Les tractations durent depuis le début de la guerre en Ukraine, mais elles ont finalement abouti : le groupe Renault, fort actif en Russie de par son association avec Avtovaz, a finalement cédé ses activités et quitte donc le sol russe. C’est clairement un coup dur pour le groupe français qui écoulait près de 500.000 voitures en Russie, soit 18% de ses ventes annuelles mondiales. Le marché russe représentait pour le Français 2,8 milliards d’euros (2021), soit 6,2% du chiffre d’affaires. Autant dire que cette issue risque de laisser des traces profondes dans les comptes de l’entreprise.
Renault s’extrait donc finalement du bourbier russe et selon les modalités que Gocar évoquait il y a quelques semaines suite aux déclarations du ministre de l’Industrie et du Commerce de la Russie, Denis Manturov.
Concrètement, le groupe Renault cède sa participation de 67,69% dans la joint-venture Avtovaz bâtie avec l’entreprise d’État russe Rostec à NAMI, un institut de recherche étatique qui gère l’homologation des nouveaux véhicules. Renault possédait aussi seul une usine de production dans la banlieue de Moscou et celle-ci sera revendue aux dirigeants de la ville.
Une perte sèche ?
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Financièrement, rien n’a filtré, mais on a compris que l’opération était particulièrement douloureuse pour le groupe Renault qui a massivement investi en Russie ces dernières années. Si elles s’avèrent exactes, les rumeurs font état d’une cession pour un rouble symbolique, c’est-à-dire 0,015 euro ! Ce n’est évidemment rien pour Renault qui avait provisionné début mars dernier 2,2 milliards d’euros de charge d’ajustement, soit grosso modo le coût des investissements réalisés.
Toute la difficulté de la transaction a justement résidé dans l’identification d’un repreneur autre que Rostec, jusqu’ici partenaire de Renault dans Avtovaz, mais qui a été mis sur liste noire par les autorités étant donné ses liens étroits avec Poutine. Le nouveau propriétaire NAMI ne figure évidemment pas sur cette liste, mais elle ne dispose pas des compétences pour gérer efficacement cette activité automobile. On imagine donc que Avtovaz et Lada continueront à être dirigés par Rostec, mais en toute discrétion.
Un retour possible ?
L’accord prévoit toutefois que Renault puisse réintégrer Avtovaz endéans les 6 ans si les choses venaient à se calmer et les affaires entre la Russie et les autres pays alignés sur les sanctions occidentales venaient à reprendre. Cela dit, cela pourrait à nouveau coûter de l’argent à Renault, car le ministre de l’Industrie a prévenu : les investissements qui seraient réalisés dans l’intervalle seront aux frais de Renault.
On se demande toutefois si les usines russes produiront encore des Lada. Car une usine automobile, c’est un peu comme une ruche avec des centaines de contributeurs pour les pièces. Or, compte tenu des ruptures dans les chaînes d’approvisionnement, certaines pièces n’arrivent plus tandis qu’il n’est pas impossible que d’autres sous-traitants quittent à leur tour le pays.
Luca de Meo, PDG de Renault a indiqué par voie de communiqué que « aujourd’hui, nous avons pris une décision difficile, mais nécessaire ; et nous faisons un choix responsable envers nos 45.000 salariés en Russie, tout en préservant la performance du Groupe et notre aptitude à revenir dans le pays à l’avenir. J’ai confiance dans la capacité de Renault Group à accélérer encore sa transformation et à dépasser ses objectifs moyen-terme ». C’est tout le bien qu’on peut lui souhaiter…
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