Le nombre de délits de fuite routiers explose, mais les identifications aussi

La responsabilisation des automobilistes se dégrade manifestement : en 10 ans, le taux de délits de fuite après un accident avec blessés ou tués à bondi de +9% pour atteindre 101 victimes abandonnées par semaine. Le problème pour ces chauffards qui n’assument pas, c’est qu’ils sont de plus en plus identifiés.

Publié le 15 juillet 2024
Temps de lecture : 5 min

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Le nombre de délits de fuite routiers explose, mais les identifications aussi

Manifestement, il y a encore beaucoup à faire pour responsabiliser les automobilistes. C’est la conclusion qu’on peut tirer des derniers chiffres communiqués par l’Institut VIAS et qui montrent une explosion des délits de fuite après un accident avec blessés ou tués en Belgique.

Désormais, le taux de délits de fuite atteint les 13%, ce qui signifie qu’en l’espace de 10 ans, il a augmenté de +9%. L’an dernier, ce ne sont pas moins de 4.799 accidents qui se sont caractérisés par un délit de fuite. Selon VIAS, cela représente 92 accidents avec blessés ou tués par semaine et sur l’année, cela donne 5.266 blessés laissés pour compte et 19 tués.

Des comportements intolérables

Le phénomène est d’autant plus alarmant qu’il prend de l’ampleur. Ce qui est évidemment inacceptable. Les conducteurs (fautifs ou non, mais ils le deviennent automatiquement en adoptant ce comportement) laissent des personnes sans assistance, ce qui est à la fois égoïste et irresponsable, souligne à juste titre VIAS.

Mais comment expliquer une telle hausse ? Les raisons sont avant tout sociétales. Pour les chercheurs de chez VIAS, c’est le reflet d’une société qui devient de plus en plus violente. Les citoyens sont de plus en plus agressifs entre eux, mais aussi vis-à-vis du personnel médical. Ce qui se constate d’ailleurs sur le lieu des accidents avec des agressions contre les premiers secours, comme les pompiers. L’évolution de la société est telle que l’aspect individuel est privilégié et que la dimension collective est réduite à sa plus simple expression.

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Bien entendu, il ne s’agit pas que de cela non plus. La consommation d’alcool (qui ne faiblit pas) ou de drogues (en augmentation) au volant sont d’autres facteurs qui entraînent de plus en plus de délits de fuite. Ces comportements sont aussi à associer avec les conducteurs qui roulent en défaut d’assurance ou de permis de conduire.

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Les piétons en première ligne

Les premières victimes de ces accidents avec délit de fuite sont les piétons et les vélos. Ainsi, 1.716 étaient des cyclistes et 940 des piétons. Ces deux catégories d’usagers représentent donc près de la moitié des victimes. Et dans le cas des piétons, VIAS note que ce sont 22% des accidents qui se caractérisent par un délit de fuite. C’est énorme. Le plus étonnant, c’est que ces comportements interviennent à n’importe quel moment de la journée. On aurait pu croire qu’ils se manifestaient surtout en soirée ou la nuit, mais ce n’est donc pas le cas (13% en journée et 16% la nuit). Si l’on s’attache aux environnements, il faut noter qu’il y a bien plus de délits de fuite en ville (17,5%) que dans les campagnes (7,4%) d’une part parce que les gens se connaissent dans les régions plus rurales et, d’autre part, parce que l’individualisme est aussi moins développé. Interrogé par Sud Info, VIAS indique que dans les villes, on trouve plus de personnes en situation de précarité et donc aussi en défaut de permis.

Prendre la fuite est non seulement un acte lâche, mais il expose aussi à d’importantes poursuites et sanctions. Celles-ci ont d’ailleurs été durcies d’an dernier et les auteurs sont passibles d’une peine de prison de 15 jours à six mois et d’une amende allant de 1.600 à 16.000 euros. Le tribunal peut aussi le cas échéant se prononcer pour une déchéan

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ce du droit de conduire allant de huit jours à cinq ans. Et si l’accident tourne au drame avec un décès, le contrevenant risque alors de quinze jours à quatre ans d’emprisonnement et/ d’une amende de 3.200 à 40.000 euros. En toute logique, la déchéance du droit de conduire peut être ici prononcée à vie. Et en cas de récidive endéans les 3 ans pour deux infractions graves, une nouvelle peine peut aussi être prononcée : le doublement des amendes et l’interdiction de conduire pendant cinq ans.

 

De plus en plus de fuyards identifiés

La bonne nouvelle (mais pas pour les fuyards), c’est que les auteurs des délits de fuite sont de plus en plus identifiés. Selon la police et le Fonds commun de garantie belge, 24,5% des délits de fuite n’étaient pas élucidés en 2014, mais ils ne sont désormais plus « que » 13,7% à ne pas l’être aujourd’hui (chiffres 2022) et ce malgré leur explosion en nombre.

Il y a une bonne raison à ces meilleures identifications : la présence des caméras de surveillance, que ce soit en ville ou sur les routes. En outre, les systèmes de surveillances des entreprises et des particuliers qui, parfois, couvrent une partie de la voie publique sont aussi de précieuses sources de renseignements pour les enquêteurs, tout comme les caméras embarquées à bard des voitures (dashcams). Il faut aussi noter que, pris de remords, de nombreux auteurs se rendent d’eux-mêmes à la police, soit parce qu’ils ont paniqué, soit parce qu’ils avaient consommé. Enfin, les dénonciations constituent aussi un facteur important d’identification, notamment de la part des garagistes qui à qui l’on confie parfois une voiture à réparer et qui a entendu qu’il y avait eu un accident. En cas d’accident et même en tort, mieux vaut donc assumer ses responsabilités. Ce sera souvent une circonstance atténuante.

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Par David Leclercq Rédacteur automobile

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