Permis à points en Belgique : « Un outil performant et socialement juste »

Le permis à points est en gestation en Belgique et il devrait arriver d’ici l’été 2024. Un collectif vient de publier une lettre à l’attention du PS et du MR qui bloquent le projet. Dans cette déclaration, les intéressés expliquent ô combien ce dispositif est « performant et socialement juste ». Vraiment ?

Publié le 7 décembre 2022
Temps de lecture : 5 min

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Permis à points en Belgique : « Un outil performant et socialement juste »

Dans une lettre ouverte adressée au MR et au PS, les deux partis politiques qui freinent l’arrivée du permis à points en Belgique, l’ASBL Parents d’Enfants Victimes de la Route (PEVR) et CANOPEA expliquent pourquoi il est temps de prendre ses responsabilités et d’accepter l’instauration d’un tel dispositif.

Le collectif relève que l’idée du permis à points n’est pas neuve sur notre territoire puisqu’un projet de loi existe depuis 1990, mais qu’il n’a jamais été mis en application. Le collectif estime qu’il s’agit d’un manque de courage politique, car il est évident que cette mesure produira son lot de mécontents. Cela dit, agir devient plus que nécessaire selon PEVR et CANOPEA, car il s’agit de protéger la collectivité.

Plus de victimes en Belgique

Pour le collectif, les chiffres parlent d’eux-mêmes. Celui-ci constate que les chiffres de la sécurité routière sont mauvais en Belgique puisqu’en 2019, 646 décès étaient à déplorer ainsi que plus de 3.600 blessés graves, soit un niveau nettement supérieur à la moyenne européenne. Et il rappelle que derrière les chiffres, il y a de la souffrance, à la fois celle des victimes et celle des proches.

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Selon PEVR et CANOPEA, les politiques peuvent agir sur trois leviers pour réduire cette souffrance : les infrastructures, les véhicules et les comportements. Et c’est bien ces derniers qui doivent être visés par le permis à points. En effet, le collectif rappelle que les comportements sur la route sont fortement influencés l’image de la voiture dans nos sociétés. Selon plusieurs études (non citées), deux tiers des conducteurs estiment en effet que la voiture serait bien plus qu’un moyen de mobilité. Et de cette considération découlent des comportements dangereux, car les automobilistes se sentent tout puissants.

PS et MR contre le projet

Ce contexte nécessite pour le collectif des outils forts, comme l’instauration du permis à points. Or, celui-ci n’a pas été adopté en kern à la fin du mois de novembre en raison de l’opposition du MR et du PS. PEVR et CANOPEA fustigent naturellement cette attitude. Car il estime que si le permis à points ne constitue pas le meilleur moyen de lutter contre la récidive, il fait partie d’un arsenal qui, au final, doit faire plier le contrevenant.

Le collectif PEVR et CANOPEA fustigent aussi les déclarations faites par ces partis et notamment celles qui avancent un impact important sur la vie professionnelle et familiale de ceux qui pourraient perdre des points et donc leur permis. Pour PEVR et CANOPEA, il ne s’agit pas d’être anti-voiture, mais de sanctionner les comportements qui génèrent des victimes au sein des familles, une situation dont l’impact est encore plus important que le retrait (ou l’adjonction dans notre potentiel dispositif) de points.

En outre, le collectif estime que le permis à points serait la seule mesure socialement équitable, car aujourd’hui, ceux qui ont les moyens de payer leurs amendes (perceptions immédiates) continuent à défier la loi sans être inquiétés. Or, avec le permis à points, la sanction serait identique pour tout le monde, indépendamment de sa situation financière. Serait-ce donc le meilleur outil ? Pendant un temps, oui. Mais certainement pas sur le long terme, comme le démontre l’expérience française qui, aujourd’hui, se heurte à plus de récidives ainsi qu’à la multiplication des conducteurs sans permis. Est-ce vraiment mieux ?

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Tous potentiellement meurtriers ?

Enfin, le collectif dénonce aussi l’attitude du MR et du PS qui sacralise le principe de la voiture-liberté, celui qui permettrait de commettre quelques infractions mineures. Or, chaque comportement est potentiellement dangereux et il est donc nécessaire que le Code de la route soit respecté à la lettre, d’autant qu’il est conçu par des experts. Ce n’est pas faux, mais on rappellera aussi au collectif que sa conception date de… 1968, une époque où les conditions de circulation étaient plutôt différentes. Or, il faut l’avouer, les récents aménagements du Code n’ont concerné que quelques panneaux, les amendes ou les règles autour des speed pedelecs. Voilà qui semble bien mince comme évolution en plus de 60 ans…

Autre point défendu : les professionnels de la route sont pointés du doigt par le collectif qui indique que si ceux-ci s’opposent au permis à points, c’est parce qu’ils se permettent de transgresser le Code plus régulièrement que les autres. C’est là encore un raccourci un peu rapide, car c’est plutôt parce que les professionnels de la route passent plus de temps sur les routes qu’ils sont plus exposés, notamment aux toutes petites infractions qui peut aboutir à une perte totale du permis. Le caractère « équitable » est donc plutôt discutable, en tous cas sur ce point.

Que penser de cette lettre ouverte. Que l’on comprend parfaitement les préoccupations de ce collectif. Et qu’il est juste de se battre pour réduire le nombre de victimes sur les routes. Cela dit, il est aussi profondément illusoire de penser qu’un jour, que ce soit en 2050 où après, les accidents et les victimes auront disparu de notre paysage routier. Car la voiture autonome aura aussi ses failles et elle devra poser ses choix lorsque l’imprévu se produira malgré tout. On peut le tourner comme on veut, c’est ça la réalité aussi dure est-elle à lire…

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Par David Leclercq Rédacteur automobile

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