Dimanche dernier, Tesla a discrètement activé ses tout premiers robotaxis dans certaines zones bien définies de la ville d’Austin, au Texas. Présenté comme une étape décisive dans la quête d’Elon Musk vers la conduite autonome, ce lancement n’en est pas moins resté limité : une poignée de SUV Model Y, opérant sur un périmètre très restreint et uniquement entre 6h et minuit avec en prime un superviseur humain installé en passager avant.
Les premiers passagers ? Il s’agissait d’invités triés sur le volet par Tesla. Les robotaxis sont donc encore loin d’être mis à disposition grand public. Le tarif de la course est certes symbolique – 4,20 dollars –, mais Tesla a déjà annoncé que les conditions météorologiques influeront sur la disponibilité du service. La marque promet néanmoins une montée en puissance rapide avec 1.000 véhicules disponibles dans les mois à venir avant l’introduction en apothéose du Cybercab, le fameux modèle conçu sans volant ni pédales promis pour 2026 à un tarif étonnamment bas : 30.000 dollars.
On l’aura compris : derrière l’effet d’annonce, la prudence doit rester de mise selon de nombreux observateurs. Pour le consultant Deepwater Asset Management, ce premier test en conditions réelles représente un risque médiatique en cas de défaillance. La sécurité reste en effet un enjeu majeur, d’autant que des précédents – comme avec le projet Cruise de GM ou Uber – rappellent que les erreurs des robotaxis peuvent coûter cher en vies humaines bien entendu, mais aussi en termes de réputation, ce dont Tesla n’a absolument pas besoin actuellement.
Publicité – continuez à lire ci-dessous
Pour séduire plus que pour convaincre
Mais à y regarder de plus près, le lancement des robotaxis Tesla ressemble davantage à une opération marketing qu’à une révolution technologique. Les vidéos publiées sur les réseaux sociaux, principalement par des influenceurs pro-Tesla invités pour l’occasion, dépeignent un tableau très lisse : trajets fluides, expérience sans accroc, application intuitive, le tout dans un décor soigneusement préparé. La mise en scène des trajets sans accroc laisse peu de place à l’objectivité. À ce stade, difficile d’y voir autre chose qu’un bêta-test camouflé, destiné à séduire les marchés et les investisseurs plutôt qu’à éprouver une technologie encore en rodage.
Here is my experience in one of the first public nighttime @Tesla Robotaxi rides. It was smooth, comfortable and just as good as it is during the daytime. pic.twitter.com/7bDvVaWf3A
— Sawyer Merritt (@SawyerMerritt) June 23, 2025
Des failles déjà
D’ailleurs, la vérité n’est jamais facile à cacher très longtemps. Et les vidéos des premières courses révèlent aussi déjà plusieurs failles : hésitations en plein carrefour, virages prématurés, arrêts imprévus au milieu de la route et même quelques mètres effectués à contresens… Dans certains cas, des internautes ont indiqué que des opérateurs avaient du intervenir pour reprendre le contrôle. Autre détail révélateur : les robotaxis ne viennent pas à l’utilisateur, c’est à lui de s’adapter au point de rendez-vous, parfois en traversant la rue. Ces limites absentes de la communication officielle montrent que le système est encore loin d’égaler la maturité de certains concurrents comme Waymo.
Plus révélateur encore : quelques heures à peine après les premiers trajets, les autorités américaines ont lancé une enquête sur des incidents observés à Austin, notamment des erreurs de trajectoire ou des comportements imprudents des calculateurs.
Depuis 2016, Elon Musk répète que la conduite 100% autonome est pour « dans un an ». En 2019, il affirmait que ses clients pourraient utiliser leurs voitures comme robotaxis dès 2020. Ces échéances repoussées et ces engagements non tenus fragilisent la crédibilité du projet. Et aujourd’hui, l’attention se tourne vers la National Highway Traffic Safety Administration (NHTSA), qui pourrait imposer de nouvelles règles ou freiner les déploiements si la sécurité n’est pas garantie. Du moins si on le laisse faire, il y a quelques semaines, l’idylle vécue par Trump et Musk semblait ouvrir un boulevard à l’abandon des règles de sécurité les plus élémentaires pour la voiture autonome. Sauf que l’amitié qui liait les deux hommes semble terminée et il est probable qu’Elon Musk ne puisse plus (ou beaucoup moins) influencer le cours des choses autour de cette thématique.
Cela dit, la stratégie de Tesla avec le lancement de ces robotaxis est claire : rassurer les investisseurs. Et ça a fonctionné puisque le cours en bourse a bondi de plus de 10% après l’événement. Mais attention toutefois à ce que le soufflé ne retombe pas trop vite...
À la recherche d'une voiture ? Cherchez, trouvez et achetez le meilleur modèle sur Gocar.be
