Aujourd’hui, la Chine livre un bras de fer avec le reste du monde. Il s’agit d’un bras de fer économique qui concerne de nombreux. L’empire du Milieu ne veut plus être l’atelier du monde, mais aussi son moteur : celui qui crée et celui qui innove. Cette réalité est particulièrement palpable avec l’industrie automobile, une activité qui s’est levée en à peine 10 ans et avec des résultats pour le moins remarquables. Ce qui est aussi le fait d’un soutien financier de Pékin particulièrement important et plus probablement aussi anti-commercial.
Cela dit, aujourd’hui, les barrières se lèvent contre l’invasion chinoise, que ce soit aux Etats-Unis qui ont levé des droits de douane de 100% sur les véhicules importés de Chine ou en Europe qui va aussi appliquer des droits en fonction des marques et de leur degré de coopération lors de l’enquête de la Commission qui détient les preuves des subsides chinois à ses constructeurs.
Un raz de marée
Mais ces barrières suffiront-elles ? Manifestement pas si on en croit une étude poussée du consultant AlixPartners qui estime que d’ici 2030, la part de marché des constructeurs chinois devrait atteindre les 33% dans le monde. Car les droits de douane ne sont évidemment pas incontournables et il suffit de s’implanter sur le continent en question pour devenir parfaitement légitime. Les droits de douane ne permettront donc que de gagner du temps, mais pas de modifier la trajectoire chinoise.
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Pour les experts d’AlixPartners interrogés par Automotive News Europe, « il ne s’agit pas seulement d’être compétitif sur le marché chinois, mais aussi d’être compétitif avec les constructeurs automobiles chinois dans le monde entier. » Or, ceux qui déploient le plus d’efforts pour s’implanter partout dans le monde, ce sont bien les Chinois : BYD, Chery et Great Wall ont déjà annoncé leurs projets de production au Mexique tandis que BYD et Great Wall ont annoncé des projets de fabrication au Brésil et en Europe et SAIC (MG), Chery, LeapMotor et Geely ont annoncé des productions en Europe.
Une progression constante
Les chiffres d’AlixPartners montrent que la part des marques chinoises va doubler en Europe pour atteindre 12% d’ici 2030, mais aussi 69% en Russie. En Amérique du Sud, ces mêmes constructeurs devraient atteindre 28% de parts de marché à la même échéance et encore 39% (x4) au Moyen-Orient et en Afrique. Enfin, en Asie du Sud et du Sud-Est, cette part devrait atteindre 30% contre seulement 3% aujourd’hui. La conquête sera donc fulgurante.
Ceci signifie donc aussi que pour les marques occidentales, ces marchés vont se réduire. Un scénario qui, s’il se produit, risque de précipiter pas mal de constructeurs dans les difficultés : Renault, Stellantis et Volkswagen vendent ainsi beaucoup en Amérique du Sud, au Moyen-Orient et en Asie (Inde notamment). Et encore une fois, c’est en raison des prix planchers pratiqués par les Chinois pour leurs modèles et sur lesquels les Occidentaux restent incapables de s’aligner (car non subventionnés et dépendant de la Chine pour les batteries).
Un gouffre technologique
Selon AlixPartners, les constructeurs occidentaux devraient adopter le modèle de travail chinois et notamment celui de la « culture des heures supplémentaires » qui permet de développer plus vite un modèle ou de le mettre plus vite à jour. Faut-il effectivement l’adopter ? À voir, car il faut rappeler que plusieurs entreprises chinoises sont accusées de recourir au travail forcé…
Quoi qu’il en soit, l’avance chinoise est indéniable dans le secteur des voitures électriques. Les autres constructeurs ne parviennent pas à combler leur retard, tout comme pour ce qui concerne les fonctions logicielles avancées dont sont de plus en plus friands les automobilistes. AlixPartners constate d’ailleurs que la vitesse à laquelle les voitures sont développées, l’avance technologique entre la Chine et le reste du monde est abyssale, sachant qu’en moyenne les marques chinoises sont sur le marché depuis 4 ou 5 ans en général et depuis seulement 1,6 an pour les marques 100% hybrides et électriques, précise encore l’étude.
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