ESSAI Yamaha MT-10 SP: tourer Edition et sisters of darkness

En 2016, le monde du roadster découvrait avec plaisir et fascination une naked bike hyper musclée affichant près de 160 bourrins pour un peu plus de 200 kilos (210 pour être précis). Reprenant en grosse partie la mécanique à moteur crossplane 4 et le châssis en aluminium de l’hypersportive R1, la MT-10 envoyait du lourd. La concurrence faisait la soupe à la grimace, il y avait de quoi ! Mais à peine remis de nos émotions, v’là t-y pas qu’aujourd’hui nous découvrons une version SPéciale de cette MT-10. A l’image de sa génitrice, l’YZF-R1 et sa variante haut de gamme baptisée R1M, la super naked d’Iwata hérite d’une version sophistiquée baptisée MT-10 SP.  

Publié le 16 mai 2017
Temps de lecture : 10 min

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ESSAI Yamaha MT-10 SP: tourer Edition et sisters of darkness

MT-10 2017

Mais ce n’est pas tout car Yamaha sort en plus de son chapeau une troisième MT-10 baptisée Tourer Edition. Le catalogue « Hyper Naked » du constructeur aux trois diapasons s’étoffe un peu plus en utilisant abondamment le principe de la plateforme commune, histoire de rentabiliser les coûts. La base est donc la MT-10 qui évolue cette année avec l’apparition d’un quickshifter QSS en supplément d’une cartographie remaniée. Commençons en douceur par un échauffement avec la MT-10 Tourer Edition. Comme son nom le suggère cette machine est plutôt vouée au tourisme. Bon ok l’appellation « Limited Tourer » aurait sans doute été plus adéquate car notre MT-10 n’est pas vraiment conçue pour flâner. Notre hyper naked reçoit quelques accessoires touristiques. Un kit de valises semi rigides, un pare-brise, une selle confort, des protège-mains et un support GPS. Ces éléments proviennent du catalogue Yamaha et sont également disponibles séparément (pour ceux qui ont déjà une MT-10). Un GPS complète l’équipement de nos machines d’essai car Yamaha est partenaire de TomTom sur ce coup-ci et propose (raisonnablement) le Rider 410 pour sa Tourer Edition.

Comme à la maison

Les caractéristiques générales de la version 2016 sont conservées (hormis la carto et le quickshifter). Je me retrouve comme à la maison avec le grand guidon et ses commandes bien placées. Une check-list est nécessaire pour paramétrer le mode de conduite (sport-1, standard-2, soft-3) au commodo droit et le TCS (1-sport, 2-street, 3-slippery) à gauche. Le régulateur de vitesse est toujours présent comme le levier d’embrayage, toujours pas réglable. Avec la selle confort un peu plus épaisse, je me retrouve perché un poil plus haut sur cette Tourer. Je garde néanmoins les deux pieds bien au sol avec mon mètre septante. Au démarrage du bouilleur, le son rauque et rageur de l’échappement rappelle que nous sommes bien en présence d’un crossplane! Nous allons devoir nous extirper de la mégapole sud-africaine et je sélectionne 3-3 au tableau de bord. En sortant du parking, gaffe au rayon de braquage. On se fait vite piéger en se retrouvant « contrebuté »,  ce serait dommage de se mettre au tas avant même d’avoir commencé. N’oublions pas que le châssis est à 60% extrapolé d’une hyper sportive à qui on n’a pas demandé de faire demi-tour dans un mouchoir de poche. Dans cet exercice d’extraction urbaine, la MTouriste s’en sort finalement bien. Le moteur qui tourne comme un V4 accepte de reprendre en 6ème à moins de 2.000 tr/mn et la position de conduite est toujours aussi agréable que l’année dernière. L’échauffement est terminé et je passe en mode de conduite 2 pour me dégourdir les jambes. La réponse du CP4 est déjà un peu plus directe mais rien d’alarmant, restons zen.

Comme en MotoGP

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Je m’en donne à cœur joie avec le quickshifter qui jusqu’alors était resté au point mort. Attention que celui-ci ne fonctionne qu’en « up » et ça pète dans l’échappement comme en MotoGP, j’adore ! Bien effacé derrière la bulle j’enquille les rapports pour rejoindre et dépasser certains collègues mal intentionnés. Un petit tour de « snelweg » pour décrasser les bougies et surtout vérifier la bonne tenue de route de notre MT-10 avec les valises. Résultat probant ça ne bouge pas d’un poil, de plus je trouve que la protection de ce petit pare-brise n’est pas mal. Par contre, pour la selle ce n’est toujours pas le top. Je cherche désespérément l’attribut confort qui reste aux abonnés absents. Un chouya plus épaisse que celle d’origine elle n’en est pas moins aussi rigide, dommage.

5,9 litres

Nous continuons le long de la côte sur la Clarence Drive qui contourne la Kogelberg Nature Reserve. Ce tronçon est considéré comme l’un des plus beaux paysages d’Afrique du Sud. La MT ronronne gentiment sous les 5.000 tr/mn en toute légalité. Un peu de régulateur de vitesse me permet de mieux observer l’environnement féérique qui s’ouvre à nos yeux. J’en profite également pour consulter de temps en temps les indications de température ambiante (très estivales) et la consommation moyenne qui oscille entre 5,7 et 6 litres. Nous quittons bien à regret la côte avant Hermanus (capitale des baleines) pour nous enfoncer dans les terres en direction de Grabouw. Entourée de vergers, oliveraies et vignes, cette charmante bourgade sera le point de ravitaillement pour tout le monde (pilotes et machines). Passage à la pompe et 11,47 litres engloutis par le réservoir de 17 litres. La lecture de l’écran LCD indique 5,9 litres de moyenne et ma calculette y est presque (6 litres) avec les 190 km que nous venons de parcourir.


Öhlins Racing

Nous profitons du lunch pour discuter avec Pierrick Hodebert (Area Sales Manager chez Öhlins) qui nous rappelle le fonctionnement et surtout les réglages du système ERS qui équipe notre prochaine monture, la MT-10SP. Celle-ci inspirée de l’édition limitée YZF-R1M en reprend largement le coloris Silver Blu Carbon. L’ERS est constitué de suspensions actives, avec gestion électronique, développées par le département Öhlins Racing. Une fourche NIX30 et un amortisseur TTX36 (du matos d’enfer) remplacent les suspensions Kayaba d’origine. Capteurs, servomoteurs et boitier de contrôle (SCU) complètent cet équipement haut de gamme. Pour faire fonctionner tout ce barda technologique avec le TCS et le D-MODE, la MT-10SP utilise un écran TFT couleur inspiré lui aussi de la R1M. Bon va me falloir quelques minutes (et vous quelques lignes) pour comprendre et surtout régler tout ce foutoir ! Sur le bas de l’écran TFT quatre fenêtres avec de gauche à droite : des modes (préréglés) A-B-C-D, le D-MODE 1-2-3, le TCS 1-2-3 et les settings suspension A1-A2-M1-M2-M3. Il faut savoir que chaque mode préréglé (A-B-C-D) est une combinaison des trois autres. Le passage de l’un à l’autre ne peut se faire qu’à l’arrêt. Par contre, pour le reste c’est faisable en roulant. Si le fonctionnement du D-MODE et du TCS ne sont plus un secret pour personne, il n’en va pas de même pour les settings suspension. Deux réglages sont prédéfinis en usine, A1pour sport et A2 pour touring. Les trois autres M (1, 2,3) sont à réaliser personnellement. Et c’est vraiment pointu comme bazar car on peut jouer sur la compression et la détente de chaque élément (donc 4 réglages) pour chaque M, ouf. Aujourd’hui nous nous contenterons d’utiliser uniquement les settings A1 et A2.

Changement

C’est le moment d’essayer une MT-10 SP que nous retrouvons garées à la queuleuleu à la sortie du restaurant. Chacun essaie tant bien que mal de régler sa moto en utilisant le satellite du commodo gauche. Je remarque que la commande du régulateur de vitesse est légèrement différente. De plus tous les autres paramètres (odomètre, trips, température et consommation) peuvent être sélectionnés via une molette située elle à droite. L’assise est un peu plus basse avec la selle d’origine. Sélection touring A2 pour les suspensions et c’est parti pour la traversée du District Cape Winelands à travers de jolies collines verdoyantes de vignes. La SP se comporte pratiquement comme la Tourer Edition hormis la protection qui est ici inexistante. Je joue un peu avec les réglages D-MODE pour me familiariser avec ce nouveau tableau de bord TFT. Il possède deux affichages (route et piste) en mode jour et nuit.

Clair et précis

Par contre il n’est pas évident de jouer avec la molette (pour les trips et autres paramètres) située à coté de la poignée de gaz. Le plus facile étant d’actionner le régulateur de vitesse pour libérer la main droite. Je trouve également que la lecture de l’écran TFT est petit celui-ci ne faisant que 8,5 sur 4,5 cm. Sur les quelques reliefs traversés, la pluie fait pour la première et dernière fois sont apparition. Dans ces conditions un peu moins faciles le TCS et l’ABS font merveille, bien secondés par les pneumatiques Bridgestone S20. Les suspensions travaillent correctement comme si de rien n’était. Nous retrouvons enfin le soleil et de charmantes petites routes pour notre dernier shooting photo. Après un premier passage prudent, j’accélère le rythme et positionne les suspensions sur A1 sport. Et là comme par miracle, la fourche se fige au moment de freiner sans que l’arrière ne se relève. Les entrées en courbes sont d’autant plus précises et la conduite plus sereine. L’équation moteur/partie-cycle + système ERS est redoutable, la MT-10SP est réellement plaisante à piloter. Sur cette MT-10SP la consommation affiche 5,8 litres et confirme les résultats obtenus le matin avec la Tourer Edition.

Conclusion

Au moment de boucler cette article, je me demande laquelle de ces deux machines me correspond le mieux. Le matin la Tourer m’a séduit par son relatif confort avec un pare-brise petit mais costaux. Une paire de valises pas trop grandes mais bien utiles. L’après-midi avec la SP j’ai découvert une qualité de suspensions rarement atteinte pour une machine de route. Cette MT-10 reste perfectible au niveau de la selle (quelle soit confort ou non) et l’absence de réglage pour le levier d’embrayage n’est pas justifié malgré la présence du quickshifter. La cartographie revisitée est une réussite et donne encore plus de plaisir à conduire cette hyper naked au moteur fabuleux. Mon choix se portera finalement sur une MT-10SP équipée du kit Tourer Edition.

 

Les +

Caractère moteur

Quickshifter,

Pare-brise (Tourer Edition)

Suspensions (SP)

Les –

Confort de selle,

Levier d’embrayage non réglable

Lecture du tableau TFT (SP)

 

La Yamaha MT-10 Tourer Edition et SP en quelques chiffres :

Moteur : 4 cylindres en ligne à refroidissement liquide double ACT 16 soupapes

Puissance : 160 ch à 11.500 tr/mn

Couple : 111 Nm à 9.000 tr/mn

Boîte : 6 rapports

Embrayage : multidisque à bain d’huile

Transmission : chaîne

Cadre : Deltabox en aluminium

Suspension : fourche inversée 43mm déb. 120mm av, monocross déb. 120mm ar, gestion ERS pour SP

Freins : double disque 320mm étrier 4 pistons av, simple disque 220mm ar, ABS

Poids en ordre de marche : 210 kg

Réservoir: 17 litres

Coloris: Tourer Edition (Tech Black, Night Fluo, Yamaha Blue) SP (Silver Blu Carbon)

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