ESSAI Ducati XDiavel S: cruiser à l’italienne

Si la mode du cruiser n’est que peu plébiscitée en Europe pour le moment, les choses pourraient changer avec l’arrivée de machines aussi démoniaques que la Ducati XDiavel.

Publié le 7 novembre 2017
Temps de lecture : 7 min

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ESSAI Ducati XDiavel S: cruiser à l’italienne

La firme de Bologne a toujours affirmé son ADN sportif même si, depuis quelques années, elle diversifie de plus en plus sa gamme pour conquérir de nouvelles parts de marché. Entre les trails Multistrada, les roadsters Monster et la famille néo-rétro Scrambler, quelques cruisers se faufilent discrètement à l’horizon. Baptisés Diavel (tout un programme !) ces bicylindres latins à la sauce américaine tentent de conquérir aussi bien l’Europe que la patrie de l’oncle Sam. Mais il faut bien avouer que la tâche est rude pour mettre à mal l’aigle de Milwaukee. Sans complexes, Ducati redouble d’effort et nous propose depuis l’année dernière sa vision ultra sportive du cruiser à l’européenne. A la croisée de deux chemins symbolisés par le X, Ducati affirme qu’il est possible de vivre son rêve américain en compagnie de l’italienne XDiavel.

Une première

Elue « la plus belle moto » au salon IECMA de Milan en 2015 avec plus de 60% de suffrages (un record !), le cruiser italien a de quoi séduire les plus septiques. Une gueule absolue proche de l’enfer (sans jeu de mots) pour cette version X encore plus radicale que la Diavel présente au catalogue depuis 2011. Ce n’est d’ailleurs pas une extrapolation de cette dernière, mais un tout nouveau modèle disponible de surcroit en deux versions XDiavel et XDiavel S. Ultime évolution (pour le moment) de la vision « Ducatiste » d’un cruiser, la XDiavel est véritablement impressionnante. Elle semble démesurément longue alors que son empattement est comparable à celui de la nouvelle H-D Fat Bob (1.615 mm). Tous les regards se fixent sur l’arrière et son énorme boudin (Pirelli Diablo Rosso II) de 240 par 45 monté sur une jante affutée d’aluminium poli. Le tout est relié au châssis/moteur par un monobras surdimensionné rehaussé d’un amortisseur horizontal tout de jaune vêtu. Une énorme poulie couronne l’ensemble et marque l’arrivée de la première Ducati « transmise » par courroie.

Haute couture

Bref un régime « haute couture » pour la belle italienne qui pourrait également s’habiller en Prada. La XDiavel avec son design « technocruiser » comme le qualifie Andrea Ferraresi (directeur du centre de design Ducati) bénéficie d’une multitude de configurations possibles pour la position de conduite. Entre selles, repose-pieds et guidon, le choix est vaste et 147 combinaisons existent. D’origine la selle est placée à 755mm du sol et les repose-pieds sont réglables d’avant en arrière sur trois positions. Pour une éventuelle passagère, il faudra absolument passer par la case accessoire qui propose une selle confort avec dosseret. Sur l’avant, un guidon presque plat mais pas trop large (1.010mm avec les rétroviseurs) trône au dessus du magnifique té de fourche. Devant le cintre, on trouve un écran TFT. Et derrière, une batterie de voyants lumineux regroupés dans un boitier comme sur la Diavel. Quelques informations, comme les trips, sont peu visibles vu la taille des caractères. Les commodos sont chouettes, surtout à gauche où l’on peut distinguer un X lumineux rouge entre les commandes de menu et de régulateur de vitesse.

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Bijou

Au centre de la machine est incrusté le bicylindre en L Testastretta DVT de 1.262cc. Un bijou resplendissant de noir brillant avec, à droite, les carters de courroies de distribution polis comme des miroirs. Culasses 4 soupapes à calage desmodromique variable, puissance de 152 chevaux (9.500 tr/mn) et couple de 128 Nm à seulement 5.000 tr/mn pour déplacer les 247 kilos (en ordre de marche) du power cruiser transalpin. Pour vous aider à maîtriser un tant soit peu l’engin, quelques aides électroniques bienveillantes. Le déjà bien connu Ducati Safety Pack composé d’un ABS de courbes Bosch et d’un anti-patinage. Trois modes de conduite (Urban, Road et Sport) avec commande de gaz Ride-by-wire, un régulateur de vitesse et un surprenant Ducati Power Launch (DPL) qui n’est autre qu’une assistance au départ arrêté (ça promet). Pour arrêter le tout, cette version XDiavel S est équipée, comme une Panigale R, avec des étriers 4 pistons Brembo monobloc M50 à fixations radiales qui pincent des disques semi-flottants de 320 mm. Le train avant fort incliné (angle de chasse de 30°) est complété par une belle fourche inversée et totalement réglable de 50 mm.

Dragster

En selle, la position de conduite est relativement confortable pour un cruiser. On démarre le gros twin d’un simple coup de pouce grâce au système sans clé, mains libres (hands free). L’échappement, un peu plus libéré sur cette version S, s’en donne à cœur joie. Le décollage est immédiat et de vigoureux coups de pistons vous entrainent déjà vers l’illégalité. Même en mode Urban, les accélérations sont impressionnantes. Pectoraux et biceps bodybuildés sont conseillés pour maîtriser la débauche de chevaux distribués par cette Xdiablesse. Pas trop souple « en bas », le moteur accepte néanmoins de ronronner, pardon cogner, sous les 3.000 tr/min avant de s’exprimer plus librement au-delà et jusqu’à la zone rouge à 9.500 tr/min. Dés-lors c’est juste une question de résistance à l’écoulement d’air : plus vous serez aérodynamique et plus longtemps vous tiendrez le rythme imposé par l’italienne. Bon ce n’est pas vraiment le but car vous êtes en présence d’un cruiser et donc conduite cool.

Ballerine

Ce qui est aussi impressionnant que les accélérations sur cette Ducati, c’est la relative facilité pour la mettre sur l’angle. Malgré l’énorme gommard arrière, la moto se couche presque sans broncher et les changements de direction sont réalisés sans trucage. Bien aidé par le grand guidon et un centre de gravité judicieusement placé, la XDiavel se conduit presque aussi facilement qu’un roadster de grosse cylindrée. La rigueur des suspensions, hormis le fait de vous casser les reins sur mauvais revêtement, donne une excellente tenue de route lorsque la route devient aussi lisse que les fesses (non talquées) d’un bébé. Le freinage est au top et finalement on se met à rêver de la route 66, des grandes plaines ensoleillées… Forza America. Il n’y a juste que ce satané sélecteur placé juste au bout de ma botte, pointure 41, qui me gêne. A chaque fois c’est une gymnastique pédestre pour changer de rapport. Et il faut en jouer vu le peu de souplesse du Testastretta.

Conclusion

Si votre conscience vous dicte qu’il est maintenant venu le temps de passer à une catégorie de motos plus sages (hum, hum), et que vous souhaitez rouler autrement que sur un gros twin ricain, la Ducati XDiavel est faite pour vous. Belle, bien finie et décoiffante, l’italienne a de quoi vous séduire mais méfiez-vous tout de même, elle a du tempérament!

Les + :

Design

Moteur de dragster

Position de conduite

Freinage

Les – :

Souplesse moteur « en bas »

Aucun aspect pratique

« Chauffe qui peu » les jambes

 

La Ducati XDiavel en quelques chiffres :

Moteur : bicylindre en L de 1.262cc à refroidissement liquide et soupapes à rappel desmodromique

Puissance : 152ch à 9.500tr/min

Couple : 128Nm à 5.000tr/mn

Boîte : 6 rapports

Embrayage : multidisque en bain d’huile et antidribble

Transmission : par courroie

Cadre : treillis tubulaire en acier

Suspension : fourche de 50 mm ajustable à l’av., mono amortisseur à bonbonne séparée ajustable à l’ar.

Freins : 2 disques de 320mm étriers monobloc radiaux 4 pistons à l’av. 1 disque de 265mm étrier 2 pistons + ABS Bosch

Poids : 247 kg en ordre de marche

Réservoir : 18 litres

Prix : 20.790 € TVAC, 23.790 € pour la S

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