Clive Sinclair (1940-2021) était avant tout un inventeur de génie. Ce journaliste technique crée à l’âge de 22 ans sa première société de vente par correspondance de pièces de radios. Cependant, il est surtout connu du grand public pour avoir mis au point en 1980 le ZX80, un petit ordinateur personnel abordable qui est un grand succès commercial, tout comme le Spectrum qui le remplace l’année suivante. L’œuvre de Sinclair comprend également quelques bides commerciaux comme la micro télévision TV80 ou la montre Black Watch.
Cependant, son plus gros fiasco reste le tricycle C5, une idée qui partait pourtant d’une bonne intention. L’idée de base était de créer un petit véhicule pour les déplacements urbains, afin de désengorger les centre-ville britanniques qui étaient saturés aux heures de pointe. Il crée alors la Sinclair Vehicles LTD et planche à la conception de toute une gamme de véhicules électriques et compacts. Le premier qui est destiné à être produit en série est le C5, un tricycle électrique. Ce choix s’explique par une législation britannique particulièrement permissive qui dispense ce genre de véhicule d’assurance ou de permis.
Curieux objet de mobilité
Pour développer son idée, Clive Sinclair embauche Barrie Wills comme directeur général, un ancien de chez DeLorean. Dans un premier temps, il envisage de produite le C5 dans l’usine irlandaise de la marque, mais la marque fait faillite en 1982. Il cherche alors un partenaire pour industrialiser son véhicule et c’est finalement Hoover, le fabriquant d’aspirateur, qui est choisi !
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Sinclair se tourne vers le bureau de conception de Lotus qui développe une carrosserie en polypropylène et un châssis en acier. Le C5 dispose d’un moteur alimenté par une batterie 12V au plomb, qui entraîne la seule roue arrière gauche. Des pédales permettent à son conducteur d’assister le groupe propulseur dans les côtes. L’originalité du C5 réside dans le fait que son guidon est situé sous son conducteur, juste devant la selle. Pour faciliter les trajets du quotidien, un coffre permet accueillir un attaché-case. Ce véhicule dispose de son propre éclairage, ainsi que de freins que l’on actionne au moyen de poignées, comme sur un vélo classique.
Mauvais départ
Pour lancer le C5, Sinclair investit dans une grosse campagne de promotion et organise en 1985 une présentation à la presse dans le cadre prestigieux de l’Alexandra Palace, à Londres. Malheureusement, les premières impressions des journalistes ne sont pas bonnes car les exemplaires de présérie qui leur sont confiés ne sont pas vraiment en point. L’autonomie du C5 est particulièrement critiquée, certaines personnes n’ayant pas pu parcourir plus que quelques centaines de mètres avant de tomber en panne d’énergie. Avec un poids de 45 kg, l’engin n’est forcément simple à ramener à la seule force des mollets !
Affiché au prix de 395 livres, le C5 trouve 5.000 propriétaires avant que Sinclair Vehicules LTD ne se retrouve en redressement judiciaire. Le problème est que 14.000 exemplaires ont déjà été construits pas Hoover qui réclame son dû. Les utilisateurs se plaignent du fait d’être vulnérables dans la circulation (un catadioptre placé en hauteur serait même imposé par les autorités britanniques), d’être à la merci des intempéries (des vêtements de pluie seront tout de même proposés en guise d’accessoires) et des gaz d’échappement des voitures, et des piètres performances de l’engin qui atteint 24 km/h en pointe et dont la batterie se dégrade rapidement. Si les premières ventes se font par correspondance, le C5 arrive ensuite dans certains magasins et les clients ne se bousculent pas au portillon : on est très loin des estimations de 200.000 exemplaires par an de Sir Clive (il a été anobli en 1983).
Triste fin
Avec une dette de 15 millions de livres à de nombreux créanciers dont les plus importants sont Hoover et Clive Sinclair lui-même, Sinclair Vehicules LTD doit absolument vendre son stock. Des milliers de C5 sont cédés au prix de 75 livres à des déstockeurs qui les écoulent par la suite comme de simple jouets. Pour Clive Sinclair, cette déroute financière l’oblige à revendre ses activités dans le domaine de l’information à son principal concurrent, Amstrad. Il ne se décourage pourtant pas et crée, en 1992, le Zike, un vélo électrique compact qui ne trouve pas non plus son public.
A la fin de sa vie, l’inventeur britannique met au points des moteurs électriques adaptables sur des vélos et des fauteuils roulant. Si le C5 était très maladroit par son concept bancal, force est de constater que Sinclair a vu juste en prédisant l’avenir d’une nouvelle mobilité douce et électrique. Il suffit de voir le nombre de vélos sur batteries dans la rue pour s’en convaincre. Quant au Sinclair C5, longtemps symbole d’un échec commercial retentissant et véritable cas d’école cité en exemple à ne pas suivre, il fait le bonheur depuis quelques années de collectionneurs qui apprécient son allure désuète et qui n’hésitent à le moderniser avec des batteries au lithium ion afin de continuer à rouler avec cette curiosité des années 80.
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