Le conflit en Ukraine tombe au plus mauvais moment pour le constructeur français qui est en pleine renaissance – ou Renaulution comme la marque le dit. Après l’euphorie des superbes résultats de 2021, le soufflé est vite retombé avec la guerre en Ukraine qui a forcé la marque au losange à suspendre ses activités en Russie, son deuxième plus gros marché mondial avec près de 500.000 voitures vendues chaque année ce qui pèse pour la moitié du résultat opérationnel sur le secteur automobile pour le groupe.
Se retirer de Russie est probablement défendable d’un point de vue éthique, mais nettement moins d’un point de vue commercial et, disons-le tout de go, pour en qui concerne la pérennité de l’entreprise, car il est évident que ce sont les marchés émergents qui doivent être défendus – Chine, Inde, Russie –, car ils constituent le vrai potentiel de croissance. Et donc les bénéfices de demain.
Discrétion
Jusqu’à présent, Renault est resté particulièrement discret sur sa gestion de la problématique russe, à l’instar du reste d’autres constructeurs qui possèdent aussi des usines sur place. Surprise : le gouvernement russe vient de s’en mêler et a fait une sortie pour le moins surprenante, indiquant que Renault serait prêt à céder ses parts dans Avtovaz et Avtoframos, les branches qui gèrent les trois usines automobiles du groupe français dans le pays. Coup de pression ou vraie info ? Du côté de Renault, c’est le silence radio. Si cela était vrai, ce serait un coup dur pour la marque française qui a investi 2 milliards d’euros dans le redressement d’Avtovaz. Or, selon plusieurs informateurs, pris en étau, Renault pourrait être contraint de revendre sa participation (68%), le tout pour un rouble symbolique. La catastrophe !
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Du côté russe, on assure que les jeux sont faits. « En raison du manque de ressources pour assurer ses activités ou le fonctionnement de ses branches russes, Renault a décidé de céder sa participation dans Avtovaz et Avtoframos », a déclaré le ministre russe du Commerce et de l’Industrie, Denis Manturov, cité par l’agence TASS. Cela dit, la Russie laisse malgré tout la porte ouverte à un retour de Renault sur le marché russe, via un rachat potentiel endéans les 5 ou 6 ans. Mais attention prévient encore la Russie : si des investissements sont consentis, Renault devra en supporter le coût lors du rachat. Il n’y aura donc pas de cadeau. Ambiance !
Le ministre du Commerce et de l’Industrie a tenté de rassurer en déclarant qu’il n’y avait pas d’intention de nationaliser quoi que ce soit, mais que « si une entreprise n’a pas la possibilité d’assurer la livraison de composants, nous ne pouvons pas attendre pour l’éternité. Nous serons obligés de trouver une alternative. Cela s’applique à tous les constructeurs automobiles qui hésitent à prendre une décision ». Le message s’adresse donc aussi à BMW, Ford, Mazda, Toyota, Hyundai, etc.
On se demande vraiment comment se dérouleront ces opérations. Si d’aventure, l’État russe devait faire mainmise sur les outils et les installations développées et financées par les entreprises occidentales (la Russie reste en effet un désert industriel quoi qu’on en dise), cette situation hypothèquerait clairement les potentiels échanges commerciaux qui pourraient reprendre à la suite de la résolution du conflit. Il est clair que probablement personne – ou presque – ne s’y risquerait à deux fois.
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