ESSAI MG Cyberster GT : roadster déroutant

Les roadsters MG ont fait le succès de la marque britannique à partir du début des années 30. Lors de la seconde guerre mondiale, ils ont tapé dans l’œil de nombreux GI’s qui ont souhaité à leur tour en acheter. C’est alors que le marché nord-américain est devenu capital pour la firme dont les ventes ont décuplé après le conflit. Cette success story a connu son apogée au milieu des années 50 avec la MGA et l’arrivée de la MGB en 1962 n’a fait que la confirmer. Malheureusement, la fin des années 70 a marqué le déclin de la tendance et la fin de production de ce qui était le cabriolet plus produit de l’histoire (aujourd’hui détrôné par la Mazda MX-5) en 1980.

Bien des années plus tard, MG ressuscité par Rover, a commercialisé la MGF (puis TF) de 1995 à 2002, avant de disparaître de passer sous giron chinois de SAIC Motor. Depuis, un roadster n’était plus à l’ordre du jour avant que la maison mère ne décide de présenter son concept Cyberster au Salon de Shanghai en 2021. Contre toute attente, la commercialisation de ce véhicule a été annoncée et la version finale a été présentée deux ans plus tard.

Pas de passéisme

Plutôt que de concevoir un roadster néo-rétro, les responsables du centre de style de SAIC ont dessiné un véhicule très moderne, avec une face avant en forme de flèche et une partie arrière dont les feux sont censés représenter l’Union Jack. Cependant, c’est au niveau des portières qu’est la plus grande originalité de la voiture puisque celles-ci s’ouvrent en élytre. Si cette solution technique participe à la notoriété de la Cyberster et qu’elle est jugée « cool » par certaines personnes, les inconvénients au quotidien ne sont pas négligeables, comme nous avons pu nous en rendre compte.

Lorsqu’elles s’élèvent électriquement en l’air, les portières laissent un accès large à l’habitacle. La première impression est très positive car les matériaux employés sont flatteurs et les assemblages sont très corrects. Par contre, il semble que MG avait trop d’écrans en stocks car le conducteur dispose d’un triptyque de dalles (de 2x7 et de 12,5 pouces) face à lui et ce n’est pas tout car une quatrième est disposée sur la console centrale. Très inspirée de celle de la Jaguar F-Type, la planche de bord est agréable à regarder. Par contre, l’ergonomie est totalement désarçonnante et pas du tout intuitive. Les différentes fonctions sont réparties entre les trois écrans sans aucune logique et il faut parfois chercher longtemps pour trouver une fonction, ce qui est franchement énervant.

Deux versions

Bien ancrée dans le XXIe siècle, la Cyberster (qui a été commercialisée à l’occasion des 100 ans de MG) est une voiture électrique qui est disponible en deux versions : propulsion (340 ch et 475 Nm) ou bimoteur GT (510 ch et 725 Nm). La première n’étant disponible qu’à partir de 2025, nous avons pu essayer la seconde qui bénéficie d’une batterie d’une capacité de 77 kWh, pour une autonomie de 443 km selon le cycle WLTP. La recharge en courant continu est possible jusqu’à 144 kW maximum, ce qui lui permet de passer de 10 à 80% de batterie en 28 minutes seulement sur une borne rapide.

Le Cyberster est de loin le roadster le plus rapide de l’histoire de la firme avec un 0 à 100 km/h envoyé en 3,2 secondes. C’est certain, la poussée est impressionnante, tout comme l’adhérence, grâce à la transmission intégrale. Cependant, quelques soucis viennent gâcher une partie du plaisir. Il y a d’abord le siège conducteur qui est placé beaucoup trop et qui fait que l’on a littéralement la tête dans la capote si on mesure plus d’1,85 m. Il faut donc se tasser, sous peine d’avoir le montant supérieur du pare-brise dans le champ de vision. L’assise du siège est fort dure, et le dossier est bombé. Le tout fait que l’on doit conduire légèrement recroquevillé. Autre détail énervant, l’ouverture de la portière envie une giclée d’eau dans l’habitacle s’il a plu. En plus de faire en sorte que l’on ne peut utiliser cette voiture discrètement, l’ouverture en élytre des ouvrants s’avère globalement peu pratique et relativement lente.

GT, pas sportive

Lorsqu’on opte pour le mode de conduite Supersport, la MG dispose de sa pleine puissance et se montre très réactive. En tout cas, au niveau des accélérations, car cette une autre paire de manches en ce qui concerne l’amortissement. Trop souples, les amortisseurs font que la voiture a tendance à rebondir à plusieurs reprises lorsqu’on roule sur une bosse dans le tarmac, par exemple. Lorsque la qualité de la route se dégrade, les mouvements de caisse semblent mal maitrisés et la précision de la direction en prend un coup. Lorsqu’on hausse le rythme, ce genre de réaction qui entraîne rapidement le fonctionnement de l’ESP et ou de l’ABS n’est pas vraiment rassurant.

Par contre, la Cyberster se montre plus à l’aise lorsque la route est sans défauts. Il ne faut toutefois pas la prendre pour ce qu’elle n’est pas : une vraie sportive. Sa vocation est plutôt celle d’une GT de près de deux tonnes tout de même, faite pour la balade, et capable d’effectuer des dépassements « canons ». Pour amuser la galerie, MG a prévu à deux sonorités imitant au choix un moteur à combustion ou…une soucoupe volante. Malgré le froid de l’hiver et une météo particulièrement humide, notre conscience professionnelle nous a poussé à rouler décapoté. En 10 petites secondes, la toile disparaît et la conduite cheveux au vent prend une dimension toute particulière en l’absence de bruits mécaniques.

Conclusion

Déroutante à plus d’un titre à cause de son concept singulier, la MG Cyberster GT ne ressemble à aucun roadster du marché. Plaisante à utiliser, elle est vendue à un prix (69.990 €) qui semble très compétitif, même si elle n’a pas vraiment de concurrence. Nous aurions aimé une meilleure position de conduite et un amortissement optimisé pour être pleinement satisfaits.

 La MG Cyberster GT en chiffres

Moteur : 2 moteurs électriques, 510 ch et 650 Nm, batterie NMC

Transmission : intégrale

Boîte de vitesses : réduction unique
L/l/h (mm) : 4.535/1.913/1.329
Poids à vide (kg) : 1.985
Volume du coffre (l) : 249
Batterie (kWh) : 77
0 à 100 km/h (sec) : 3,2
Vitesse maximale (km/h) : 200 km/h
Autonomie (WLTP, km) : 443
Consommation (WLTP, kWh/100 km) : 19,1
CO2 : 0 g/km
Prix : 69.990 euros
Taxe de mise en circulation : Flandre : 0 euro, Wallonie et Bruxelles : 61,50 euros
Taxe de circulation : Flandre : 0 euro, Wallonie et Bruxelles : 100,98 euros

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