Précurseur de la mobilité électrique avec ses Fluence, Zoé et Kangoo Z.E. Renault aura pris son temps pour développer une motorisation hybride, la Clio caracolant de toute façon dans le peloton de tête des ventes en France et en Europe. Mais avec les normes d’émissions toujours plus drastiques imposées par l’Europe, le constructeur français n’a eu d’autre choix que d’électrifier sa compacte sur ce segment âprement disputé, et la solution full-hybride semblait la plus rapide et sans doute la moins onéreuse à mettre en œuvre à ce niveau de gamme. En face, cela fait 9 ans déjà que Toyota propose sa Yaris en motorisation hybride. Neuf années durant lesquelles la japonaise est restée sans concurrence directe, à l’exception notable de l’excellente Honda Jazz lancée en même temps qu’elle. Bien que le conducteur français ait pris son temps, il reste donc ironiquement parmi les pionniers en la matière.
La sagesse et l’ambition
Dans la réalisation de la dernière génération de leurs citadines, Toyota et Renault ont pris des directions diamétralement opposées. Exemple même de la sagesse nipponne jusqu’alors, la Yaris faisait preuve d’une sobriété tant comportementale (nous y reviendrons) qu’esthétique. Les designers semblent enfin avoir viré leur cuti : la bouche béante et les épaules marquées apportent une vraie personnalité à la japonaise.
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En face, la Clio fait le chemin inverse. Elle reste pratiquement inchangée par rapport au précédent modèle à l’extérieur, mais se veut plus cossue, plus élégante, mais aussi moins tape-à-l’œil que sa concurrente. Une prestance en hausse qui se remarque surtout à l’intérieur, où le nouveau meuble de bord caractérisé par son large écran de 9,3 pouces intégré dans un écrin joliment dessiné renvoie un sentiment résolument haut de gamme. Pour notre finition d’essai Initiale Paris en tout cas, mariant sellerie cuir, matériaux moussés et touches de chrome discrètes avec une réelle précision dans les assemblages.
Sur ce point, sa rivale ne peut lutter. Son meuble de bord est désormais aussi expressif que l’extérieur, mais adopte des formes plus torturées. Et surtout, tout est noir de chez noir, y compris le pavillon de toit. On aimera, ou pas. Mais c’est surtout sur le plan de la qualité perçue que la Yaris marque le pas, avec ses plastiques rigides peu agréables au toucher. En revanche, celle-ci offre des sièges mieux dessinés et un meilleur maintien latéral en courbes.
En matière d’habitabilité, les 10 cm que rend la Yaris à la Clio se ressentent. Les places arrière de la japonaise ne sont ni accueillantes ni faciles d’accès, et la garde au toit est limitée. La française propose en outre un coffre (un peu) plus grand : 301 litres contre 286. Enfin, statu quo en termes d’info-divertissement et d’aides à la conduite peu ou prou similaires, celles de la Clio se montrant toutefois un peu plus progressives dans leurs interventions.
Drôles de boîtes
Derrière leur appellation hybride, Clio et Yaris n’ont en commun que le fait de pouvoir rouler à l’électricité et à l’essence. Mais les moyens qu’elles emploient sont radicalement différents. La japonaise emploie un moteur 3 cylindres 1.5l 91ch assorti d’une boîte CVT à train épicycloïdal qui intègre le moteur électrique de 80 chevaux. Le tout pour une puissance totale de 116 chevaux. Sa rivale embarque un moteur 4 cylindres 1.6l 91ch, associé à deux moteurs électriques : l’un de 49 chevaux, l’autre de 20. Ceux-ci peuvent travailler individuellement ou tous ensemble pour procurer un total de 140 chevaux. L’architecture de la boîte de vitesses est tout aussi étonnante : il s’agit d’une boîte à crabots configurée « multimodes », connectée aux moteurs électriques et thermique qui promet plus de douceur dans les démarrages et les enchaînements de rapports.
Douceur
Sur les deux modèles, le démarrage se fait en mode électrique, rapidement rejoint par le moteur thermique en raison de la capacité très limitée des batteries de 1,2 kWh. Dans ces conditions, le bouton EV permettant de rouler exclusivement à l’électricité ne semble d’aucune utilité. Mais là n’est pas la raison d’être de ces motorisations full-hybrides, prévues pour alterner en permanence entre leurs diverses motorisations. Un jonglage qui s’effectue de manière moins sensible sur la Yaris. Moins audible aussi, car sur la Clio, le moteur essence fait office de générateur pour recharger la batterie, ce qui peut engendrer des montées en régime assez sonores, y compris l’arrêt. C’est dommage car sur la route, le système global de la française se montre très agréable, notamment lors des relances, où sa concurrente paie toujours le tribut désagréable du « moulinage » imposé par sa boîte de vitesses si spécifique. Notons tout de même des progrès notables en la matière. Dans la Clio, les passages de rapports sont parfois sensibles, mais cela participe au feeling global plus naturel que celui de sa concurrente. En bonne française, elle est aussi la plus confortable des deux, la japonaise se montrant particulièrement sèche en amortissement sur route dégradée.
Yaris des villes…
Le point déterminant au moment de choisir une hybride est sans doute la consommation. Les valeurs homologuées à 4,3l/100km pour la Renault et 3,7l/100km WTLP pour la Toyota sont la promesse d’un usage économique, mais qu’en est-il en pratique ? Pour départager nos concurrentes du jour, nous avons concocté un parcours d’une centaine de kilomètres mêlant la traversée de notre capitale et portions roulantes et chemins de traverse à travers les deux Brabant, avant de finir par une généreuse section d’autoroute. Rapidement, la Yaris prend l’avantage en ville, et se montre d’une agilité étonnante lorsqu’il s’agit de jongler entre ses deux énergies. La proportion de roulage en mode électrique est impressionnante, tout autant que sa faculté à récupérer de l’énergie lors des décélérations. Dans cet environnement, nos deux concurrentes peuvent compter sur un mode « Brake », activable via le levier de vitesses, qui favorise la régénération au prix d’une décélération très marquée. Avec quelques notions d’anticipation, on parvient ainsi à se passer d’un freinage et d’un arrêt total à plusieurs reprises. Mais au moment de quitter la ville, le constat est là : 5l/100km pour la Yaris, 0,8 litre supplémentaire pour sa rivale.
Clio des routes…
Cette différence s’amenuisera légèrement au fil des kilomètres parcourus à battre la campagne, pour se stabiliser à 0,5l/100km, la japonaise réclamant au final 4,8l/100km, la française 5,3l/100km. Les dés semblaient donc jetés, mais c’était sans compter sur la dernière portion d’autoroute parfois vallonée de notre road-book. Sans y être à la peine, le système hybride de la Yaris s’y est trouvé moins à l’aise, la Clio profitant de sa puissance supérieure et de sa boîte permettant un régime moteur plus adéquat à hautes vitesses pour se montrer plus généreuse et moins gourmande. A tel point qu’au moment de relever les valeurs aux compteurs de nos voitures une fois arrivé au terme de notre essai, la différence s’était considérablement réduite. La consommation moyenne de la Clio s’était maintenue à 5,4l/100km tandis que celle de la Yaris était remontée à… 5,1l/100km. Cela s’est donc joué dans un mouchoir de poche !
Et les prix ?
Au catalogue, la Yaris est affichée à partir de 21.300€ en finition d’entrée de gamme, contre 22.900€ pour la Clio. Dans les deux cas, l’équipement ne manque de rien puisqu’il inclut d’office la climatisation, l’allumage automatique des phares, le freinage d’urgence automatique et le régulateur de vitesse. Mais dans les deux cas, il faudra monter en gamme pour profiter des capteurs et de la caméra de recul, des assistants de conduite divers (maintien de voie, angles morts…), du volant chauffant ou de l’écran multimédia complet. Au final, les versions haut de gamme illustrées ici culminent à 29.330€ pour la Toyota Yaris Première toute équipée, 29.050€ pour la Renault Clio Initiale Paris à équipement comparable.
Conclusion
Une chose est certaine : si votre choix se tourne vers une citadine hybride, la Yaris comme la Clio sont deux alternatives très convaincantes. Le choix de l’une ou l’autre semblera finalement dicté par vos habitudes de déplacements. Vous roulez beaucoup en ville ? Grâce à son gabarit plus compact et son système hybride parfaitement rôdé à cet environnement, la Yaris est faite pour vous. Vos trajets alternent souvent entre ville, route et autoroute ? La Clio, par son moteur plus puissant et son système hybride plus apte à vitesse élevée semble la plus indiquée. Dans les deux cas, la satisfaction sera au rendez-vous, et peut-être les éléments subjectifs tels que l’esthétique ou l’ambiance à bord finiront-ils de faire pencher la balance pour l’une ou l’autre de ces reines au moment de l’achat.
La Clio E-Tech en quelques chiffres
Moteur : 4 cylindres, hybride, 1.598cc, 140ch à 5.600tr/min, 205 Nm.
Transmission : aux roues avant.
Boîte : automatique 4 rapports + automatique 2 rapports (élec).
L/l/H (mm) : 4.050/1.798/1.440
Poids à vide (kg) : 1.238
Volume du coffre (l): 301
Réservoir(l) : 39
0 à 100 km/h (sec.) : 9,9
Prix : 22.900 € TVAC
Puissance : 140 ch
Vitesse maxi : 180 km/h
Conso. mixte : 4,3 l/100km
CO2 : 96 g/km
La Yaris Hybrid en quelques chiffres
Moteur : 3 cylindres, hybride, 1.497cc ; 116ch à 4.800 tr/min ; 141 Nm.
Transmission : aux roues avant.
Boîte : automatique à variation continue.
L/l/H (mm) : 3.940/1.745/1.500
Poids à vide (kg) : 1.105
Volume du coffre (l): 286
Réservoir(l) : 36
0 à 100 km/h (sec.) : 9,7
Prix : 21.300€ TVAC
Puissance : 116 ch
Vitesse maxi : 175 km/h
Conso. mixte : 3,7 l/100km
CO2 : 85 g/km
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