Alors que le Royaume-Uni constitue la base de référence pour la plupart des écuries de F1, la version 2.0 de la compétition automobile – soit les courses de voitures autonomes – va prendre ses quartiers en Belgique. En effet, l'entreprise américaine Aidoptation – il n’y a pas de faute de frappe, « Ai » signifiant « intelligence artificielle » – a choisi Saint-Trond pour établir son QG et conquérir le monde avec sa technologie. Comme on l’aura compris, il s’agit de faire concourir des véhicules sans pilote, mais pour la Belgique, cela pourrait signifier la création de centaines d’emplois et l’attraction de nombreux talents.
Las Vegas Motor Speedway
Mais commençons par le commencement, car les courses de voitures autonomes restent assez mal connues du grand public. Et pour cause : il s'agit jusqu’ici de compétitions réservées aux équipes de recherche des universités. En cela, on pourrait comparer cette pratique au World Solar Challenge qui vise à faire rouler le plus longtemps possible une voiture à l’électricité solaire. L'Indy Autonomous Challenge (IAC) qui engage des voitures de course autonomes est déjà bien établi et il se produira pour la 4e fois en ce mois de janvier sur le Las Vegas Motor Speedway en marge du célèbre Consumer Electronics Show 2025 (CES). Au cours de cette joute, les voitures engagées calculent leur vitesse, leurs manœuvres de dépassement et leur stratégie de course grâce à la seule intelligence artificielle. Et cette édition promet d’être encore plus étonnante, car c’est la première fois qu’il y a une vraie compétition avec quatre voitures engagées en même temps. Et ça ne traîne pas, car les véhicules ont déjà atteint sur l’anneau une vitesse de 309,3 km/h, ce qui constitue un nouveau record dans le cadre de l'IAC.
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Mais il ne s’agit pas non plus que de tourner en laboratoire. Car tout comme le World Solar Challenge a donné naissance à la marque hollandaise Lightyear (aujourd'hui en faillite), l'IAC entend aussi se développer commercialement. Pour ce faire, Aidoptation n’a pas choisi la Silicon Valley, mais Saint-Trond, dans le Limbourg où l’entreprise établira son siège en collaboration avec l'assureur Ethias et la société d'investissement LRM.
Mais pourquoi diable la Belgique ? Paul Mitchell, PDG de l'IAC et d'Aidoptation, a expliqué à nos confrères du journal De Tijd que « La Belgique est située au centre de l'Europe, à proximité de centres d'innovation de Louvain (le centre de recherche Imec, ndlr.), d’Eindhoven (où se trouve le fabricant de microprocesseurs ASML) ou encore d'institutions telles que l'Union européenne ou l’OTAN. » En outre, les partenaires financiers belges ont participé au tour de table avec une participation de 5 millions d'euros.
Par ailleurs, la présence de DronePort à Saint-Trond a aussi joué un rôle important dans la décision d’Aidoptation. Car l’endroit est doté d’une infrastructure unique, dont une piste d'atterrissage de plus de trois kilomètres. Ce site pourra donc servir pour les essais autonomes à grande vitesse.
Au-delà de la compétition
Faire rouler des robots à plus de 300 km/h est-il une folie ? Non. Pour Paul Mitchell, « tout le monde se concentre actuellement sur les applications à faible vitesse, comme le pilotage des robots taxis dans les zones urbaines. C'est très bien, mais les recherches montrent que les humains sont de bons conducteurs à faible vitesse », a-t-il expliqué au Time. Les hautes vitesses doivent donc être explorées pour doper la technologie et ses capacités. C’est pour cela d’ailleurs que le mois prochain, Aidoptation tentera de battre un record sur Cap Canaveral, aux États-Unis, tandis que cet été, elle participera à une course sur le circuit de Monza en Italie.
Aidoptation a de grandes ambitions commerciales pour sa technologie brevetée et l’entreprise regarde bien au-delà des courses de voitures autonomes, même si elle y restera impliquée. L’objectif est de développer des logiciels pilotés par IA où il faut prendre des décisions et collaborer avec des environnements complexes, comme les transports autonomes, l'automatisation industrielle, mais aussi le divertissement et les robots humanoïdes. Paul Mitchell lorgne aussi du côté des partenaires clés comme Nvidia, Cisco, Amazon ou la défense américaine qui observent naturellement le développement de cette technologie. « Ces personnes observeront bientôt la Belgique », conclut Mitchell.
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