Toyota : Les fondamentalistes de la voiture électrique ont scientifiquement tort

Depuis toujours, Toyota se montre prudent vis-à-vis de la transition vers le tout électrique. Ce qui a valu au constructeur de nombreuses critiques. Mais le numéro un japonais riposte et explique même aux inconditionnels de la voiture électrique pourquoi ils ont tort, preuves scientifiques à l’appui.

Publié le 8 février 2023
Temps de lecture : 5 min

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Toyota : Les fondamentalistes de la voiture électrique ont scientifiquement tort

Toyota reste le constructeur numéro un dans le monde, mais la marque fait preuve d’une certaine singularité en étant la seule – ou presque – à contester le passage (obligé) à la voiture électrique. Ce positionnement a été la cible de nombreuses interrogations et critiques et, récemment, on s’est demandé si ce n’était pas cette politique qui avait eu raison du poste de CEO de l’emblématique Akio Toyoda qui vient de s’effacer au profit de son successeur, Koji Sato.

Pour Toyota, la solution de demain n’est en effet pas unique. Le constructeur, qui réfléchit globalement, estime que plusieurs technologies doivent pouvoir cohabiter : les hybrides simples, les hybrides rechargeables, les voitures électriques et les véhicules à hydrogène sont autant d’options disponibles. Toyota avance que l’automobile électrique n’est pas l’unique moyen d’arriver à la neutralité carbone.

Des objectifs différents

Aujourd’hui, le constructeur franchit un cap supplémentaire et il indique que les défenseurs de la voiture électrique ont tout simplement tort. Par l’intermédiaire de son scientifique en chef, Gill Pratt, le constructeur affirme que c’est dans la combinaison des solutions intelligentes que se trouve la solution et que « le temps montrera que notre point de vue est en fait le bon. D’une façon ou d’une autre, il y aura une diversité dans les groupes propulseurs utilisés partout dans le monde. »

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Les objectifs de Toyota tranchent singulièrement avec ceux des autres marques qui ambitionnent une neutralité carbone (théorique toutefois), comme Audi, Volvo, Peugeot et bien d’autres. En cela Toyota ne renie pas son plan et le groupe prévoit de vendre chaque année 5,5 millions de voitures à moteur à combustion interne et hybrides rechargeables à partir de 2030. La part des voitures électriques sera, elle, de 3,5 millions d’unités, dont 1 million vendu sous le label Lexus.

Une pénurie attendue de lithium

Pour fonder sa vision, Toyota se fonde sur plusieurs observations et perspectives, dont une prochaine pénurie mondiale de lithium qui mettra à mal les ambitions et la pérennité des constructeurs qui ont fait le choix du passage au tout électrique. Cette situation pousse les têtes pensantes de Toyota à conclure que pour réduire les émissions de carbone autant que possible, il faut donc ménager les quantités de lithium et les répartir sur le plus grand nombre possible de véhicules. Pour asseoir son propos, Toyota s’appuie sur plusieurs prévisions qui montrent que la demande de batteries au lithium continuera de dépasser l’offre de minerai jusqu’en 2040. Selon un scénario, l’offre ne couvrirait qu’un tiers de la demande mondiale. Car il ne faut pas oublier qu’il faut 3 ans pour construire une nouvelle usine et jusqu’à 16 ans pour exploiter un nouveau gisement… Forcément, il y aura un décalage.

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Dans son exposé, Gill Prat prend ainsi l’exemple d’une flotte de 100 voitures à moteurs à combustion interne dont les émissions moyennes sont de 250 g/km de CO2. En partant du principe que l’approvisionnement en lithium serait limité, deux options seraient envisageables : soit produire une seule voiture électrique dotée d’une batterie de 100 kWh et 99 autres voitures thermiques, soit 90 voitures électrifiées dotées d’une batterie de 1,1 kWh (soit grosso modo les batteries utilisées par les hybrides autorechargeables de Toyota/Lexus) et 10 autres voitures à combustion. La différence entre les deux scénarios : la réduction globale des émissions du parc serait de 1,5 g/km dans le premier cas (248,5 g/km au global), mais de 45 g/km dans le second (205 g/km) grâce à une électrification plus massive des automobiles.

Les autres constructeurs, tous menteurs ?

Certes, l’idée d’une grande flotte d’hybrides plutôt qu’une petite de voitures électriques semble a priori contre-intuitive admet Toyota, mais le résultat est pourtant bien réel. Et l’obligation imposée par certains États pour passer à la voiture électrique entraîne la perte de cette nuance pourtant essentielle si on souhaite réduire rapidement les émissions de carbone. En outre, Gill Pratt critique également les ambitions de ses rivaux, les qualifiant de « paroles en l’air », car, comme sur les contrats d’assurance et autres, il faut lire les lignes imprimées en tout petit et souvent assorties d’un astérisque : « nous atteindrons cet objectif cette année, si les conditions le permettent. »

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Toyota invite donc tous les acteurs à mûrir leur réflexion et à arrêter de prendre les désirs pour des réalités. Le passage à la voiture électrique et à une automobile zéro carbone n’est actuellement qu’une chimère et il faut prendre en compte les ressources naturelles, matérielles, humaines ainsi que les infrastructures de chargement et les énergies renouvelables… Ce qui n’est pas le cas actuellement. La famille de Gill Pratt roule d’ailleurs avec une Tesla Model X qui ne parcourt en moyenne que 50 km par jour. La conclusion est sans appel : 90% de la batterie ne représente donc qu’un poids mort. Le gaspillage de matière première est donc colossal. Toyota plaide donc pour plus d’honnêteté intellectuelle de la part des constructeurs et des lobbies vis-à-vis du public et des décideurs politiques. Franchement, en l’état, il est difficile de donner tort au Japonais

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Par David Leclercq Rédacteur automobile

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à 10:30 4 min Piet Andries
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