ESSAI Volvo V60 : Enervante !

Moi, si j’étais un des trois constructeurs premiums allemands, j’aurais vraiment les nerfs. Car ça fait des années que chaque nouveauté Volvo est accueillie avec des “Aaaah” et des “Ooooh” unanimes, pratiquement sans note dissonante. Mais cela ne risque-t-il pas de s’arrêter avec cette nouvelle V60 !?

7 / 10
Publié le 13 juillet 2018
Temps de lecture : 6 min

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ESSAI Volvo V60 : Enervante !

Le problème, pour les Allemands, c’est qu’ils ont tous leurs fans inconditionnels, qui sont par définition des détracteurs des deux autres. Et ce n’est pas qu’une question de fans. Nous aussi, les journalistes, avons toujours quelque chose à redire sur les nouveautés germaniques. Un design qui commence sérieusement à nous barber par ici, une référence routière qui n’en est plus une par là, ou encore des prix injustifiés… Quoi qu’ils fassent, il y a toujours au-moins une ligne rouge dans le bulletin final. Alors que dans le bulletin de Volvo, depuis quelques années : que du vert, systématiquement !

Outsider

Ca, c’est le sort enviable de l’outsider, de celui pour lequel on ne nourrit pas forcément des attentes parfois déraisonnables, mais qui bosse néanmoins avec le plus grand sérieux et réserve donc à chaque fois une bonne surprise.

Vous direz que ce n’est pas tout à fait vrai. Tout le monde attend quelque chose de Volvo. Et notamment de la sécurité, la base même de l’ADN de la marque. On attend aussi d’elles qu’elles soient des familiales accomplies, dotées d’un réel sens pratique et d’assez de place pour tout le monde. Et donc du volume, dans le cas d’un break ou d’un SUV. Du confort, aussi ? Oui, certes, mais ce n’est pas la première chose que vous citeriez si on vous demandait de citer les qualités de la marque. Et on a fait le tour de ce que vous, le public, comme nous, les journaleux, attendons vraiment de Volvo. Sauf que depuis la profonde refonte de la marque, lancée il y a déjà 4 ans avec le XC90, on en a toujours plus !

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Séduction involontaire

A commencer par du sex-appeal. Car dans le cas de la nouvelle V60, à savoir un break, à savoir le fonds de commerce historique de Volvo, dont l’histoire n’est guère riche en beautés fatales, oui, on peut carrément parler de séduction. Joli visage, silhouette élancée, profil athlétique, attitude sobre mais sûre d’elle… Allez, un petit cliché machiste ? C’est ce qu’on appelle une belle Suédoise. Je m’explique. Dans l’éventail des beautés clichés, il y a par exemple la méditerranéenne aguicheuse, fardée sans complexes et jouant de ses courbes. Toujours dans le cliché, la belle Suédoise est juste… belle. Elle séduit sans chercher à le faire, par sa seule présence. C’est la V60. Elle n’est pas exubérante, elle ne vous fait pas de l’œil. Elle est simplement là, élégante, parfaitement dessinée, et le charme opère.

Fidèle à elle-même, ou presque

Le fait que Volvo se soucie plus que jamais du design n’est pas sans conséquences sur certaines de ses qualités historiques. En termes de dimensions, la nouvelle V60 se situe entre l’ancienne V60 et feue la V70, archétype du break suédois. En toute logique, le coffre disponible fait de même, avec un volume d’au-moins 529 litres, à peine 45 litres de moins que la V70 et un record dans le segment. Mais la ligne de toit assez basse et celle plutôt inclinée de la lunette arrière pénalisent le volume maximum, de “seulement” 1.364 litres.

En revanche, Volvo ne lâche rien sur la sécurité. Pas sûr que les aides à la conduite soient toutes plus avancées que celles des concurrents allemands mais le truc, c’est que Volvo fournit en série les plus cruciales de ces aides. En l’occurrence, le système de freinage automatique qui, pour le coup, est plus avancé qu’ailleurs, car il identifie plus de dangers potentiels que les autres. Ce système est aussi le seul de ce segment capable d’éviter ou de diminuer les conséquences d’une collision frontale avec un véhicule venant en sens inverse et déviant de sa trajectoire, ou encore d’une sortie de route. Cela s’ajoute bien sûr à l’aide active au maintien de voie, à la surveillance d’angle mort, au régulateur de vitesse avec contrôle de distance et on en passe.

Bien sûr Volvo aussi suit la voie de la conduite semi-autonome, et nous avons remarqué que par rapport au XC60 par exemple, dans lequel le conducteur peut parfois se sentir comme une balle de ping-pong, ce système a gagné en finesse dans sa façon de garder la voiture bien entre les lignes. En fait, tous les systèmes de sécurité Volvo progressent, en ce sens qu’ils se montrent un peu moins intrusifs, un peu moins surprotecteurs, pour ne pas dire paranoïaques, que dans un passé récent.

Bon père de famille

Au lancement, Volvo proposera pour la V60 deux versions du 2.0 diesel, et deux du 2.0 essence, de respectivement 150 (D3) ou 190 chevaux (D4) et 250 (T5) ou 310 chevaux (T6). En diesel, on a le choix entre boîte manuelle 6 et auto 8, et entre traction ou AWD. En essence, seule la boîte auto 8 est proposée, et la T5 est une traction uniquement alors que la T6 est toujours AWD. Les versions hybrides plug-in T6 et T8 arriveront avant la fin de l’année.

Nous avons essayé la version D4 et bon, elle nous a un peu laissés sur notre faim. Car on n’a pas l’impression que les 190 chevaux sont tous là, à notre avis pour cause de mésentente avec la boîte auto. C’était flagrant lors de nos tentatives de conduite plus engagée, en mode Dynamic : les changements de rapports sont en général assez lents et au final, performances et sensations s’en ressentent. Pour moins que ça, on fustigerait Audi, on tancerait Mercedes, on invectiverait BMW. Mais pas la V60, car personne n’attend même un semblant de sportivité de la part d’une Volvo. Et qu’importe si malgré des réglages plus centrés entre confort et dynamisme qu’ils ne l’étaient avant, la V60 crie pouce après trois changements d’appuis rapides consécutifs ! Qui se soucie qu’une Volvo ne relance pas comme un dragster quand elle consomme moins de 5 litres sur autoroute ? Quand votre maman vous offre protection, amour, sourire et qu’en plus elle est belle, est-il indispensable qu’elle sprinte comme Usain Bolt !?

Conclusion

La nouvelle V60 remplit son contrat de base, qui est d’être la familiale agréable et sécurisante par excellence. Avec en bonus de la séduction et un vrai sentiment premium.

La V60 D4 en quelques chiffres

Moteur : 4 cylindres turbo diesel, 1.969cc ; 190ch à 4.250tr/min ; 400Nm de 1.750 à 2.500tr/min

Transmission : aux roues avant

Boîte : auto 8 rapports

L/l/h (mm) : 4.761/1.850/1.433

Poids à vide (kg) : 1.669

Volume du coffre (l) : 529 – 1.364

Réservoir (l) : 55

0 à 100 km/h (sec.) : 7,9

Prix : 41.200€ TVAC

Puissance : 190 ch

V-max : 220 km/h

Conso. mixte : 4,5 l/100km

CO2 : 119 g/km

Qualités
  • Séduisante sans le chercher
  • Ambiance scandinave à bord
  • Confort général, silence
  • Conso mesurée du D4
Défauts
  • Plus vraiment un break de déménagement
  • Peu portée sur la conduite active
  • Boîte perfectible

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Par Laurent Zilli Professionnel indépendant de la rédaction et de l'édition

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