Les embouteillages ne se rencontrent pas que sur la route des vacances lors des grands chassés-croisés. Les automobilistes y sont confrontés toute l’année, en allant travailler parce qu’il y a un accident ou que le trafic est trop dense, tout simplement. Bien souvent, lorsqu’on se trouve à l’arrêt dans une file, on peut constater que la file juste à côté se met subitement à avancer. Ce qui donne l’impression que c’est là qu’il faut se trouver pour gagner du temps.
Mais est-ce juste ? Gagne-t-on vraiment du temps en changeant de bande de circulation pour rejoindre celle qui semble le mieux avancer ? En fait, pas du tout. Interrogé par la VRT, le porte-parole de VIAS, Stef Willems, indique que ces manœuvres ne permettront pas d’arriver plus vite. Au contraire : en agissant de la sorte, l’automobile aggrave encore l’embouteillage. Il ne fera donc que perdre plus de temps.
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Pourquoi c’est inefficace ?
Il y a une explication scientifique à ce phénomène. En réalité, lorsqu’un automobiliste change de voie, son véhicule va alors occuper la place de deux véhicules au lieu d’un pendant un certain temps. Car le fait de s’insérer oblige les autres conducteurs à laisser plus d’espace. De ce fait, plus les manœuvres sont nombreuses, plus la file s’allonge ou le ralentissement s’accentue. Et les automobilistes perdront donc plus de temps.
Croire que la file à côté de la sienne roule mieux est donc un leurre, mais auquel beaucoup d’automobilistes croient malheureusement. Selon VIAS, 7 conducteurs du 10 estiment qu’ils gagnent du temps en changeant de bande de circulation alors qu’au contraire, ils roulent plus lentement que s’ils n’avaient pas changé de file. Et les conducteurs l’avouent : ils sont 65% à reconnaître qu’ils changent régulièrement de bande de circulation lorsqu’ils sont bloqués dans un embouteillage.
Un comportement dicté par la satisfaction ?
Mais pourquoi notre évaluation est-elle erronée ? Pourquoi a-t-on cette impression – largement répandue – que nous gagnons du temps. En réalité, l’explication est psychologique et elle touche à la satisfaction. En effet, constater que l’on dépasse 20 voitures d’un coup, alors que la file précédemment occupée est toujours à l’arrêt provoque un sentiment de plaisir. Mais à l’inverse, lorsque ce sont les autres véhicules qui dépassent, l’automobiliste se trouve alors dans une phase de frustration. Le cerveau commande donc d’instinct de rejoindre la phase « plaisir » plutôt que « frustration ». Et l’état de frustration est une phase qui est toujours perçue comme plus longue, tous les éléments sont réunis pour commettre l’erreur.
Et ce n’est pas tout : VIAS explique aussi que la visibilité joue aussi un rôle. En effet, une voiture que l’on dépasse disparaît rapidement du champ de vision alors que celle qui nous dépasse reste dans ce même champ de vision beaucoup plus longtemps, ce qui ajoute à l’exaspération ressentie par certains conducteurs.
Des accidents
Si changer de file n’est pas sans conséquence pour le temps passé dans l’embouteillage, cet acte peut aussi s’avérer dangereux et coûteux. Car si on applique à notre pays une méthode d’analyse américaine, 14.000 accrochages se produiraient chaque année dans notre pays rien qu’à cause de ces changements de voie intempestifs. Ce n’est donc pas seulement une question de temps, mais aussi de sécurité routière. D’autant qu’en été, nombreux sont les motards qui remontent les files (c’est parfaitement autorisé), parfois un peu rapidement d’ailleurs.
Il faut retenir que dans un embouteillage, la circulation se fait à la même vitesse moyenne, quelle que soit la voie choisie par l’automobiliste. Se caler sur la bande de gauche en pensant qu’elle sera plus rapide parce qu’elle est moins impactée par les automobilistes qui montent sur l’autoroute à la prochaine sortie est aussi complètement faux.
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