Il s’appelle Apollo et il s’apprête à travailler à son poste dans l’usine Mercedes-Benz de Berlin. Sauf qu’Apollo n’est pas un humain, mais un robot humanoïde. Cette scène a pris place en Allemagne devant des journalistes plutôt surpris. Il a effectué quelques tâches bien réelles pour montrer ses compétences, tout en levant le pouce une fois son travail accompli. Cette étonnante démonstration ne sort pas d’un film promotionnel ou de science-fiction : le constructeur vient en effet de lancer un projet-pilote qui vise à doter les chaînes de production de la marque de ce type de robot d’ici 2030. « Vers 2030, nous verrons au moins quelques robots humanoïdes sur la chaîne de production », a déclaré Jörg Burzer, responsable de la production chez Mercedes-Benz.
La grande exploration
Cette présentation n’est pas anodine et elle démontre ô combien les constructeurs automobiles (et d’autres industries manufacturières) n’ont pas attendu pour se mettre à explorer la possibilité de nouveaux outils de production pilotés par l’intelligence artificielle (IA), dont le robot humanoïde qui, de par ses similarités avec nos corps, permet de travailler dans des environnements variés, de changer d’emplacement tout en continuant à apprendre.
Mercedes n’est pas le premier à le faire. En effet, Honda, Hyundai, mais aussi BMW expérimentent les robots-humanoïdes pour effectuer des tâches répétitives et fastidieuses. Forcément, Elon Musk en a aussi parlé pour Tesla. Son robot, Optimus, est pressenti pour être opérationnel dans les usines de la marque dès la fin de cette année. Mais en l’absence de nouvelle, on se dit qu’une fois de plus Musk a communiqué avec un peu trop d’optimisme.
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Suite logique ?
Cette nouvelle évolution qui se profile va dès lors encore s’ajouter à toutes celles qu’a connues le secteur au cours des dernières décennies, comme l’apparition des robots stationnaires, chargés des tâches de soudage et de déplacement de lourdes pièces. On pensait il y a deux ou trois ans que les exosquelettes constitueraient une étape avant l’arrivée des robots humanoïdes, mais ces exosquelettes (un squelette « enfilé » par un ouvrier et qui lui permet de soulager son dos et ses jambes lors de tâches pénibles) n’auront pas fait long feu, probablement avec l’arrivée plus rapide que prévu de l’intelligence artificielle.
Dans un premier temps, les tâches des robots humanoïdes seront, semble-t-il, limitées et il ne s’agirait que de tâches répétitives et considérées comme dangereuses ou néfastes pour les travailleurs humains.
Jörg Burzer a indiqué que les premiers robots humanoïdes seraient sans doute utilisés dans ce qu’il a appelé des « zones de prélèvement », c’est-à-dire des zones où sont stockées les pièces et être déposées sur des charriots qui sont amenés sur la chaîne. Aujourd’hui, ce travail de changement est assuré par des humains, mais la tâche est lourde et pénible. Mais l’intérêt de Jörg Burzer est aussi ailleurs : éviter les erreurs. En effet, il arrive régulièrement que de mauvaises pièces soient embarquées sur les modules de livraison. Selon lui, l’intelligence artificielle pourrait éviter ces erreurs et donc faire gagner du temps.
Investir dans les robots ?
Mercedes aurait investi un montant d’environ 10 millions d'euros dans Apptronik, la société américaine (Texas) qui fabrique le robot Apollo qui recourt à une IA développée par Google DeepMind.
Mais que penser de cette nouvelle vague de robotisation dans les usines ? Ne faut-il pas craindre pour l’emploi ? C’est un peu toujours la même chose : le nombre de travailleurs humains dans l’industrie manufacturière est appelé à toujours plus se réduire dans les années qui viennent. C’est une tendance amorcée depuis quelques décennies et qui continuera à s’amplifier, on n’y échappera pas. Car si dans un premier temps Apollo s’en tient à des tâches simples ou l’assistance de travailleurs, il ne fait nul doute que d’ici un certain temps, le robot humanoïde va pouvoir toujours traiter plus de fonctions et de postes, sauf les ultra-complexes qui demandent de courir autour de la voiture pour assembler des éléments ou visser des composants. Car actuellement, les mouvements des robots sont encore grossiers et ils n’atteignent évidemment pas la finesse ou la progressivité humaine.
Dans un premier temps, Mercedes-Benz reste rassurant, indiquant qu’Apollo sera là uniquement pour soulager les travailleurs. Et pour gagner en efficacité, car Jörg Burzer indique que les robots continuent de travailler lorsque les humains ne sont pas de service ou sont en pause. « Une chose est sûre, c'est qu'ils ne boivent pas de café », a-t-il indiqué. Blague ou lapsus ? Car on sait évidemment que cela évoluera et probablement rapidement grâce à l’IA. Cela dit, il y aura toujours des tâches avec plus de valeur ajoutée. Et ce sont les ouvriers qui auront compris qu’il faut se concentrer sur celles-ci qui resteront.
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