Bientôt une usine chinoise de camions électriques à Anvers ?

Les constructeurs chinois ont de grandes ambitions en Europe. Et cela vaut aussi pour les utilitaires électriques. Et justement, la marque Windrose voudrait bien implanter une usine d’assemblage en région anversoise.

Publié le 22 mai 2024
Temps de lecture : 5 min

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Bientôt une usine chinoise de camions électriques à Anvers ?

Jusqu’ici, quand on parle de conquête chinoise, on parle souvent d’automobile avec des marques comme BYD, Leapmotor, Nio, Xpeng etc. Cela dit, la mobilité n’est pas qu’individuelle et elle concerne aussi les biens et les marchandises. Dans ce contexte, les camions électriques sont aussi appelés à se développer. Volvo comme DAF, Mercedes ou Scania proposent déjà des gammes de modèles et c’est naturellement le cas aussi des Chinois qui se sont aussi beaucoup développés sur ce marché. Et ceux-ci souhaitent aussi conquérir l’Europe.

Ces dernières semaines, il y a d’ailleurs un dossier qui retient toute l’attention : celui de la marque de camions Windrose pilotée par le jeune Wen Han (34 ans) et qui remue le monde politique afin d’implanter une usine d’assemblage dans la région d’Anvers. Interrogé par De Tijd, l’homme ne cache pas son enthousiasme pour son projet ni ses ambitions d’entrer en bourse à Wall Street d’ici peu où il espère lever entre 1 et 2 milliards de dollars.

Une carte à jouer pour la Belgique ?

Le dossier Windrose est gros. Car l’entreprise ne souhaite pas seulement installer une usine d’assemblage, mais aussi le siège régional de la marque et un centre de recherche et de développement. Au total, ces activités représenteraient près de 3.000 emplois pour la métropole. Si tout se passe bien et que les autorisations ainsi que les financements sont obtenus, l’usine pourrait voir le jour en 2027 pour construire 10.000 camions par an.

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Mais peut-on croire au projet de cette start-up ? Car, hormis un prototype rien n’existe. Nos confrères de De Tijd semblent enthousiastes quant aux capacités de Windrose. Ceux-ci relèvent notamment le fait que le premier camion de la marque ressemble au Tesla Semi, et que la marque promet de belles performances : une autonomie qui pourrait atteindre 1.000 km sans remorque, 670 km avec et une recharge de 400 km en 37 minutes grâce à un chargeur rapide. En outre, De Tijd souligne le prix de vente de ce camion : 230.000 euros, soit moitié moins que les camions électriques actuellement proposés sur le marché. Pour le secteur, ce serait un changement de paradigme qui peine à dégager des marges bénéficiaires.

Des fonds suffisants ?

Décrite comme ça, la proposition ressemble à une opportunité à ne pas rater. D’autant que les investisseurs sont aussi présents : selon De Tijd, Windrose a levé 110 millions de dollars de capitaux frais le mois dernier, notamment auprès de HSBC et le géant américain de l’immobilier Goodman. En outre, des clients tels que les géants chinois de la logistique Rokin ou Kerry Logistics se sont inscrits au programme de prototypes de Windrose tout comme Décathlon qui en utilise déjà un à Pékin et qui en intègrera un autre l’an prochain pour ses activités européennes.

Mais tout cela est-il suffisant ? Car il faudra évidemment encore beaucoup d’argent à Winderose pour concrétiser ses ambitions. Et ce ne sont pas 110 millions qui suffiront, une usine d’assemblage coûtant souvent un voire plusieurs milliards d’euros. On se souvient à ce sujet de l’affaire Thunderpower en Wallonie, ce constructeur chinois de voitures qui voulait construire sur l’ancien site de Caterpillar à Charleroi des citadines électriques bon marché. Le résultat s’était soldé par un cuisant échec, même si aucun fonds public n’avait heureusement été engagé.

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Car c’est aussi bien entendu l’objectif du fondateur de Winderose : obtenir un terrain bien situé, de plantureux subsides auprès de la région ainsi que des prêts ou une participation au capital. C’est aujourd’hui comme ça que ça marche, comme on a pu le constater pour Tesla et son usine de Berlin ou la future usine de batteries française de Dunkerque (Orano et LTX). On n’a rien sans rien.

Des promesses

La PDG de Windrose a multiplié les annonces ces dernières semaines et il indique qu’un accord est proche, à la fois avec les politiques, mais aussi avec des fonds d’investissement belges. Car 300 millions d’euros seront nécessaires pour construire l’usine d’assemblage. Mais pourquoi Anvers ? Pour Wen Han, c’est une évidence qui se justifie aussi avec la proximité des nouvelles mégafactories de batteries qui seront implantées dans le nord de la France.

On se demande dans quelle mesure le coût de la main-d’œuvre belge ne représentera pas un frein pour Winderose qui annonce des prix cassés. Mais là aussi, Wen Han a une réponse : pour lui, il s’agit de construire le meilleur camion du monde. Donc priorité à la qualité. Actuellement, l’homme soutient que la réduction des coûts n’est pas sa principale préoccupation.

Il faudra voir comment le dossier évolue. Actuellement, les camions Winderose sont assemblés en Chine par deux grands sous-traitants. Mais pour circuler chez nous, il faudra aussi que les véhicules soient homologués, ce qui n’est pas une mince affaire. À suivre.

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Par David Leclercq Rédacteur automobile

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