La semaine dernière, la Commission européenne a annoncé son intention de taxer les voitures chinoises importées davantage qu’actuellement. Il se fait que l’Europe a mené une enquête qui a démontré que Pékin triche et subventionne ses constructeurs nationaux pour chaque véhicule produit. Une situation qui permet naturellement aux industriels de l’empire du Milieu de se montrer plus compétitifs, notamment en proposant des prix de vente défiante toute concurrence.
L’augmentation qui sera appliquée à partir du 4 juillet prochain – à titre provisoire dans un premier temps en attendant la fin de l’enquête prévue en novembre prochain – va frapper durement les constructeurs chinois. Car ces droits oscillent entre 17,4 et 38,1%, des taux qui viennent s’ajouter à celui déjà pratiqué de 10%. La variation de ces droits de douane est fonction du degré de collaboration avec le constructeur concerné lors de l’enquête. Ainsi, si BYD est le moins impacté (+17,4%), SAIC l’est le plus (+38,1%).
Réaction en chaîne et explosion ?
Bien évidemment, la Chine ne l’entend pas de cette oreille. Et elle a déjà décidé de frapper l’Europe en taxant les importations de porcs qui sont très importantes avec la Chine. Mais ce n’est pas fini. Car l’industrie automobile chinoise a récemment tenu une réunion et demandé au gouvernement « d’adopter des contre-mesures fermes (et) a suggéré d’envisager positivement l’augmentation des droits de douane provisoires sur les voitures à essence dotées de moteurs de grosse cylindrée » si on en croit le journal Global Times (aux mains de Pékin, soulignons-le) qui aurait pu interroger une source proche du dossier. Apparemment, les constructeurs européens comme Volkswagen, BMW Mercedes-Benz, Stellantis, Renault et Porsche étaient aussi conviés.
Publicité – continuez à lire ci-dessous
L’idée est bien évidemment de faire peur et de dissuader l’Europe de mettre en œuvre ses droits de douane supplémentaires. Jusqu’ici, c’est donc bien le bras de fer, mais surtout psychologiquement. Car l’objectif des deux parties est de trouver une solution dans le respect mutuel. Mais peut-on y croire avec la Chine ? Car le pays souffre d’une demande intérieure faible pour tous les produits et il cherche donc à inonder les autres marchés. Dont l’européen. Mais c’est un monde sans fin, car la Chine a prévu de continuer à augmenter ses capacités. Jusqu’où cela ira-t-il ?
Des rétorsions
Les constructeurs chinois poussent donc leur gouvernement à augmenter les droits de douane de 15 à 25% sur les voitures occidentales, particulièrement celles qui recourent à de gros moteurs à essence (plus de 2,5 litres). Pour les constructeurs européens, ce serait clairement un problème, car la Chine est le premier marché automobile du monde et les exportations de gros véhicules (de l’Europe vers la Chine) a été en croissance de +11% l’an dernier, à près de 200.000 unités. Pour les constructeurs allemands, la Chine représente 30% de leurs ventes et l’Allemagne est naturellement le plus gros fournisseur de ces véhicules. On comprend mieux pourquoi BMW et Mercedes se sont érigés contre ces droits de douane imaginés par la Commission.
Notre industrie impossible à protéger ?
Si la démarche de la Commission semble a priori compréhensible pour protéger l’industrie automobile européenne d’une invasion de voitures chinoises, on peut aussi se demander si cette stratégie est la bonne pour protéger une activité qui possède une envergure mondiale et pas locale. Une idée que Maximilian Butek, directeur exécutif de la Chambre de commerce allemande en Chine orientale a très bien exprimé en expliquant que « on ne peut pas protéger l’industrie automobile uniquement dans l’Union européenne si elle est présente dans le monde entier. »
Une évidence. Ce qui est aussi l’avis des constructeurs allemands qui n’ont jamais demandé la levée de droits de douane, sachant très bien qu’ils étaient attendus au tournant. Lever des taxes ne rime à rien. Ce qu’il faut faire, c’est surtout accroître les investissements dans l’innovation pour pouvoir couvrir le retard. C’est aussi investir pour s’affranchir, quand c’est possible, des matières premières fournies par des pays comme la Chine. La réindustrialisation ne doit pas être forcée, elle doit surtout être réfléchie et créative pour perdurer. Les constructeurs européens peuvent donc s’en sortir, même si certaines pratiques posent question, voir inquiètent. Comme celles de Carlos Tavares, qui a récemment annoncé que pour lutter contre la Chine, il fallait adopter leur modèle… de réduction des coûts. Depuis, il se dit que Tavares mène un bras de fer avec ses fournisseurs pour que ces derniers réduisent leurs prix. Plusieurs modèles sont explorés, mais ce dernier risque d’appauvrir l’Europe. À voir qui a raison.
À la recherche d'une voiture ? Cherchez, trouvez et achetez le meilleur modèle sur Gocar.be