L’information fait l’effet d’une bombe : en Flandre, 10 milliards d’euros sont nécessaires pour effectuer les réparations urgentes des infrastructures routières telles que les ponts, les revêtements, les tunnels et les digues. C’est ce qu’indique De Tijd, qui a eu accès à une note du ministère de la Mobilité et des Travaux publics. Les infrastructures sont donc en très mauvais état, ce qui signifie qu’elles ne répondent plus aux normes de sécurité, une situation qui, apparemment, résulte d’un vieillissement plus rapide des installations en raison d’un manque chronique d’investissements et d’entretien.
Un entretien tardif
Ça devait arriver un jour ou l’autre : plus de la moitié des 3.000 ouvrages ont passé le cap du demi-siècle d’existence. Ce qui signifie qu’en peu de temps, les travaux de maintenance se sont multipliés. Théoriquement pourtant, les ponts par exemple sont conçus pour durer un siècle, mais à la condition que des travaux d’entretien soient effectués à intervalles réguliers. Or, ces travaux ne sont pas entrepris à temps. Et comme le trafic (de marchandises) s’est nettement intensifié ces dernières années (par rapport au moment de la conception des ouvrages) et que les véhicules sont plus lourds, les infrastructures vieillissent plus rapidement. L’échangeur reliant les autoroutes E17 et E40 à Zwijnaarde près de Gand en est la meilleure illustration : il s’agit de l’un des 37 ponts qui font l’objet d’une surveillance continue, et il devra encore être vérifié sous toutes ses coutures en 2024.
Il faut épingler une bonne nouvelle toutefois : cette liste de ponts en état calamiteux a été réduite pour la première fois en 2023. Mais les couacs arrivent encore, notamment parce que les choses ne sont pas étudiées suffisamment. Comme ce pont à Drongen qui a été remplacé en urgence par un édifice trop étroit, ce qui empêche les camions et les bus de se croiser.
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Du coût colossal
Cela dit, le budget à allouer à ce poste est colossal. En effet, selon le ministère de la Mobilité et des Travaux publics, il faudrait 600 millions d’euros supplémentaires par an pour combler le retard accumulé en matière d’entretien. Ces sommes devraient être inscrites au budget, mais elles ne sont pas disponibles. Et ça n’est pas étonnant, car les finances publiques sont dans le rouge et le gouvernement doit aujourd’hui faire des économies de plusieurs milliards d’euros au cours des années qui viennent pour éviter la sortie de route de la dette.
Début juillet, le gouvernement flamand a annoncé qu’il allait accélérer la rénovation de 49 ponts. Ce projet sera réalisé dans le cadre d’un partenariat public-privé, avec les entrepreneurs comme Jan De Nul, Willemen et Artes. En travaillant dans le cadre d’un partenariat établi, l’ensemble des travaux devrait pouvoir être réalisé plus efficacement et donc à moindre coût. Les premiers travaux commenceront en 2026, et tout devrait être terminé en 2030.
Et en Wallonie ?
Nous avons également demandé à la direction de la Mobilité et des Infrastructures de la Région wallonne si la situation était similaire de l’autre côté de la frontière linguistique. « Pour comparer avec la Flandre, il faudrait analyser la manière dont ils ont procédé. Quoi qu’il en soit, nous avons bénéficié de plans d’investissement successifs, mais nous prévoyons des défis majeurs pour la prochaine décennie », a déclaré un porte-parole.
« Pour les ponts, différents scénarios d’intervention doivent être envisagés. De plus, il est essentiel de transformer nos infrastructures afin d’adapter leur résilience aux problèmes climatiques et environnementaux tout en contribuant à la réalisation des objectifs FAST. » La Wallonie ne mentionne toutefois aucun montant financier, mais on se doute que là aussi les investissements sont au moins aussi élevés qu’en Flandre. Récemment, la SOFICO en charge de l’entretien structurant de la Région indiquait investir 400 millions d’euros par an. Et entre 2010 et 2023, ce seraient 3,3 milliards d’euros qui auraient été investis. Mais est-ce suffisant ? Probablement pas.
En Allemagne aussi
La Belgique n’est pas le seul pays d’Europe occidentale où les infrastructures, qui datent souvent des années 1960 et 1970, sont dans un état préoccupant. La semaine dernière, en Allemagne, une vingtaine d’associations du secteur des transports et de la mobilité ont tiré la sonnette d’alarme. Elles ont demandé que le budget destiné à la rénovation de plus de 4.000 ponts routiers soit augmenté d’un milliard d’euros, arguant que les automobilistes paient déjà suffisamment d’impôts et de taxes sur les voitures ou le carburant. Pour ces associations, les citoyens sont en droit de disposer d’infrastructures sûres et adaptées, tout simplement. Difficile de leur donner tort…
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