La rentabilité des constructeurs chinois va-t-elle éclipser celle des Européens ?

Longtemps raillés, les constructeurs chinois affichent des niveaux de rentabilité hors du commun. BYD par exemple a vu son bénéfice multiplié par cinq au premier trimestre 2023 et ce en dépit de gros investissement destinés à poursuivre sa croissance.

Publié le 4 mai 2023
Temps de lecture : 4 min

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La rentabilité des constructeurs chinois va-t-elle éclipser celle des Européens ?

En Europe, beaucoup considèrent que les constructeurs automobiles chinois sont encore balbutiants. Que ceux-ci cherchent encore un modèle de rentabilité et que jusqu’ici, leur existence n’est due qu’à de plantureux subsides du gouvernement chinois qui vise la transition vers la voiture électrique. Désolé de les décevoir, mais cette vision est totalement erronée et les constructeurs chinois n’ont en fait aucune leçon à recevoir. Au contraire, ils sont aujourd’hui pleinement en mesure d’en donner.

Il suffit de prendre l’exemple du constructeur BYD (Build Your Dreams) pour s’en convaincre. Car les chiffres publiés pour ce premier trimestre de 2023 sont tout simplement époustouflants. Sur un an, le bénéfice du constructeur a en effet augmenté de +411% pour atteindre 4,1 milliards de yuans ou 539 millions d’euros. Plus fort encore : la marge bénéficiaire brute de la marque est passée de 12,4% à 17,9%, soit pas loin de ce que réalise Tesla (19,3% sur le premier trimestre 2023, mais ce chiffre va forcément descendre avec les réductions de prix).

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Volume et la rentabilité

Beaucoup pensent souvent que faire du volume (de vente) est une stratégie court-termiste qui grignote les marges. Lors de son arrivée à la tête de Renault, c’est d’ailleurs ce que Luca de Meo par exemple avait décidé : réduire les volumes, arrêter de vendre à tout prix et conserver les marges sur les véhicules. Idem pour Carlos Tavares chez Stellantis. C’est d’ailleurs cette même approche qui pousse ces deux dirigeants à ne pas entrer dans la guerre des prix initiée par Tesla.

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Or, ce que fait BYD – ainsi que d’autres constructeurs chinois –, c’est précisément démontrer qu’on peut vendre des quantités de voitures tout en gagnant beaucoup d’argent. Au cours du premier trimestre 2023, BYD a augmenté sa production ainsi que ses ventes qui tournent pour les trois premiers mois à hauteur des 550.000 voitures, soit deux fois plus qu’à la même époque il y a un an. BYD a même dépassé Volkswagen qui était la plus grande marque automobile en Chine depuis 2008 !

Malgré la guerre des prix

Avec la communication de pareils résultats, BYD surprend les analystes, car cette croissance presque indécente s’opère à la fois un contexte de guerre des prix (déclarée par Tesla), mais aussi dans un contexte de gros investissements réalisés par la marque chinoise ces dernières années. En effet, BYD a construit de nombreuses nouvelles usines et la plupart d’entre ne tournent pas encore à 100% de leurs capacités, ce qui devrait peser sur les marges.

BYD

En 2023, BYD escompte vendre entre 3 et 3,7 millions de voitures, soit deux fois plus que l’an dernier. De ce fait, les marges bénéficiaires augmenteront encore, notamment avec l’introduction de modèle de luxe plus rentables. Il ne faut donc pas chercher plus loin l’appétit des vieux loups de la finance pour BYD, comme Warren Buffett qui, via sa société d’investissement Berkshire Hathaway, détient encore 10% de participation dans BYD. L’homme d’affaires vient de revendre les autres 10% qu’il détenait début avril 2023.

Quel est le secret ?

On pourrait se demander comment BYD parvient à de tels résultats qui semblent impossibles à atteindre pour l’industrie automobile occidentale. La réponse est évidente : BYD maîtrise toute la chaîne de valeur de la production. Le constructeur possède en effet ses propres mines, des usines de traitement pour les matières premières, il fabrique lui-même ses cellules et packs de batterie et même ses propres… semi-conducteurs, ceux-là même qui ont posé tant de problèmes lors de la reprise économique d’après-crise.

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Oui, les constructeurs automobiles chinois sont forts. Et ils vont encore se renforcer dans les mois et années qui viennent. Car sur les 550.000 voitures écoulées sur ce premier semestre, seules 117.000 sont parties à l’étranger (117 en Belgique). La marge de manœuvre est donc encore énorme, d’autant que de nouveaux modèles vont s’ajouter à la gamme, dont un étonnant petit véhicule très abordable vendu autour des 10.000 euros. À l’heure où les constructeurs européens (et occidentaux en général) tentent de se réorganiser depuis 3 ans pour sécuriser leurs filières d’approvisionnement, il semble que les Chinois aient pris une avance difficilement rattrapable…

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Par David Leclercq Rédacteur automobile

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