Balade en Super Ténéré en Normandie

Jusqu’à la pointe de la Normandie 

Publié le 14 février 2017
Temps de lecture : 7 min

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Balade en Super Ténéré en Normandie

Il me semblait que la Normandie était une belle destination à moto. Maintenant que les commémorations du débarquement sont passées, la toute grande foule s’est retirée. Mon idée: traverser cette région de part en part pour aller jusqu’à sa pointe, au Nord, à la Hague.

Du centre de la Belgique, il y en a pour un peu plus de 3 heures pour arriver au début du parcours, au Nord de Rouen, en contournant Lille. Ce n’est pas à côté mais c’est tout de même moins loin que le grand Sud de la France, destination habituelle pour les deux roues.
L’examen de la carte me révèle qu’il y a un bac qui traverse la Seine, beaucoup plus pittoresque que les ponts de Normandie ou de Tancarville. Surprise, il s’agit d’un service public, traversée gratuite assurée! Ici, la Seine déroule en grands zigzags. Large, elle ressemble à la Loire, avec ses hautes parois calcaires et sa couleur sable. Un pique-nique au soleil et nous voilà déjà à Honfleur pour le café. Ce petit port a toujours attiré les peintres qui adorent ses façades élancées et leurs reflets dans le bassin. A moto et malgré sa grande taille, la Super Ténéré se gare facile, au milieu des nombreux touristes. Ensuite, balade lascive vers Deauville et Cabourg le long du littoral constellé de grosses villas. On se prend pour un riche parigot avant de se réveiller face au fameux Pegasus Bridge.

«Welcome to our liberators»

Pont tournant essentiel, il devait être pris pour pouvoir laisser passer les troupes alliées. Ce fut fait en dix minutes le 5 juin 1944 dans la nuit par les soldats britanniques débarqués de planeurs. Cette fois, ca y est, on est bien en Normandie. Cette zone du littoral vaut au moins un jour de visites de champs de bataille, suivant que l’on veut s’imprégner ou pas du débarquement. Arromanches et son port artificiel construit pour le débarquement, Juno Beach, Omaha Beach, sont autant de témoins du débarquement salvateur. Notre choix s’est porté sur les cimetières américains et allemands de Vierville et la Cambe que nous avons rejoint en nous perdant à travers les boccages. Les près protégés par des haies acérées nous rappellent que les troupes passaient à travers tout. Nos deux motos restent sagement sur les petites routes, parfois sur quelques chemins car je ne veux pas risquer une crevaison en passant à travers tous ses arbustes hérissés de piquants. Sur les côtes de la Manche, le vent souffle souvent très fort. Il vaut mieux rester bien stable sur sa monture pour éviter de se faire déporter de dix centimètres. Un side-car aurait peut-être fait l’affaire, comme en quarante!
Nous prenons encore conscience des événements dramatiques qui se sont déroulés ici en arrivant à la Pointe du Hoc, théâtre d’une bataille farouchement meurtrière. Le mémorial est neuf et instructif, grâce notamment aux films qui sont projetés sur ce débarquement américain risqué. Le site, sur les falaises, n’a pas bougé. Les blockhaus éventrés sont arpentés par des visiteurs du monde entier. Ici, l’Histoire s’est écrite.

Le bout du bout sauvage

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Le lendemain, nous enfourchons nos bécanes pour la deuxième partie du voyage. Nous entrons dans le Cotentin, cette presqu’île beaucoup plus sauvage. Nous filons par la sinueuse Nationale 13 vers Cherbourg, tout en prenant grand garde aux radars! Nous découvrons un grand port industriel et une ville cosmopolite pleine de charmes. Les grands bateaux qui y accostent bigarrent la ville et ça fait du bien. On se croirait au bout du monde.
Nous sortons de la ville par la route des caps vers la Hague. Elle porte bien son nom cette route, les panoramas sur les falaises de Gréville, de sémaphores en pointes, de roches en ports, on est ailleurs. Si on m’avait dit que la Normandie ressemblait à cela! Magnifique.
Avant la nuit, nous voici au plus petit port de France. Abrité sous la pointe de Saint-Germain-des-Vaux, Port Racine offre un refuge lilliputien à de petites embarcations maintenues au mouillage par des amarres tendues d’un quai à l’autre. Notre hôtelier, Gilles, a même un «anneau» sur place. A l’intérieur des terres, les routes sont minuscules. Ca tourne, ca monte, ca descend, chouette en deux-roues même si elles sont souvent gravillonneuses. Cela ressemble à l’Angleterre. Sauf qu’ici, on est sur la terre de Jacques Prévert. De très beaux jardins rendent d’ailleurs hommage au poète. Nous voici à la Hague, cette petite presqu’île au bout du Cotentin. Autant écrire que l’on ne vient pas ici par hasard. Moi, en tout cas, j’y retournerai tellement la nature y est belle, les couleurs maritimes et le climat vivifiant. Préservée du tourisme de masse, la Hague sait accueillir. Quelle ne fut pas notre surprise lorsque, au sommet des falaises de 128 mètres du nez de Jobourg, l’auberge des Grottes nous proposa du homard grillé. La serveuse, presque gênée nous expliqua: «il est bon, il vient du pied des falaises. Il est ramené par un des deux gars qui pratique encore cette pèche.» Comment résister? Tant pis, pour le budget. Après une belle sieste face à la mer, nous quittons à regret la Hague. Après 2 heures de routes et des images sauvages plein la tête, nous voici revenus en Calvados, à Port-en-Bessin. Ce charmant port de pèche regorge de bonnes adresses pour se reposer et se restaurer avant de revenir en Belgique. Ces quelques jours nous ont permis d’entrer en profondeur dans cette région. De villes balnéaires chicos en plages historiques et d’arrière pays isolé en falaises magnifiques. A moto, j’ai été séduit par les petites routes qui s’enfoncent dans les boccages, mais aussi par des accès simples au bord de mer. De la vraie balade, toute en détente, sans stress d’horaire puisque, de toute façon, on ne peut pas avancer plus loin.

ENCARTS

Super cette Ténéré!

Pour ce reportage, c’est une très bonne Yamaha Super Ténéré qui m’a véhiculé. J’étais accompagné par Jérôme, mon photographe et sa BMW R 1200 R. La Super Ténéré, c’est un beau bébé. Cette XT 1200, avec ses 260 kilos, lui donne de la stabilité en ligne droite et la maintient sur son cap par grand vent. Côté moulin, le bicylindre de 1199 cm3 livre 112 chevaux largement suffisants, même si la plus légère BMW R 1200 R de Gégé et ses 125 chevaux est plus démonstrative.  Excellente machine, la Super Ténéré enroule, tout en souplesse. J’ai apprécié le réglage électronique des suspensions à trois niveaux, et le système de freinage intelligent UBS, couplé à l’ABS, m’a rassuré sur la route aux virages aveugles des Caps, près de Cherbourg. Grand gabarit, j’ai trouvé ma place facilement dans une position légèrement sportive, plus Multistrada que GS. Une très bonne moto pour avaler les kilomètres, d’autant que sa bulle réglable ne prend pas trop de place pour un maximum d’efficacité.

Nos coups de cœur:

– L’hôtel «La Fossardière» à Omonville-la-Petite.

Gilles a son bateau à Port Racine mais surtout, il accueille ses hôtes dans une espèce de cottage à la normande. Ses excellents conseils sur les environs en font un sage de la Hague. Et sympa en plus!

– L’«Auberge des Grottes» au nez de Jobourg
Une situation exceptionnelle, sur la falaise et un grill magnifique à l’entrée, et pas que pour le homard local. Un régal.

– Port-en-Bessin
Inutile de recommander un établissement, ce port à tout pour plaire. Notre conseil, ramener quelques fruits de mer de la criée dans le top-case.

– Infos: www.lahague-tourisme.com/

www.normandietourisme.fr

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