Les grands patrons de l’industrie automobile ont prévenu que les perturbations de la chaîne d’approvisionnement et la hausse des prix des matières premières menaçaient clairement le déploiement des véhicules électriques, rapporte le Financial Times dans un long article. Pire : alors que la demande pour les voitures électriques explose, ils indiquent que la capacité de production des batteries est déjà largement dépassée. Ce qui est inquiétant, c’est que tous les patrons interrogés par le média tiennent le même discours indépendamment. De quoi freiner, voire retarder considérablement le passage à la voiture électrique ?
Pionnier dans la voiture électrique, le patron Tesla, Elon Musk, a même avoué lors du 8e sommet de « Future of the Car » douter de la capacité de son entreprise à atteindre son objectif de pouvoir livrer 20 millions de voitures électriques comme c’était prévu pour 2030. Et Musk a justifié la situation en expliquant que certaines contraintes liées aux matières premières, notamment la production de lithium, prendraient probablement plus de trois ans à être résolues pour assurer la fabrication des cathodes.
Toutes les marques
Cette vision alarmiste est celle de toutes les marques automobiles alors même que celles-ci ont décidé d’accélérer l’abandon du moteur thermique en raison de la pression de la Commission européenne pour sortir des voitures à combustion à l’horizon 2035. Cela dit, il semble que cette vision positive soit aujourd’hui sérieusement douchée. Volkswagen par exemple, qui entend doubler Tesla et devenir le plus grand constructeur de voitures électriques dans le monde, a lui aussi expliqué qu’atteindre ses objectifs de 2025 serait vraiment très difficile. Si pas impossible.
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Le directeur général de VW, Herbert Diess, ne s’en est pas caché et, pour lui, la société est aujourd’hui beaucoup trop optimiste quant à la généralisation et la popularisation de la voiture électrique. Pour Herbert Diess, les différents analystes du secteur ne voient pas la réalité en face et ils ne comprennent pas les efforts qui sont à fournir, que ce soit pour le réseau, les bornes de recharge et la production des voitures électriques et notamment des batteries.
Volkswagen et Mercedes ont même annoncé que tous les quotas de production de voitures électriques prévus pour 2022 étaient déjà épuisés. En clair : les marques ne peuvent plus produire de modèles électriques, alors que nous ne sommes pas encore au mois de juin ! Un comble ! Le problème proviendrait manifestement de l’approvisionnement en matières premières pour les batteries – et moins des semi-conducteurs donc. La situation est donc des plus préoccupante, au point que Elon Musk a même indiqué qu’il envisageait d’acheter une concession minière pour s’affranchir de ces ruptures et assurer une croissance dans la production.
Un retard d’une décennie ?
Selon le Financial Times, une équipe de chercheurs de la banque Wells Fargo a examiné récemment les prix des matières premières pour les composants d’une Tesla Model Y et ils estiment que la hausse des coûts retardera d’au moins une décennie la parité des prix entre une voiture thermique et une voiture électrique. Or l’abaissement des coûts de production – et donc du prix de vente – était bien entendu une condition essentielle à la généralisation des voitures électriques dans notre paysage automobile.
Pour la banque, la situation ira même plus loin. Elle estime en effet que pour atteindre leurs objectifs CO2 les marques devront même vendre des véhicules à perte, ce qui est théoriquement interdit. Pour cette raison, l’institution financière a décidé d’abaisser les notes de GM et de Ford.
Luca de Meo, CEO du groupe Renault ne dit pas autre chose. Pour l’homme fort de Renault, les règles ont changé et les entreprises automobiles sont désormais dépendantes des sociétés minières. Ce qui signifie que le coût d’une voiture électrique ne pourra pas être abaissé comme escompté et que cela freinera certainement l’essor des automobiles à batteries, sachant que l’inflation pèsera aussi sur les ménages qui seront pour la plupart incapables d’acquérir une voiture électrique.
Nouvelle logique à adopter
Du côté de chez Stellantis, on se demande en outre quels efforts sont faits pour les réseaux, l’infrastructure de recharge et, bien entendu, les matières premières. Il n’y a pour Carlos Tavares pas de vision ou de stratégie à 360°, ce qui est problématique.
Par l’intermédiaire du CEO de Mercedes, M. Källenius, les constructeurs appellent l’Europe à adopter la même stratégie des ressources que la Chine ou les États-Unis. C’est-à-dire tisser de nouvelles relations commerciales avec les pays riches en minerais, comme l’Australie, l’Inde ou l’Amérique du Sud. Bien entendu, tout cela prendra un certain temps.
Et c’est pour cela que les patrons des marques automobiles ne s’attendent pas à ce que les problèmes connus aujourd’hui s’estompent rapidement. Ashwani Gupta, directeur des opérations de Nissan, indiquait que la crise de la chaîne d’approvisionnement était devenue la nouvelle normalité. On se demande dans ce contexte si l’Europe aura le courage de voir la réalité en face et si elle pensera à amender son obligation de sortir des moteurs thermiques en 2035…
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