On le sait : les journées d’été sont particulièrement prolifiques en termes de production d’énergie solaire. Car en journée, la production est forcément importante et la demande réduite. Dans ce cas de figure, il arrive de plus en plus fréquemment que le marché du prix de gros de l’électricité passe en dessous de zéro. D’ailleurs, les consommateurs qui ont conclu un contrat avec tarification dynamique avec leur fournisseur peuvent bénéficier d’un prix de l’électricité négatif à plusieurs moments de la journée. En clair : il est possible de recevoir de l’argent alors même que l’on est en train de recharger sa voiture électrique. Trop beau pour être vrai ?
Pas vraiment vrai ?
En théorie, c’est vrai. Mais cela dépend surtout beaucoup du niveau négatif atteint par le marché. Car, ce tarif négatif ne concerne que l’énergie qui n’est qu’une des nombreuses composantes du prix final. Il faut encore ajouter les taxes, impôts, les coûts de distribution et souvent la redevance fixe annuelle. Théorisons la chose et supposons que le prix du kWh est de 10 eurocents, tout compris (taxes, distribution, etc.). Supposons aussi que le prix négatif de l’électricité atteint les -11 eurocents/kWh.
Ce qui signifie que l’on gagne donc 1 eurocent par kWh injecté dans la batterie d’une voiture électrique – ou celle de la maison le cas échéant. Naturellement, cela ne dure que le moment où l’électricité est négative. Imaginons que cela dure une heure. Avec une wallbox de 11 kW, on stockera donc 11 kWh et on gagnera 11 eurocents (ce qui est très théorique, car il faut compter avec les 20 ou 25% de pertes dues à l’échauffement). On le voit, dans la pratique, ce caractère négatif est donc peu exploitable et le prix de n’énergie n’a jamais été suffisamment négatif pour compenser les autres coûts par kWh
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Une surproduction attendue
Il convient toutefois de surveiller la situation qui surviendra cet été. Le gestionnaire de réseau belge Elia a annoncé en juin qu’il s’attendait à une importante surproduction d’énergie verte cet été 2024. Ce qui signifie que les panneaux solaires et les éoliennes produiront plus d’électricité qu’il n’en faut à l’instant T. En effet, la demande est traditionnellement faible en été, surtout pendant les week-ends. C’est le fait des entreprises qui tournent à un rythme moins soutenu et qu’elles disposent de plus en plus fréquemment elles aussi d’une source de production d’énergie verte.
En 2023, on avait enregistré un record de 222 heures pendant lesquelles le prix de l’électricité a été négatif sur le marché. Et ce chiffre a déjà été presque égalé au premier semestre 2024, ce qui illustre l’augmentation importante des capacités de production d’énergie verte dans notre pays.
C’est pour équilibrer l’offre et la demande et maintenir la stabilité du réseau que le système de tarification dynamique a été créé. Il s’agit d’encourager les distributeurs et les consommateurs à mieux adapter leur consommation en fonction de la production. Il est également possible d’exporter de l’électricité vers d’autres pays, mais ce n’est pas toujours aisé, car un dimanche d’été ensoleillé n’est évidemment pas le même dans tous les pays. Pour réguler, l’option la moins indiquée consiste à stopper les éoliennes et interrompre la production des centrales photovoltaïques. Dans ce cas, l’exploitant est d’ailleurs indemnisé.
À double tranchant
Pour profiter d’une tarification négative, les utilisateurs de voitures électriques devraient en outre surveiller constamment le prix horaire de l’électricité. Cela peut heureusement se faire automatiquement, notamment grâce à des applications telles que Smappee ou ModuleOne qui contrôlent intelligemment la voiture et le boîtier de recharge pour rendre la régénération aussi économique que possible.
Dans un rapport datant de 2023, la CREG (régulateur belge de l’énergie) mettait en garde ceux comptaient se rémunérer sur les moments de tarification négative. Car un contrat dynamique est une arme à double tranchant parce que lorsque les prix sur le marché sont élevés, la différence est aussi répercutée sur les consommateurs qui ont souscrit à un contrat dynamique. Il en va tout autrement pour les consommateurs qui ont des contrats variables ou fixes (plus de 99% des Belges). Car pour ceux-là, c’est le fournisseur d’électricité qui absorbe les pics et les creux dans une formule tarifaire globale.
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