Partout en Europe, les gouvernements, mais aussi les industriels crient à une nécessaire réindustrialisation. Depuis la crise de la Covid et les brutales ruptures observées dans les chaînes d’approvisionnement, le Vieux Continent a en effet pris conscience de sa dépendance au reste du monde, des pays asiatiques en général et de la Chine en particulier.
Dans ce contexte, de nombreux projets ont été lancés pour relocaliser notre industrie, particulièrement les secteurs stratégiques. L’énergie et la transition énergétique en font partie, tout comme la mobilité de demain qui passe par la voiture électrique.
En effet, actuellement, la majorité des composants de ces automobiles proviennent d’Asie, que ce soit pour les fameuses puces électroniques (ou semi-conducteurs), mais aussi pour les batteries ô combien essentielles. Les constructeurs automobiles le savent et ils ont réagi, insistant sur la nécessité de réimplanter aussi cette production sur nos terres.
L’opération n’engendrerait que du positif, tant pour l’emploi que pour l’indépendance et même pour le volet environnemental puisque les batteries produites en Europe le seront dans un cadre réglementaire plus strict.
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Des ratés, déjà
Cela dit, tout ne se passe pas vraiment comme prévu. Car depuis, l’administration Biden a lancé son programme d’investissements et de subsides IRA (Inflation Reduction Act) qui vise à accueillir les entreprises actives dans la transition énergétique. Logiquement, les constructeurs de voitures électriques en font partie. Et manifestement, les subsides offerts par les Américains les ont déjà séduits.
En effet, Tesla a déjà annoncé qu’il ne construirait pas sa gigafactory de batteries à côté de son usine berlinoise (Model Y), mais qu’il l’implanterait plutôt outre-Atlantique pour d’évidentes raisons financières.
Si la démarche semble plutôt évidente pour un constructeur américain, il faut en revanche s’interroger sur la stratégie adoptée par d’autres fabricants, européens ceux-là, et qui ont eux aussi annoncé la migration de leurs projets d’usine de batterie vers les USA.
C’est le cas de Volkswagen qui a déjà annoncé sa délocalisation (le constructeur devrait recevoir 10 milliards d’euros de subventions de la part des États-Unis) tandis que les spécialistes suédois et italiens de Northvolt et d’Italvolt y songent encore.
Dans ce contexte, la réindustrialisation de l’Europe avec des usines de batteries semble mal engagée, d’autant que la Commission européenne ne semble pas capable de mettre sur la table un aussi gros paquet d’argent que les Américains (369 milliards de dollars) pour retenir ou attirer les entreprises – La Commission a toutefois assoupli les conditions d’aides d’États, mais ça ne va pas beaucoup plus loin.
Les Chinois vont-ils (encore) nous doubler ?
La situation est donc critique pour les Européens et elle l’est d’autant plus que la menace chinoise resurgit avec cette fois la volonté des entreprises de batteries d’implanter leurs usines directement sur le sol européen. Et c’est logique : si les Européens ne sont pas capables de s’organiser, il suffit de les prendre de court et de les réabreuver de technologies chinoises – des batteries en l’occurrence –, comme avant.
C’est manifestement la stratégie adoptée par le fabricant chinois de batteries SVolt Energy Technology qui s’apprête à étendre sa présence en Europe à cinq usines, les négociations pour approvisionner les constructeurs automobiles de la région étant en bonne voie. SVolt, n’est pas un inconnu : émanation de Great Wall Motor, cet acteur possède déjà deux sites en Allemagne, dont un devrait commencer à fournir les voitures électriques de Stellantis.
50 GWh !
SVolt vise une capacité de production d’au moins 50 GWh en Europe d’ici la fin de la décennie. Est-ce beaucoup ? C’est colossal ! Pour la comparaison, en 2019, le géant chinois CATL avait produit 32,5 GWh de cellules lithium-ion. Avec pareille capacité, SVolt serait en mesure d’équiper 1 million de voitures électriques par an.
SVolt n’est pas la seule entreprise chinoise à lorgner sur le vieux continent qui, rappelons-le, sera une des seules régions dans le monde dans les années à venir à absorber des voitures électriques.
En effet, CATL (Contemporary Amperex Technology Co. Ltd), le plus grand fabricant de cellules au monde, a démarré cette année sa première usine européenne dans l’est de l’Allemagne et il consent déjà à un nouvel investissement de 7,3 milliards d’euros en Hongrie pour honorer les commandes de Mercedes-Benz et de… Volkswagen !
Autres exemples : l’entreprise chinoise de batteries Envision AESC (joint-venture entre Nissan, NEC and Tokin Corporation) prévoit elle aussi de construire des usines de batteries en Espagne et en France tandis que EVE Energy Co (Chine), deuxième fournisseur de cellules pour BMW, vient d’acheter un terrain en Hongrie à cette même fin.
Le grand échiquier de l’industrie des batteries est surtout dominé par des pièces en porcelaine. Ce qui signifie qu’une majorité de futures voitures électriques européennes ont toutes les chances d’être animées par des batteries chinoises, ce qui nous replacera dans une situation de dépendance. À moins d’un soubresaut des autorités européennes ? On peine à y croire…
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