La transition électrique bouleverse toutes les relations établies dans l’industrie automobile. Depuis l’Amérique, Tesla, une marque encore relativement jeune, mène la cadence du mouvement – la marque fait de la Model Y la voiture la plus vendue au monde – et depuis l’Est, on craint l’invasion des marques chinoises qui parviennent à associer une technologie de batterie de pointe à des prix avantageux.
De leur côté, les Japonais ne sont pas de grands adeptes de la conduite électrique, car il est plus difficile de déployer suffisamment d’infrastructures de recharge dans leur pays très urbanisé. Les marques automobiles nationales ont donc pris du retard et doivent mettre les bouchées doubles pour suivre la tendance, même si celle-ci est actuellement en perte de vitesse.
Fin de la rivalité ?
Honda et Nissan, deux des plus grands constructeurs automobiles japonais, ont décidé de mettre de côté leur rivalité et de travailler ensemble sur les véhicules électriques (VE), notamment sur la technologie des composants et des logiciels. Ce partenariat est une démarche stratégique visant à rester dans la course, mais aussi à faciliter les paris sur les technologies de nouvelle génération, notamment les batteries solides, qui font l’objet de discordes.
Le patron de Honda, Toshihiro Mibe, a déclaré : « Nous sommes pressés par le temps et devons être rapides. Pour être en bonne position d’ici 2030, nous devons prendre une décision maintenant ». Il a été rejoint par le PDG de Nissan, Makoto Uchida : « Les acteurs émergents sont très agressifs et gagnent du terrain à une vitesse incroyable. Nous ne pourrons pas gagner la compétition tant que nous nous en tiendrons à la sagesse conventionnelle et à une approche traditionnelle ».
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Budget insuffisant
Nissan et Honda reconnaissent donc que ce n’est qu’en combinant leurs forces qu’ils pourront espérer réduire les coûts de développement sur le marché en forte croissance des VE, sur lequel ils ont été distancés par des budgets de production plus faibles et une innovation plus rapide en Chine. En outre, aucune des deux entreprises ne peut compter sur des réserves de trésorerie suffisantes pour supporter elle-même les investissements. Tesla dispose de suffisamment de liquidités pour dépenser jusqu’à 40 % de plus que Honda en matière de développement, tandis que chez Nissan, le flux de trésorerie est même négatif à l’heure actuelle.
Mais le besoin est grand, car l’Américain Tesla domine le marché mondial des véhicules électriques avec une part de 19,3 %, suivi par le Chinois BYD qui grimpe en flèche avec 16 %. Bien que Nissan ait lancé le premier véhicule électrique de masse, la Leaf, en 2010, sa part de marché combinée avec Renault et Mitsubishi dans le domaine des véhicules sans émissions n’est que de 3,2 %, et celle de Honda est encore plus faible, à 0,2 %. Une bagatelle.
Autres partenaires
Cette « part commune » n’est pas le fruit du hasard, car Nissan est toujours engagé dans une alliance édulcorée avec Renault et Mitsubishi. Les Français ont fait cavalier seul dans le développement et la commercialisation de modèles électriques, en créant la filiale Ampere. Nissan avait été invitée par Renault à participer, mais elle en a décidé autrement pour l’instant, car elle souhaite mettre un terme aux années de trop grande ingérence de la France.
Honda a déjà collaboré avec d’autres entreprises dans le cadre de sa stratégie d’électrification. Par exemple, elle a créé une marque distincte avec le géant de l’électronique Sony, qui porte le nom d’Afeela, et elle a conclu un accord avec General Motors (GM) pour présenter ensemble des SUV électriques dans les salles d’exposition. Le Prologue, disponible uniquement en Amérique, est le premier né de ce mariage.
Mais cette entente n’est pas rose non plus. L’accord prévoyait notamment une famille de crossovers compacts abordables alimentés par batterie, qui devait produire des millions de véhicules, mais il a été à nouveau mis en veilleuse. Les deux marques poursuivent leur collaboration dans le domaine des piles à combustible et des taxis autonomes. En fait, Honda et Nissan ne sont pas les seuls à unir leurs forces avec de multiples partenaires. Outre un partenariat existant avec Ford, Volkswagen discute avec Renault du développement d’un véhicule électrique d’une valeur de 20 000 euros.
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