En soi, il est normal que le directeur général d’un constructeur automobile ne se limite pas à ses propres produits. Comme dans n’importe quel autre secteur, l’industrie automobile regarde trop volontiers « par-dessus le mur » ce que fait la concurrence. Il existe même des gentlemen’s agreements entre les grands constructeurs pour échanger des voitures afin de mieux sentir le travail de l’autre. Sans parler des sociétés dites de « reverse engineering », qui démontent complètement les voitures et revendent les connaissances acquises.
Fait inhabituel, le PDG fait aussi publiquement l’éloge du produit d’un concurrent. C’est le cas de Jim Farley, directeur général de Ford, qui a fait l’éloge de sa Xiaomi SU7 dans le podcast américain Everything Electric Show. L’homme en a fait venir une de Chine au printemps, et il en est tellement satisfait que six mois plus tard, le test de conduite n’est toujours pas terminé.
Comme les Japonais
« J’essaie de rouler avec tout ce que nous affrontons, a déclaré Farley. C’est ce que j’ai fait tout au long de ma carrière. Les spécifications techniques ne disent qu’une partie de l’histoire. Il faut se mettre derrière le volant pour vraiment comprendre et battre la concurrence ».
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Par-dessus tout, l’Américain ne veut pas commettre la même erreur que celle qu’il a faite au siècle dernier face aux Japonais et, plus tard, aux Sud-Coréens. À l’époque, les trois grands (Ford, General Motors et Chrysler) se sont reposés trop longtemps sur leurs lauriers et ont fait une overdose de confiance en leurs propres qualités. Lorsque des constructeurs japonais comme Toyota et Honda ont commencé à proposer des voitures plus économes en carburant et plus fiables, les marques nationales ont soudain dû se mettre au diapason et ont perdu des dizaines de pour cent de parts de marché. M. Farley en a fait l’expérience de l’intérieur, puisque le PDG de Ford a commencé sa carrière chez Toyota dans les années 1990.
Pour répondre à la concurrence de nouveaux acteurs tels que Tesla ou les constructeurs chinois, Ford a lancé une division distincte à l’autre bout du pays, en Californie. Cette opération « skunkworks » travaille indépendamment du département de recherche géant de Detroit, déconnecté des traditions et de la bureaucratie, sur de nouvelles solutions et de nouveaux concepts technologiques. « Même moi, je n’ai pas le droit d’y entrer, déclare Farley. Il faut une approche aussi extrême pour concurrencer BYD ».
L’homme fait référence aux « Skunk Works » historiques de la Seconde Guerre mondiale. À l’époque, l’avionneur Lockheed permettait à une petite équipe d’ingénieurs de travailler de manière indépendante et en toute liberté sur un avion de combat, afin qu’il soit prêt à être déployé au combat le plus rapidement possible.
Le Taycan chinois
Le SU7 est parfois appelé la Porsche Taycan chinoise, en raison de ses similitudes extérieures, mais aussi de ses performances. Il est disponible avec une batterie de 101 kWh et deux moteurs électriques, qui totalisent 673 ch.
Pour l’instant, elle n’est commercialisée qu’en Chine, à un prix d’entrée de gamme doux à la conversion : la version de base avec un seul moteur coûte environ 30 000 euros. Pas mal pour une berline cinq places de 5 mètres de long, qui plus est joliment habillée.
Le géant de la technologie Xiaomi a investi des milliards dans sa première voiture et ambitionne de devenir l’un des grands acteurs mondiaux du genre. Il ne construit pas lui-même la voiture, mais fait appel à BAIC, l’un des principaux constructeurs chinois. Xiaomi est surtout connu comme fabricant de smartphones et de tablettes. Son histoire n’est donc pas sans rappeler celle d’Apple. On sait qu’elle aussi rumine depuis des années le projet d’une voiture électrique. Ce travail, contrairement à celui de Xiaomi, a cessé depuis.
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