ESSAI Lancia Ypsilon Electric 2025 : difficile retour aux affaires

Disparue du marché belge depuis 2016, la marque Lancia a déjà été largement oubliée dans l’esprit collectif, surtout chez les jeunes automobilistes. Sa fin n’a pas été glorieuse puisque son nom a été associé à des Chrysler qui ne se vendaient pas du tout. Pourtant, Lancia a marqué de son empreinte l’histoire de l’automobile. Qui se souvient de ses modèles ultra raffinés qui avaient le volant à droite jusque dans les années 50 parce que c’était le summum de l’élégance ? Qui se rappelle de ses modèles iconiques comme la Stratos ou la Fulvia ? Ou encore de ses nombreux succès dans le championnat du monde des rallyes avec la 037, puis la fabuleuse Delta Integrale qui était une véritable machine à gagner ?

Base connue

Considérée longtemps comme le parent pauvre du groupe Fiat, devenue par la suite FCA, Lancia a végété des années en produisant pour le seul marché italien une Ypsilon totalement démodée. Lors de l’incorporation de FCA dans la galaxie Stellantis, il a été décidé de rendre à la marque son lustre d’antan en produisant de nouveau des modèles « premium ». Cependant, économies d’échelle obligent, le premier modèle de ce renouveau n’a fait que reprendre une base existante. L’Ypsilon a donc hérité de la plateforme des E-208 et Corsa Electric.

Il faut reconnaître que les stylistes maison se sont donné du mal pour brouiller les pistes avec une face avant originale barrée d’un fronton noir piano et d’une grande signature lumineuse. A l’arrière, l’hommage à la Stratos est évident avec des feux ronds incrustés comme sur la sublime sportive des années 70 et « Lancia » écrit en toutes lettres, sur fond noir. Si l’ensemble n’est pas déplaisant, il en ressort tout de même un manque général de cohérence, sans doute parce qu’il s’agit d’une adaptation d’une base déjà existante.

Premium ?

C’est surtout à l’intérieur que les choses se gâtent. Le problème est que les designers de cette voiture semblent avoir fait le forcing pour que l’habitacle paraisse « italien ». Rien n’a été épargné, pas même le velours côtelé (rouge orangé) d’un goût discutable sur les sièges ou la console centrale en forme de table de bistro (bonjour les clichés !) qui ne sert pas à grand-chose, si ce n’est à martyriser un de vos genoux si vous mesurez plus d’1,80 m.

D’accord, les goûts et les couleurs ne se discutent pas. Par contre, la qualité des matériaux bien. C’est justement là qu’est la grande déception lorsqu’on sait que Stellantis veut se la jouer « premium » avec Lancia. On y retrouve pêle-mêle des plastiques de qualité satisfaisante à médiocre, et de très nombreuses commandes que l’on retrouve dans d’autres modèles des autres marques du groupe. Ça sent une nouvelle fois l’économie et c’est dommage, surtout lorsqu’on axe principalement sa communication sur la singularité de Lancia. Pour le reste, on est dans une compacte assez logeable et confortable, avec un petit coffre d’une capacité de 309 litres.

Infodivertissement complet

Equipée de deux écrans de 10,25 pouces, l’Ypsilon dispose du système d’infodivertissement déjà vu dans d’autres modèles du groupe Stellantis, qui diffère seulement par une présentation propre à Lancia. Pas toujours le plus intuitif, il a néanmoins l’avantage de fonctionner correctement et d’être complet. Nous n’avons par contre pas compris l’intérêt du dispositif S.A.L.A. (Sound Air Light Augmentation), sensé créer une ambiance avec des paramètres spécifiques pour l’éclairage intérieur, le son du système audio et la climatisation. Son fonctionnement nous a laissé dubitatifs.

Gamme en développement

L'Ypsilon est pour l’instant disponible en deux versions : Hybrid qui dispose d’un moteur 3 cylindres turbo essence mild-hybrid de 1,2 litre, de 100 ch ou Electric, dont le groupe propulseur qui entraîne les roues avant développe 156 ch. Sa batterie de 51 kWh lui donne une autonomie de 403 km WLTP. Pour être complet, il faut ajouter que version sportive, la Ypsilon HF, débarquera dans le courant de cette année. Equipée également d’un moteur électrique, elle développera 280 ch.

En attendant cette petite bombinette, nous avons eu l’occasion de rouler pendant une semaine avec la Ypsilon Electric qui n’est pas vraiment une surprise lorsqu’on a déjà essayé les autres modèles avec lesquels elle partage sa plateforme. Les performances sont très correctes (0 à 100 km/h en 8,2 secondes), tout comme l’insonorisation. En roulant normalement, il est tout à fait possible de se trouver dans une moyenne de 18 à 19 kWh/100 km sur un parcours mixte. Par contre, les 403 km d’autonomie fondent comme neige au soleil sur un parcours autoroutier où il faut compter sur 250 à 300 km maximum. La vitesse de recharge de 100 kw maximum en courant continu lui permet de passer de 20 à 80% en 24 minutes. Durant notre essai, nous avons été loin de ces chiffres mais il est vrai qu’il faisait plutôt froid.

Conclusion

La Lancia Ypsilon Electric n’est pas du tout une mauvaise voiture, loin de là. Le problème est que Stellantis, à grand coup de marketing, essaie de la faire passer pour ce qu’elle n’est pas. Il ne suffit pas de recouvrir les sièges de velours, d’utiliser des éléments décoratifs satinés ou de copier un design vaguement italien pour transformer une 208 (ou une Corsa) en voiture italienne « premium », facturée tout de même entre 34.500 et 39.500 €. Pour l’instant, nous avons du mal à voir la plus-value apportée par cette marque sortie de l’oubli. Une chose est certaine : il y a encore beaucoup de travail pour rendre à Lancia ses vraies lettres de noblesse.

La Lancia Ypsilon Electric en chiffres

Moteur : 1 moteur électrique, 156 ch et 650 Nm, batterie lithium-ion

Transmission : aux roues avant

Boîte de vitesses : réduction unique
L/l/h (mm) : 4.075/1.755/1.435
Poids à vide (kg) : 1.561
Batterie (kWh) : 51
0 à 100 km/h (sec) : 8,2
Vitesse maximale (km/h) : 150 km/h
Autonomie (WLTP, km) : 403
Consommation (WLTP, kWh/100 km) : 14,6
CO2 : 0 g/km
Prix : 34.500 euros
Taxe de mise en circulation : Flandre : 0 euro, Wallonie et Bruxelles : 61,50 euros
Taxe de circulation : Flandre : 0 euro, Wallonie et Bruxelles : 100,98 euros

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