Économie

L’industrie automobile européenne est-elle déjà condamnée à un rôle secondaire ?

L’assureur-crédit Allianz Trade tire la sonnette d’alarme. Sans intervention de l’Union européenne, notre industrie automobile locale risque de devenir l’ombre d’elle-même. Telle est la conclusion de son étude publiée dans le Global Auto Outlook.

Piet Andries | Publié le 29 mars 2024 | Temps de lecture : 8 min

Les signaux pleuvent dans l’industrie automobile. Après l’effondrement des ventes de véhicules électriques, l’agitation autour des droits de douane sur les marques chinoises et les appels de plusieurs patrons de l’automobile en faveur de mesures mieux ciblées, c’est cette fois l’assureur-crédit Allianz Trade qui tire la sonnette d’alarme. Son rapport annuel Global Auto Outlook dresse un tableau peu optimiste de l’avenir des marques automobiles européennes.

Dans son étude, l’assureur met l’accent sur les différences régionales globales. « Le rôle perturbateur de la Chine est crucial, explique Johan Geeroms, directeur de la souscription des risques chez Allianz Benelux. Surtout dans le domaine des véhicules électriques. Les Chinois ont des kilomètres d’avance. Les conséquences seront dramatiques pour les constructeurs automobiles européens qui ont trop attendu. »

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Le problème des voitures de milieu de gamme abordables

Geeroms admet que toutes sortes de mesures sont prises pour tenter de rattraper le retard, mais il voit surtout un problème dans la partie la plus populaire du marché automobile. « En ce qui concerne le marché de masse des voitures de milieu de gamme à prix abordable, une concurrence acharnée attend les constructeurs européens », poursuit-il, soulignant que ce resserrement de l’étau encouragera la baisse des prix et le grignotage des marges. Les retardataires auront du mal à survivre sur cette scène nouvellement construite.

En outre, M. Geeroms souligne que les premiers signes sur le mur apparaissent déjà. « Nous constatons déjà une augmentation des faillites dans le secteur automobile. Non seulement la marge des constructeurs chinois est plus grande, mais ils ont aussi le souffle beaucoup plus long. Ce n’est pas surprenant : les constructeurs automobiles chinois sont de pures entreprises d’État. Ils obligent les constructeurs européens à produire à perte. On ne tient jamais longtemps dans ces conditions ».

Entre le marteau et l’enclume

Selon l’étude, le problème en Europe réside dans l’organisme de réglementation. La loi sur la réduction de l’inflation (IRA) adoptée par l’administration Biden apporte un soutien ciblé à tous les secteurs de l’industrie (y compris les alternatives respectueuses du carbone telles que les carburants synthétiques et les biocarburants) et met en place un plan progressif visant à transférer la production de l’ensemble de la chaîne de valeur, des matériaux des batteries au produit final, vers l’Amérique du Nord. Pour la Chine, le plan d’action est encore plus vaste, la superpuissance souhaitant devenir le leader incontesté de la transition énergétique. Le soutien massif aux producteurs de batteries et aux constructeurs automobiles n’est qu’un élément d’une stratégie globale autour des nouvelles énergies, qui comprend également la production et le déploiement d’éoliennes et de panneaux solaires, ainsi que l’influence géopolitique dans les régions riches en ressources des pays en développement.

Les deux grandes puissances se disputent la suprématie économique finale dans la transition énergétique, l’Europe risquant d’être prise entre le marteau et l’enclume. Dans l’UE, l’étude constate principalement une politique beaucoup trop fragmentée, qui bute sur des subventions trop éphémères (en Allemagne, elles ont été supprimées au début de l’année), un engagement trop faible en faveur de l’acceptation des véhicules électriques et une absence d’incitations pour le réseau de recharge. Ces éléments sont totalement absents dans une vingtaine de pays européens. Il semble donc que le manque d’uniformité européen mette des bâtons dans les roues.

Mieux vaut des carottes que des coups de bâton

Les coûts croissants et répercutés par les marques automobiles constituent également un problème crucial. Avec un prix moyen de 55 821 euros l’année dernière, les voitures électriques sont 27 % plus chères que les modèles à moteur à combustion. En Chine, l’année dernière, ce prix moyen était de 31 829 euros, soit 30 % de moins qu’une voiture à moteur à combustion. Les marques automobiles européennes gagnent-elles encore beaucoup d’argent avec le thermique ? La politique a renforcé la pression dans ce domaine également avec les normes Euro 7. Allianz estime qu’une voiture coûte 2 000 euros de plus, alors que les hauts fonctionnaires avaient estimé le surcoût à environ 500 euros.

Le rapport conclut que les marques européennes perdent rapidement leur compétitivité. Et les investissements partent ailleurs.

Grâce au climat favorable qui règne de l’autre côté de l’océan, les marques allemandes ont doublé leurs investissements dans ce pays. L’écart avec leurs dépenses en Europe n’a jamais été aussi grand. Mais Allianz rappelle que l’industrie automobile en Europe représente 6 % de la production totale de l’UE et qu’en comptant les emplois indirects, elle emploie près de 13 millions de personnes (soit 7 % de l’ensemble des personnes employées dans la région). Existe-t-il une solution ? « L’Europe ferait mieux de donner plus de carottes que de coups de bâton », indique le rapport.

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