que le diesel est bien mieux adapté à cette auto. Mais n’allons pas trop vite en besogne : prenons d’abord nos marques dans cette berline « radicale ».
C’est Peugeot qui a inventé cette expression. En fait, durant deux jours, les « communicants » ont évité d’utiliser le vocable de « berline-coupé ». Le dossier de presse parle quand même d’une « morphologie de berline-coupé 5 portes fastback » mais il est probable qu’entre la rédaction du texte et ces journées d’essais, Peugeot se soit rendu compte qu’il valait mieux éviter de parler de « coupé ». Car ne tournons pas autour du pot : avec des lignes aussi basses (-6 cm de haut) et une longueur totale raccourcie de 8 cm par rapport à la 508 actuelle, l’habitabilité arrière de la nouvelle venue constitue un souci évident. Lorsque j’installe mon mètre nonante derrière le volant (et même si celui-ci ne recule pas tout à fait assez à mon goût), mieux vaut ne pas essayer d’asseoir mon jumeau derrière moi : non content d’avoir la tête dans le toit, il aura les genoux dans le dossier de mon siège. La 508 n’est vraiment pas une familiale, ou alors avec de petits enfants. Mais alors le coffre pourrait poser problème car il est plus petit que celui de l’ancienne 508. « Mais on peut y mettre autant de bagages », affirme Peugeot… qui se prend donc désormais pour un magicien, c’est officiel !
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Cela dit, on peut rire de cette dernière affirmation mais avec 487 litres, on ne va quand même pas trop se plaindre : c’est un volume acceptable pour la catégorie, et le hayon rend les choses plus pratiques. Mais si vous êtes chef de meute, vous n’avez qu’à prendre un 5008… ou un vieux 806 d’occase !
Ergonomie toujours à revoir
Vous ne choisissez pas une voiture pour ses places arrière ? Très bien, nous non plus, alors (re)passons à l’avant. La première impression est très positive, avec un meuble de bord vraiment élégant, parfaitement en phase avec l’extérieur, et des matériaux nobles. Les plus pointilleux diront que la qualité perçue n’est pas tout à fait au niveau d’une Audi A4 (ou A5) mais bon, Peugeot ne prétend pas être un constructeur premium : plutôt « le meilleur généraliste haut de gamme ». Personnellement je ne comprends pas pourquoi les Français n’ont pas profité du lancement de cette auto, qui a tout pour passer comme telle, pour se revendiquer marque premium. Il suffisait d’un dernier petit effort pour y parvenir donc c’est un peu dommage, mais c’est sans doute un choix mûrement réfléchi. Enfin, on espère…
Car si ce sont les mêmes qui ont décidé de présenter Peugeot de cette manière que ceux qui ont décidé de l’ergonomie de la 508, on peut un peu s’inquiéter. Cela fait effectivement des années que Peugeot, et le groupe PSA en général, se fourvoient en cette matière, notamment avec l’absence de commande « à distance » pour l’écran tactile. Même dans une Mazda 3 on y a droit. Mais pas dans une 508, qui en plus s’acharne à vous faire faire des opérations inutiles. Vous voulez monter la température d’un degré dans l’habitacle ? Au lieu de pousser sur un simple bouton, vous devez d’abord pousser au bon endroit sur l’écran avant de pouvoir régler le chauffage. En espérant qu’il n’y ait pas une bosse sur la chaussée à ce moment, sinon vous risquez d’obtenir l’inverse de ce que vous vouliez. Un non-sens complet, qui m’énerve un peu plus à chaque essai d’un nouveau modèle de chez PSA, car tout le monde s’en plaint mais personne ne fait rien. J’espérais que l’arrivée de Carlos Tavares – qui sait ce qu’est conduire – à la tête du groupe ferait changer les choses mais il a visiblement mieux à faire.
Quant au i-cockpit dont Peugeot est si fier, avec le petit volant et les écrans placés très haut, il a certes le mérite de l’originalité mais apporte selon moi plus d’inconvénients que d’avantages. Au début, sur la 208, Peugeot avait justifié cette innovation en disant qu’un vrai affichage tête haute dans le pare-brise était trop cher pour la catégorie des petites polyvalentes. Sur la 508, cela fait donc un peu mesquin. Et résultat : comme elles sont cachées par le volant, il faut toujours lever la tête pour voir les indications les plus basses du tableau de bord. Et il faut faire avec un volant qui n’est pas rond du tout, ce qui n’est pas toujours très agréable en manœuvres ou lorsqu’on tourne fort. Bref, même si ce n’est pas dramatique, cette solution low-cost n’a pas vraiment sa place sur une voiture de cette catégorie.
Le diesel, sans hésiter !
Ma première 508 d’essai est donc une 2.0 HDI 160, en version GT Line. Elle bénéficie dès lors d’une suspension adaptative, qui ne fait pas partie de la dotation de série des modèles inférieurs. C’est évidemment important à préciser car aucune version avec suspension de série n’était proposée lors de ces essais.
Dès le premier casse-vitesse monégasque, je passe en mode Comfort car la sensation est assez sèche. Pourtant, le siège en cuir matelassé est très confortable.
Autres constatations rapides avant de quitter la Principauté : le moteur 2 litres diesel est bien isolé, se montre très souple, et semble se marier parfaitement avec la boîte auto 8 rapports imposée (seul le petit 1.5 HDI 130 recevant une boîte manuelle de série).
Sur l’autoroute vers Nice, bonne nouvelle : les vitres sans cadre, qui ont permis à Peugeot de dessiner cette ligne si dynamique, ne posent pas de problème d’insonorisation. L’habitacle de la 508 est un cocon dans lequel le calme règne. Dommage qu’il ne soit pas possible de tirer un peu plus le volant vers soi car la sensation de confort serait alors parfaite.
A l’arrivée sur Nice, direction les petites routes de l’arrière-pays. Un terrain de jeu généralement idéal pour une Peugeot !
Passage en mode Sport (via un bouton un peu caché et peu pratique d’accès, derrière le levier de vitesses), et même en mode manuel, obligatoirement lié à la position Sport. Et encore une erreur d’ergonomie : les palettes permettant de changer de vitesse manuellement sont fixes. Très bien, c’est comme chez Ferrari, par exemple ! Sauf que sur la 508, elles sont trop courtes et trop petites… Donc dès que l’angle du virage est un peu serré, vous les cherchez. Du coup, retour en mode automatique… qui fonctionne d’ailleurs assez bien. Il faut dire que la boîte est bien aidée par le couple du diesel, qui fait merveille. D’autant que ce moteur, non content d’être souple et discret à bas régime, se montre brillant à hauts régimes, et qu’il se permet même d’émettre un grondement quelque peu sportif. Une réussite sur tous les plans !
Le moteur essence 1.6l 180ch essayé le lendemain me laissera par contre largement sur ma faim. Il n’apporte rien de plus, et distille surtout beaucoup moins de couple, ce qui rend la voiture nettement moins efficace et agréable sur ce parcours montagneux. Comme quoi, le diesel a encore de belles années devant lui si on lui en laisse l’occasion !
Le choix de la motorisation n’a par contre pas beaucoup d’influence sur le comportement routier. Celui-ci est irréprochable, même si j’aurais personnellement aimé un train arrière un peu plus « actif ». Une bonne vieille Peugeot 406 était plus amusante et mieux équilibrée puisque moins sous-vireuse. Mais on ne va pas relancer ce vieux débat ici, d’autant que la 508 est une des tractions les plus efficaces du moment, avec une direction très précise et offrant un bon rendu.
Petite cerise sur le gâteau : cette auto braque comme une propulsion, ce qui la rend très maniable en ville.
Un mot sur les prix, enfin : à 31.050 euros en entrée de gamme (1.5 BlueHDI 130ch), et jusqu’à près de 46.000 euros pour la version la plus haut de gamme, la Peugeot ne joue pas la carte du tarif plancher. Elle se situe dans la moyenne supérieure de son segment (Passat, Mondeo, Insignia, Talisman), mais peut faire valoir un rapport qualité/prix très honorable, une belle liste d’équipements et surtout, un look qui la distinguera, et pas qu’un peu, de ses concurrentes !
Commercialisation : octobre 2018.
Conclusion
Magnifique, confortable et efficace, la nouvelle 508 est une réussite. Mais il faut aussi connaître ses petits défauts avant de s’engager !
La 508 2.0 BlueHDI 160 en quelques chiffres
Moteur : 4 cylindres turbo diesel, 1.997cc ; 160ch à 3.750tr/min ; 400Nm à 2.000tr/min.
Transmission : aux roues avant.
Boîte : auto 8 rapports.
L/l/h (mm) : 4.750/2.098/1.404
Poids à vide (kg) : 1.530
Volume du coffre (l) : 487
Réservoir (l) : 55
0 à 100 km/h (sec.) : 8,4
Prix : 35.150€ TVAC
Puissance : 160 ch
V-max : 230 km/h
Conso. mixte : 4,5 l/100km
CO2 : 118 g/km
- Ligne splendide
- Confort
- Présentation de l’habitacle
- Moteur 2.0 HDI 160 remarquable
- Accord moteur HDI/boîte auto
- Rayon de braquage
- Direction précise et agréable
- Habitabilité arrière
- Détails ergonomiques à revoir
- Moteur essence 180 un peu faible
- Dommage de ne pas viser le premium
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