Depuis plusieurs mois maintenant – un an en réalité –, les prix de l’énergie ne cessent d’augmenter et, naturellement, ils ont littéralement explosé avec la guerre en Ukraine puisqu’une bonne partie du gaz qui alimente l’Europe est d’origine russe. Ce n’est pas le cas en Belgique (6% de gaz russe), mais cette variable ne permet toutefois pas à notre pays d’échapper à l’inflation record qui touche les prix et ceux de l’énergie.
Dans ce cadre, on ne peut pas dire que les consommateurs soient aidés par le gouvernement, car, hormis une réduction forfaitaire des accises à la pompe, une baisse de la TVA à 6% sur l’énergie et l’élargissement du tarif social, aucune décision ambitieuse n’a encore été prise pour contrer cette brutale hausse des prix. On peut s’en étonner, car nos voisins comme la France, l’Allemagne ou l’Espagne ont pris des mesures fortes pour plafonner le prix de l’énergie et venir en aide à leurs entreprises.
La voiture électrique dans le collimateur
La réalité d’aujourd’hui hypothèque une bonne partie des plans imaginés pour l’avenir de notre pays et notamment en matière de transition énergétique. Car une électricité plus chère que le mazout (à calories dégagées équivalentes) n’incitera pas les ménages à basculer vers une pompe à chaleur pour leur habitation par exemple, pas plus que de choisir une voiture électrique comme prochaine voiture.
Car jusqu’ici, la voiture électrique qui est certes plus chère à l’achat qu’une thermique, parvenait encore à défendre son modèle économique et sa rentabilité sur le long terme grâce à des coûts d’utilisation nettement inférieurs à ceux d’une voiture thermique, notamment pour la partie « carburant », le kWh d’électricité étant, il y a quelques mois encore, beaucoup moins cher que le litre de pétrole. En 2020 rappelle La Dernière Heure, une étude du Bureau du Plan avait même fait le calcul et indiqué qu’il fallait 8 ans pour amortir le surcoût d’une voiture électrique par rapport à une thermique.
Publicité – continuez à lire ci-dessous
Une autre équation
Cela dit, en quelques mois, la situation relative à la voiture électrique s’est fortement dégradée, car les prix de l’électricité n’ont cessé d’augmenter alors que ceux que l’essence qui se sont emballés un temps tendent à nettement redescendre aujourd’hui puisque de 2 euros le litre, on est retombé à 1,70-1,75 euro/litre. De quoi mettre à mal la voiture électrique ?
Apparemment oui selon en enquête de La Dernière Heure qui a comparé cinq véhicules, à la fois dans leur version essence et électrique laquelle a été rechargée à la fois à la maison ainsi que sur une borne publique afin de déterminer le plus précisément possible les coûts d’utilisation. Ont été pris en exemple une Fiat 500 et sa version électrique 500E, une Peugeot 2008 et la E-2008, la Renault Mégane et la Mégane EV, la Smart Fortwo et la version EV et, enfin, la Volkswagen Up de même que sa version électrique.
Les résultats sont accablants, en tout cas pour la voiture électrique parce qu’avec un tarif au kWh de 0,55 euro (et certains fournisseurs le font payer jusqu’à 0,7 euro), le plein d’une batterie coûte aujourd’hui plus cher que celui d’essence, même lorsque celle-ci est rechargée à domicile. Pour la Peugeot E-2008 par exemple, le plein d’électricité (pour 345 km environ) coûtait ainsi 29,8 euros si la recharge était effectuée à domicile et 31,2 euros si elle était réalisée sur une borne publique (de TotalEnergies sur le réseau charge.brussels). La version essence nécessiterait, elle, de débourser 29,2 euros de carburant pour effectuer la même distance. Et les résultats sont similaires, quel que soit le modèle considéré !
Voilà qui hypothèque sérieusement l’avenir de la voiture électrique dans notre pays, même si les entreprises seront bientôt contraintes d’y recourir pour des raisons fiscales. Mais le feront-elles si les coûts d’utilisation continuent d’exploser ? Pas si sûr. Interrogé par La Dernière Heure, le ministre des Finances Vincent Van Peteghem (CD&V) indiquait qu’il n’y aurait malgré tout pas de changement dans les décisions prises et que la voiture électrique resterait la seule déductible pour les professionnels d’ici peu.
Cette réaction est évidemment étonnante et elle pose vraiment question quant à la capacité du gouvernement à saisir la réalité. Une récente étude de Mobia montrait que l’appétence des Belges pour la voiture électrique était nettement retombée en 2021 (intentions d’achat retombées de 50 à 40% en un an). Le non-plafonnement des prix de l’électricité pourrait très bien accélérer le mouvement et se propager aussi aux entreprises. Mais ça, personne ne semble le voir venir…
À la recherche d'une voiture ? Cherchez, trouvez et achetez le meilleur modèle sur Gocar.be