ÉDITO – Pourquoi Carlos Tavares va toucher 35 millions d'euros alors qu'il a mis Stellantis à genoux ?

Tous les lundis, Gocar.be vous propose l'édito qui analyse un sujet du secteur. Aujourd'hui: : Carlos Tavares et son plantureux parachute doré. Tavares a été remercié en décembre dernier. La raison de la séparation : son incapacité à redresser la barre du bateau Stellantis. Mais la sortie est royale : le groupe va verser 35 millions d’euros à son ancien dirigeant.

Publié le 21 avril 2025
Temps de lecture : 4 min
ÉDITO – Pourquoi Carlos Tavares va toucher 35 millions d'euros alors qu'il a mis Stellantis à genoux ?

En décembre dernier, Carlos Tavares, patron emblématique de Stellantis et architecte de la fusion entre PSA, Chrysler et le groupe Fiat, a été débarqué avec effet immédiat de son immense paquebot regroupant 14 marques. On a d’abord pensé à un départ à l’amiable, mais il n’en était rien. Le Conseil d’Administration du groupe en a eu assez des méthodes musclées du dirigeant, des coupes budgétaires brutales et de ses bras de fer permanents avec les fournisseurs ou le personnel.

Il fallait rétablir la confiance dans le groupe, aussi vis-à-vis des acheteurs qui ont aussi souffert avec notamment des problèmes de fiabilité (1.2 Puretech) que Stellantis n’a pas (ou si peu) assumé pendant longtemps.

EmployeesatHordainFrancemanufacturingfacility

Jackpot quand même

Si Tavares part, il ne le fait pas sans rien. En effet, les actionnaires réunis en assemblée générale ont voté le versement à Carlos Tavares de 23,1 millions d’euros, une somme qui fait office de première provision. Car Tavares va encore toucher 12 millions d’euros supplémentaires d’ici quelques mois, une somme qui correspond à ses indemnités de départ ainsi qu’à un... bonus de 10 millions d’euros. Au total, l’ancien dirigeant va donc empocher 35 millions d’euros.

Publicité – continuez à lire ci-dessous

Ce type de transaction continue de surprendre – voire d’énerver – de nombreux observateurs et les salariés en premier lieu.  Car avec son seul salaire de 23,1 millions d’euros pour 2024 (en baisse de 37% par rapport à celle versée en 2023, soit 36,5 millions d’euros), Tavares a touché 350 fois le salaire moyen d’un travailleur du groupe.

Une logique à conserver ?

Certains organismes appellent les actionnaires à ne plus voter en faveur de ce genre de parachute doré. C’est le cas de Proxinvest, un cabinet-conseil en procuration interrogé par Bloomberg, qui estime qu’il n'est pas acceptable d'accorder des indemnités de départ à un dirigeant qui a conduit une entreprise à une situation d'échec. Plutôt logique comme raisonnement.

CarlosTavaresPresentationPressConferenceDareForw

Mais le cas de Stellantis est évidemment particulier, car pendant longtemps, Tavares a été le patron automobile le mieux payé de la planète. Ce qui est aussi le cas d’autres dirigeants du groupe ou de simples consultants extérieurs. Bien évidemment, personne ne met en doute les capacités de Tavares et le travail accompli. Mais personne n’est infaillible et lorsque la partie se termine par un échec et mat, il est clair que le versement de telles sommes sonne comme une récompense qui n’a pas lieu d’être. Naturellement, l’automobile n’est pas un exemple unique de ce genre de pratique. Il est certain que dans le contrat d’un dirigeant, il est nécessaire d’indiquer une clause de sortie. Mais socialement, il est aussi inacceptable qu’en cas d’erreur comme c’est le cas ici, les sommes versées soient aussi faramineuses.

Stellantis est toujours à la recherche d’un remplaçant par Tavares. L’entreprise a promis que son identité serait connue au cours de ce premier semestre de 2025. Mais jusqu’ici, il n’y a pas eu de fumée blanche. Il faudra voir si le groupe revoit sa politique de rémunération de son plus haut dirigeant. Ce qui semble évident, car le groupe est toujours en difficulté, cumulant la faiblesse de la demande européenne à la chute de 20% des ventes aux États-Unis. Dans l’intervalle, Carlos Tavares se porte très bien. Il vient d’annoncer se mettre au service de l’économie portugaise – son pays – en jouant un rôle clé dans la compagnie aérienne nationale TAP tandis qu’il a aussi acquis un domaine viticole dans le Douro où il fabrique du porto. Assurément, Tavares va continuer à couler des jours heureux – et bien rémunérés – loin des tumultes de Stellantis qu’il a pourtant engendré.

À la recherche d'une voiture ? Cherchez, trouvez et achetez le meilleur modèle sur Gocar.be

En savoir plus sur
Par David Leclercq Rédacteur automobile
Gocar marketplace
Vous cherchez un véhicule neuf ou d'occasion ?
Hybride, électrique ou thermique ? Neuve ou d'occasion ? Spécialiste dans la recherche de véhicules neufs, d’occasions et sur toute l’actualité automobile.

Sur le même sujet

Gocar newsletters
Gocar est la référence. Que ce soit sur les dernières actualités auto ou les sujets brûlants de mobilité !
Abonnez-vous à notre newsletter Gocar pour rester au top de l’information et connaître tous les bons plans !