Début juin 2022, le Parlement européen a donc voté pour la fin des ventes de voitures neuves thermiques à l’horizon 2035, une proposition qui avait été faite par la Commission européenne afin d’arriver à l’équilibre carbone en 2050. Cela signifie que, dès le 1er janvier 2035, plus aucune concession ne pourra vendre de nouvelle voiture à moteur à combustion, même hybride.
Notons tout de même que l’arrangement connaît déjà quelques exceptions, notamment par le biais de l’amendement dit « Ferrari » qui repousse l’échéance au 1er janvier 2036 pour les petites marques de luxe (moins de 10.000 véhicules par an) et qui exempte même totalement les productions de petites séries, c’est-à-dire de véhicules produits à moins de 1.000 exemplaires par an. Pour ces derniers, tout reste permis.
Dans un premier temps, la décision semblait plutôt bien acceptée, même si les constructeurs ne cachaient évidemment pas leur relative inquiétude, surtout dans le contexte économique actuel marqué par les pénuries, les ruptures dans les chaînes d’approvisionnement et l’explosion des coûts de l’énergie. Sauf que ça, c’était avant. En effet, emmené par l’Italie, une série de pays viennent de se liguer contre cette interdiction. Il s’agit de la Bulgarie, du Portugal, de la Slovaquie et de la Roumaine. Ce groupe de « dissidents » propose de reporter l’échéance de sortie à 2040. Bref, à peine voté, cette mesure pourrait déjà faire pschitt ! Vraiment ?
Justifications
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Les pays qui souhaitent aujourd’hui dire non à cette sortie du thermique avancent naturellement un argumentaire et notamment celui d’éviter à tout prix des « coûts disproportionnés et inutiles pour le secteur automobile comme pour les consommateurs. » La requête propose donc de réduire de 90% les émissions des véhicules neufs en 2035 et d’arriver à la neutralité totale pour 2040, soit 5 ans plus tard que l’échéance initiale.
La requête italienne indique en outre que « Pour parvenir à une mobilité zéro émission, il faudra surmonter des obstacles : accroître les infrastructures de recharge, développer la production de batteries, améliorer les technologies actuelles de façon rentable, introduire des mesures incitatives pour les consommateurs. »
Cette contestation naissante pourrait en outre se renforcer dans les semaines qui viennent avec l’arrivée d’autres pays et parmi ceux-ci l’Allemagne pourrait occuper une place particulièrement forte, car ce mastodonte de l’industrie automobile plaide déjà aussi pour des assouplissements et notamment celui de pouvoir utiliser des e-carburants pour les moteurs thermiques.
Ce mardi 28 juin, les ministres de l’Environnement de chaque pays membre de l’UE devront prendre position et accepter ou non la date du 1er janvier 2035. Un instant décisif qui s’il est remis en cause pourrait bien retarder le passage au tout électrique.
Un lobbying défaillant ?
Chose étonnante, on pensait qu’en coulisses, les lobbyistes avaient déjà mené leur combat et qu’il s’était notamment concrétisé par l’amendement dit « Ferrari » (121) qui offre plus de latitude aux marques de luxe. Mais il semble finalement que ce ne soit pas le cas puisque ces contestations apparaissent depuis le vote. Pourtant, les constructeurs se préparent depuis plusieurs années déjà au passage à la voiture électrique, certains promettant même la fin du thermique au sein de leur gamme à partir de 2030. Alors quoi ?
Bien que recevables, on se demande toutefois pourquoi les arguments des contestataires ne se manifestent que maintenant ? Pourquoi donc engager la bataille lorsque la guerre est déjà finie ? Certes, il y a encore moyen d’obtenir quelques amendements minimes, mais globalement, ça restera compliqué et, d’ici à la fin de l’année, il y a de grandes chances que la sortie soit définitivement actée au moins dans sa globalité. Cela montre surtout à quel point le secteur automobile est désorganisé et divisé.
C’est d’ailleurs ce qu’a voulu montrer Carlos Tavares en retirant le groupe Stellantis de l’Association des Constructeurs européens d’automobiles (ACEA). Le fait est que l’industrie européenne n’est plus alignée et notamment la France et l’Allemagne qui, par l’intermédiaire de Carlos Tavares et de Olivier Zipse, patron de BMW et direction de l’ACEA, se font la guerre. Beaucoup dès lors s’inquiètent de cette marche forcée vers l’électrique. Alain Prost lui-même qui évolue toujours dans les hautes sphères du monde automobile a dénoncé « un tapis rouge déroulé aux Chinois ». À méditer…
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