Après avoir été raillées pendant des années avec leurs voitures sans style et des technologies anciennes, les voitures chinoises ne présentent aujourd’hui plus du tout les mêmes traits. Au contraire, les constructeurs chinois ont comblé leur retard en quelques années seulement, plus vite encore que ce qu’avaient fait les constructeurs coréens face aux Occidentaux et aux Japonais il y a 20 ans. Mieux : les constructeurs chinois dont déjà devenu les premiers exportateurs d’automobiles dans le monde, devant le Japon. La période est donc historique.
Dans ce contexte, les constructeurs européens font grise mine, car rien ne semble pouvoir arrêter la déferlante de voitures chinoises (et électriques) qui se préparent. Il faut dire que ces modèles asiatiques ont tout pour séduire les consommateurs, à commencer par un prix défiant toute concurrence et qui découle de la maîtrise complète de la chaîne de valeurs de la voiture électrique par les constructeurs chinois. En clair : ceux-ci ont tout mis en place pour réussir haut la main une superbe OPA sur le marché automobile. Largo Winch en serait jaloux.
La faute à qui ?
Beaucoup d’Européens restent naturellement attachés aux marques du vieux continent. Et c’est bien normal. Cela dit, cet attachement entraîne parfois l’adoption de points de vue boiteux et assez éloignés de la réalité. Certes la déferlante de voitures chinoises ne fait que commencer et, oui, elle menace directement notre industrie automobile qui était jusqu’ici particulièrement prospère. Mais la faute à qui ?
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Bonne question et, réponse évidente : c’est une combinaison de facteurs, mais dont une bonne part relève moins de l’action des constructeurs chinois que des décisions politiques européennes ainsi que de l’inaction de… nos constructeurs ! On s’explique.
Comme on le sait (et à moins d’un gros revirement), l’Europe va imposer la voiture électrique à l’horizon 2035 pour des questions de transition énergétique. En cela, sachant l’avance que les Chinois est considérable, prendre une telle décision revient logiquement à leur dérouler un tapis rouge, d’autant que les différents États européens qui accordent des subsides à l’achat n’excluent pas les voitures fabriquées hors Europe de leur programme (comme le font les Américains). Dans le même ordre d’idées, les hautes instances européennes ne lèvent pas non plus de droits de douane sur ces véhicules importés d’Asie, alors que la Chine, elle, a mis des barrières douanières pour les véhicules importés.
Les constructeurs aussi en cause
En outre, on peut se poser la question des progrès fulgurants accomplis par les constructeurs chinois ces dernières années. Et si ceux-ci ont été possibles, pourquoi ne le sont-ils pas chez nous ? Est-ce que l’industrie automobile européenne ne s’est pas voilé la face, préférant réduire ses émissions en bricolant plutôt qu’en embrassant vraiment la transition énergétique et en mettant sur pied de nouvelles filières dignes de ce nom ?
La réponse est évidemment positive et elle est d’ailleurs appuyée par Michel Forissier, ex-patron l’ingénierie de Valeo aujourd’hui retraité et qui n’a pas sa langue en poche. Interrogé par Caradisiac, celui-ci indique ces dernières années, les constructeurs européens ont péché par gourmandise, voulant sans cesse accroître leurs profits. Ainsi, les prix des voitures ont augmenté de 30% (soit bien plus que l’inflation) pour augmenter les marges, ce qui, du même coup, a ouvert un boulevard aux constructeurs chinois.
De ce fait, les ventes des constructeurs se sont effritées, tout comme les volumes puisque ceux-ci ne vendent plus non plus aux loueurs de courte durée qui alimentent fortement le marché de l’occasion. Et, sans surprise, ce terrain de jeu est désormais aussi occupé par les Chinois (BYD chez Sixt, Aiways chez Hertz, etc.).
Les garagistes pris à la gorge
Pour Michel Forissier, les garagistes sont pris à la gorge par les marques occidentales qui leur imposent des conditions de plus en plus inacceptables. Au point que ceux-ci se jettent assez naturellement dans les bras des Chinois.
Ce sont tous ces éléments qui ont créé la situation actuelle. Est-il trop tard pour autant ? Sans doute pas. Mais il y a urgence. Et redresser la tête nécessiterait à la fois une remise en question des constructeurs européens, mais aussi des décisions coordonnées en matière de politique industrielle, comme l’a fait la Chine en son temps et comme viennent de le faire les États-Unis, le Canada et le Mexique.
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