ANALYSE – La Russie gagne toujours des milliards d’euros avec les hydrocarbures

Depuis un an et l’invasion en Ukraine, les Occidentaux ont tenté d’assécher économiquement la Russie, notamment en limitant le financement de la guerre avec la vente d’hydrocarbures. Cela dit, si cette stratégie fonctionne, la Russie gagne encore plus de 500 millions d’euros par jour avec les exportations d’énergies fossiles.

Publié le 3 mars 2023
Temps de lecture : 5 min

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ANALYSE – La Russie gagne toujours des milliards d’euros avec les hydrocarbures

Depuis un an, les pays occidentaux tentent de lutter contre la Russie au moyen de subterfuges essentiellement économiques et concentrés sur les hydrocarbures. Car l’industrie russe est déclinante et c’est surtout du commerce des matières premières et des hydrocarbures que le pays tire ses revenus. Dans le monde, la Russie pèse environ pour 10% de la production des énergies fossiles, ce qui est évidemment colossal.

Cela dit les revenus issus de la vente d’hydrocarbures auraient diminué de 50% en un an. En effet, selon le dernier rapport du Centre de recherche sur l’énergie et l’air pur (le CREA, un centre de recherche finlandais), la Russie gagnerait encore 560 millions d’euros par jour grâce aux exportations d’énergies fossiles. C’est beaucoup, mais c’est aussi la moitié des 1130 millions d’euros engrangés quotidiennement l’an dernier. Il n’en reste pas moins que la Russie a toutefois gagné plus de 30 milliards d’euros rien qu’au cours des moins de janvier et de février 2023.

Poutine n’avait pas prévu une union

L’erreur de Poutine a été de croire que, trop dépendante des énergies fossiles russes, l’Europe ne s’unirait pas contre l’invasion en Ukraine. Or, c’est exactement ce que les Européens ont fait : un embargo sur le charbon en août 2022, sur le pétrole brut en décembre 2022 et sur les produits raffinés en février 2023. Et pour le gaz, c’est manifestement Poutine qui a décidé de nous couper l’approvisionnement. Mais là aussi, ça n’a pas été une réussite, l’homme fort de Moscou ayant été obligé de brûler ses surplus, car, en l’absence d’autres gazoducs, cette production ne pouvait pas être réexportée.

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Encore 100 millions d’euros par jour

Cela dit, l’Europe n’est toujours pas affranchie des hydrocarbures russes indique le CREA et les pays de l’UE envoient encore quotidiennement 100 millions d’euros vers les caisses russes. Aujourd’hui, l’Europe reste le deuxième client de la Russie pour ce qui touche aux hydrocarbures, derrière la Chine. Contrairement à ce qu’on pourrait croire, les importations en produits énergétiques russes de l’empire du Milieu sont restées globalement stables. D’autres pays par contre ont augmenté leurs achats comme l’Inde tandis que d’autres ont conservé un niveau d’importation très élevé. C’est le cas du Japon, de la Corée du Sud ou encore de Taïwan. D’autres pays profitent par ailleurs de l’opportunité de se procurer du pétrole moins cher : Brésil, Turquie, Tunisie, Algérie, Égypte, Émirats arabes unis ou encore le Maroc.

Le plafonnement des prix a-t-il un impact ?

Le CREA relève toutefois que le plafonnement du prix du brut russe à 60 dollars le baril a peu d’impact sur le marché, car le Kremlin ne concède qu’environ 15 dollars le baril aux producteurs de pétrole et les autorités perçoivent le reste sous forme d’impôts. Les revenus de l’État russe sont donc assurés grâce au faible coût d’extraction. Et il faut noter que le plafonnement ne concerne en outre pas le pétrole exporté depuis les ports russes d’Extrême-Orient et qui est acheté par la Chine et transporté par… des supertankers assurés par des sociétés européennes.

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Quelle tendance pour 2023 ?

Que faut-il attendre pour 2023 sachant que les recettes de l’État russe n’ont été que peu affectées grâce aux prix élevés des produits pétroliers sur les marchés ? Selon les projections du CREA, la pression sur les revenus de la Russie s’intensifie. Car en janvier 2023, les recettes sur le pétrole et le gaz ont chuté de 54% par rapport à décembre 2022 et de 46% par rapport à janvier 2022. Les Russes peinent à trouver des acheteurs pour leurs hydrocarbures et lorsque c’est le cas, c’est au prix d’importantes ristournes. Cette situation est d’ailleurs à l’origine de l’annonce de la réduction de la production russe à partir du mois de mars 2023 (5%, soit 0,5 million de barils par jour).

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Dans ce contexte, on peut s’attendre à une détérioration de l’économie russe au cours de l’année 2023. Au point d’ailleurs que pour conserver ses rentrées financières, le gouvernement pourrait augmenter les taxes et finalement vendre son pétrole à perte, au moins pour les barils vendus à un prix plafonné. Surtout si l’Europe adopte de nouvelles sanctions, comme un abaissement du prix plafond à 30 dollars le baril, ce qui priverait la Russie de 150 millions d’euros par jour. Et en interdisant totalement les importations de gaz, on pourrait encore amputer les rentrées financières journalières russes de 90 millions d’euros.

Mais est-ce vraiment possible ? À voir, car il faudrait renforcer les contrôles, surtout envers les autres pays qui sont tentés d’acheter du pétrole russe et de le revendre dans la foulée en empochant un beau bénéfice. À moins d’un consensus international qui semble peu réaliste à l’heure actuelle, il est probable que la Russie conserve un certain niveau de rémunération avec ses hydrocarbures. Et donc une source de financement pour sa guerre.

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Par David Leclercq Rédacteur automobile

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