Bien que l’hiver soit bien installé, les prix des hydrocarbures n’ont fait que diminuer ces dernières semaines, et ce malgré l’embargo décrété par les Européens sur le pétrole brut russe depuis le 5 décembre dernier. Cela dit, personne n’est vraiment dupe et, bien que les pays européens aient diversifié leurs sources d’approvisionnement (mais jusqu’à quel point ?), l’instabilité géopolitique actuelle expose à de nouvelles montées en température des marchés internationaux.
Dans ce contexte, on se demande d’ailleurs quelles seront les répercussions de la mise en application de l’embargo européen sur les produits raffinés russes, une mesure qui entrera en vigueur dès le 5 février prochain. Le Diesel est particulièrement concerné par cette mesure et, bien qu’il ne soit pas bon marché (1,8 euro/l en moyenne), il pourrait à nouveau connaître une hausse de prix substantielle. C’est en tous cas les craintes d’un des grands spécialistes belges des énergies, Damien Ernst, professeur à l’ULiège.
Les raisons d’une inquiétude
Contacté par La Dernière Heure, Damien Ernst justifie ses craintes. Certes, il reconnaît que le prix du baril de pétrole n’explose pas, mais que, insidieusement, le prix du Diesel continue d’augmenter. Et cela pourrait prochainement déraper, car les raffineries européennes manquent justement de capacités de raffinage pour le Diesel. Or, il ne faut pas oublier que, bien que chère aussi, cette énergie est de plus en plus prisée, notamment par les entreprises qui au plus fort de la crise sont passées du gaz au Diesel pour alimenter certaines de leurs activités.
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Le professeur se montre donc particulièrement inquiet d’ici au 5 février, date d’entrée en vigueur de ce nouvel embargo. Car selon lui, le monde n’est pas en mesure de se passer du Diesel russe. Si le marché devait se tendre, cela se traduirait de facto par une hausse importante des prix qui perdurerait probablement pendant plusieurs mois.
Quelles solutions ?
L’expert reste toutefois flou sur les perspectives à venir. Il ne cite notamment aucune estimation pour l’augmentation potentielle des prix, car tirer des plans sur la comète est hasardeux. En revanche, Damien Ernst indique que l’évolution de la situation dépend surtout des Russes et plus particulièrement de la manière dont ils vont pouvoir vendre leur production de Diesel destiné à l’Europe ou aux États-Unis à d’autres pays. Si d’aventure la Russie ne parvenait pas à écouler sa production, les prix du Diesel pourraient alors monter très haut. Le marché serait à nouveau déséquilibré et les prix élevés entraîneraient mécaniquement une baisse de la demande en attendant un rééquilibrage. Pour pallier cette incertitude, le professeur conseille donc aux consommateurs de faire le plein de mazout avant la date fatidique du 5 février. Et pour les automobilistes ? Il n’y a pas grand-chose à faire puisqu’il n’est évidemment pas possible de stocker des centaines de litres.
Reste à voir comment opèrera la Russie avec ses partenaires. Car on a déjà pu observer que le régime de Poutine s’affaire à contourner les sanctions, par exemple en transbordant des cargaisons de pétrole d’un bateau à l’autre (qui battait un autre pavillon) pour brouiller les pistes et finalement livrer le pétrole à bon port. Il faut en tout cas croiser les doigts pour que la situation ne s’embrase pas encore une fois.
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