ESSAI Ford Focus RS : Trop facile !

On n'en pouvait plus d'attendre ! Cela faisait plus d'un an que Ford faisait monter le désir en la montrant sous toutes ses coutures, poussant même le vice jusqu’à nous la faire «essayer» comme passager. Mais c'est quand qu'on la conduit !? Ben c'est maintenant…

Publié le 12 février 2016
Temps de lecture : 7 min

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ESSAI Ford Focus RS : Trop facile !

L’industrie automobile a désormais cette (vilaine?) habitude de nous montrer ce qui nous attend des mois, voire des années à l’avance. Parfois, on voit passer les teasers successifs sans grande émotion. Mais quand il s’agit de la dernière-née d’une lignée de sportives de légende comme le sont les Ford estampillées RS, l’attente en devient presque frustrante. Faut bien le dire : pour un mec, regarder mais pas toucher, hein… Alors quand vient enfin le moment de toucher, on risque l’explosion prématurée.

Non non, ceci n’est pas une métaphore scabreuse : comprenez qu’on peut être tellement impatient de cravacher une sportive très attendue qu’on peut, emporté par son enthousiasme, y aller trop fort, trop tôt, et froisser de la tôle. Mais avec la Focus RS, la chose nous semble quasi impossible…

Messianique

Vous l’aurez compris, nous attendions cette Focus RS avec une immense impatience, et nous étions loin d’être les seuls. En effet, pour la première fois de son histoire, elle va traverser les océans et être vendue à peu près partout. Aux USA par exemple, c’est tout juste s’il n’y a pas la file devant les concessions, comme pour la sortie du dernier bidule frappé d’une pomme. La Focus RS va donc répandre la bonne parole du sport à l’européenne sur la planète, une bonne parole faite de joie, de plaisir, d’intensité et de générosité. Car cette génération met la conduite “à la limite” à la portée de tous. C’est tout bonnement hallucinant !

4×4

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A priori pourtant, on pourrait se dire qu’une compacte de 350 chevaux n’est pas à mettre entre toutes les mains. Et de fait, il se trouvera certainement quelques zozos sans jugeote qui détruiront leur Focus RS. Mais on a envie de dire “faut le faire exprès”, tant la voiture rend les choses faciles. Grâce à quoi  ? Grâce à son incroyable transmission intégrale, autre première de la Focus RS. Une transmission intégrale très particulière car par exemple, au lieu de disposer d’un embrayage central qui envoie le couple à l’arrière au besoin, et d’un différentiel arrière qui répartit entre roue gauche et roue droite, aidé, dans le meilleur des cas, par l’ABS qui peut freiner l’une ou l’autre roue pour optimiser la trajectoire, la Focus RS reçoit un arbre de transmission toujours en mouvement, toujours prêt à alimenter le pont postérieur.

Sur ce dernier, on trouve… deux embrayages pilotés, un pour chaque roue, qui décident ensemble de la répartition du couple entre gauche et droite. La répartition avant/arrière peut aller de 100%/0% à 30%/70%. Quant au pont arrière, il peut choisir de tout donner à une seule roue, et peut même transférer 100% d’un côté à l’autre en 0,06 seconde. Outre sa très grande rapidité d’action, l’avantage de ce système en conduite sportive est d’assurer une efficacité de comportement quasi absolue, sans fatiguer les freins. Et il a aussi permis à Ford d’introduire une première mondiale dans l’univers de la voiture de sport : un mode de conduite “Drift”.

Quatre modes

On dispose en fait de quatre modes de conduite dans la Focus RS. En mode Normal, tout est relativement soft : direction, amortissement, réponse de l’accélérateur, configuration du système 4×4, sonorité… Si bien que tout en restant véloce et ultra souple (440 Nm dès 2.000 tours, 470 Nm en phase d’Overboost), la voiture est à peu près aussi confortable et docile en utilisation quotidienne que n’importe quelle Focus. En ça donc, elle diffère de rivales comme la Mercedes A45 AMG, la Subaru STI ou la Honda Civic Type R, bien plus radicales et qui demandent pas mal de concessions. En gardant son calme, il est même possible de maintenir la conso moyenne sous les 9 litres.

En mode Sport, direction, transmission, moteur et échappement durcissent le ton. Mention spéciale pour ce dernier, d’ailleurs, dont les vocalises sont présentes et magnifiquement expressives, sans être envahissantes.

En mode Track enfin, tout est au taquet, y compris l’amortissement et l’ESP. à propos de ce dernier, il faut savoir qu’il est possible de complètement le désactiver, et que pas une fois au cours des essais, sur route ou sur circuit, il ne nous a semblé intervenir. C’est vous dire l’incroyable niveau de la transmission intégrale, qui à elle seule assure le comportement de la voiture.

Reste le mode Drift. Là, tout est en mode Sport, sauf direction et suspensions qui reviennent en mode normal, l’une pour minimiser l’effort sur le volant quand on doit passer d’une butée à l’autre, l’autre pour faciliter la glisse. Ce mode favorise par ailleurs le train arrière pour la même raison. Mais ne vous méprenez pas : cette fonction ne va pas permettre à ceux “qui ne savent pas faire” de subitement savoir. Pour l’utiliser sans bobos, il faut vraiment avoir des notions de braquage/contre-braquage et de dosage des gaz. Le drift étant plutôt l’apanage des propulsions, l’idée est donc de permettre d’y goûter avec une quatre roues motrices, dont le train arrière a en général la mission contraire : garder la voiture sur une trajectoire bien propre. Bref, on a à la fois l’efficacité redoutable d’une AWD, et le fun d’une propulsion. Ils sont fous, chez Ford Performance ! On adore !

Confiance totale

Bien sûr, le mode Drift est amusant mais il ne fait pas la substance de la Focus RS, qui réside plutôt dans les modes Sport et Track. C’est déjà le propre des Focus que de mettre le conducteur en confiance par leur remarquable équilibre. La Focus ST portait cette qualité un cran plus haut et dans la RS, c’est le summum. Quand on attaque très sérieusement une route sinueuse ou un circuit, tout est en place pour qu’on puisse se concentrer sur le plaisir, pas se battre avec la voiture : la direction est d’une précision laser, le grip est énorme et la transmission intégrale fait le reste. Dans cette voiture, le sous-virage n’est possible que si on n’a pas assez de ressources en remettant les gaz à la corde, c’est-à-dire si on n’est pas dans le bon rapport. Vraiment, il suffit d’un minimum de notions de conduite sportive pour tirer des prestations incroyables de cette «magic Focus». En fait, c’est presque trop facile, et les conducteurs qui aiment les voitures sauvages, brutales, trouveront en effet que c’est trop facile. Pour tous les autres, ce sera le bonheur à chaque voyage… au prix d’une berline allemande diesel avec quelques options…

 

Conclusion

La Focus RS a toujours été la référence parmi les compactes ultra-sportives. Mais celle-ci, elle a même de quoi laisser quelques Porsche dans le vent…

 

La Focus RS en quelques chiffres

Moteur : 4 cylindres turbo essence, 2.261cc; 350ch à 6.000tr/min; 470Nm de 2.000 à 4.500tr/min.

Transmission : aux 4 roues.

Boîte : manuelle 6.

L/l/h (mm) : 4.390/2.010/1.472

Poids à vide (kg): 1.599

Volume du coffre (l) : 260

Réservoir (l) : 51

0 à 100 km/h (sec.) : 4,7

Points positifs

Moteur plein de ressources et de caractère

Efficacité inouïe

Facilité d’usage en conduite sportive

Utilisable au quotidien

Points négatifs

Piège à permis

Sièges de série pas adaptés à toutes les morphologies

Coffre sensiblement réduit

Prix : 39.300 € TVAC

Puissance : 350 ch

V-max : 266 km/h

Conso. mixte : 7,7 l/100km

CO2 : 175 g/km

 

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Par Laurent Zilli Professionnel indépendant de la rédaction et de l'édition

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