L’électrification fait-elle de la mobilité individuelle un bien de luxe ?

La voiture électrique a dominé les médias ces derniers jours. En réponse, le public a donc posé, à juste titre, un certain nombre de questions essentielles. Notamment sur la faisabilité de cette transition et les coûts associés. Parce qu’en fin de compte, c’est le consommateur qui devra payer. Cela signifie-t-il que, dans un avenir proche, la mobilité individuelle deviendra un bien de luxe dont seuls les riches pourront profiter ?

Publié le 21 mai 2021
Temps de lecture : 5 min

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L’électrification fait-elle de la mobilité individuelle un bien de luxe ?

Prix multiplié par deux

La plupart des ménages belges possèdent au moins une voiture qui fonctionne généralement à l’essence ou au diesel. En ce qui concerne les voitures privées, la proportion de modèles hybrides ou entièrement électriques est encore très limitée. C’est logique, puisqu’il s’agit d’une technologie assez récente qui a aussi un prix plus élevé. Un exemple : prenons une voiture populaire et abordable : la Peugeot 208. La version essence 1.2 (75 ch) coûte 16 800 €. L’alternative 100% électrique est la e-208 qui change de propriétaire pour 32 950 euros. D’accord, cette version est plus puissante et mieux équipée, mais vous devez quand même sortir cette somme d’argent et devez soudainement acheter deux voitures. Toutes les familles n’ont pas le souhait ou la capacité de le faire. De plus, le marché de l’occasion est encore très limité, car la plupart des modèles n’ont été lancés que récemment. Vous ne trouverez donc pas encore d’alternatives valables et abordables.

L’angoisse de l’autonomie

Bien sûr, l’offre va s’élargir dans les prochaines années, avec aussi des modèles moins chers. Dacia, la marque économique par excellence, a déjà pris un bon départ avec la Spring. Ce crossover compact est proposé à 16 990 €, ce qui le place dans la gamme de prix des modèles populaires à moteur à combustion interne. L’autonomie de 230 km (WLTP) est suffisante pour les trajets quotidiens, mais un voyage vers la mer devient un défi, surtout pour ceux qui doivent venir de l’autre bout du pays. L’angoisse de l’autonomie donne alors lieu alors à cette interrogation : est-ce qu’on va arriver à destination ou est-ce qu’on va devoir trouver une station de recharge en cours de route pour rentrer chez nous ? Une situation qui fait frémir le touriste d’un jour et qui confirme ses doutes quant au passage à une voiture électrique.

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Rechargement à domicile

Si vous disposez d’une borne de recharge à la maison, une voiture électrique présente un grand avantage. Il suffit de la brancher, et lorsque vous repartez, la batterie est entièrement chargée. Plus besoin de faire le plein dans une station parfois peu accueillante et par tous les temps. La seule condition est que vous puissiez recharger la batterie de votre voiture électrique à la maison. L’installation d’une station de recharge coûte encore 1 000 euros ou plus. Et bien sûr, vous devez avoir votre propre allée ou garage. Parmi les personnes qui habitent en appartement ou en maison de rangée, peu sont celles qui pourront envisager une telle installation.

Bornes de recharge publiques

Les citadins, en particulier, devront utiliser les stations de recharge publiques, qui sont encore très rares et fournissent parfois une électricité très chère. Il y a actuellement environ 8 500 prises de recharge publiques, alors qu’aux Pays-Bas, il y en a déjà plus de 66 000. En effet, il y a encore beaucoup de travail à faire en Belgique pour créer un réseau de bornes de recharge couvrant tout le pays. Le ministre des Finances Vincent Van Peteghem a récemment lancé son plan pour l’électrification des voitures de société. Il souhaite ainsi accélérer le déploiement des bornes de recharge en offrant une incitation fiscale aux entreprises et aux particuliers. L’objectif doit être d’avoir une ou plusieurs bornes de recharge dans chaque rue et chaque parking, sinon passer à l’électrique restera une tâche très difficile pour les automobilistes.

Une électricité plus chère

Ensuite, il y a l’incertitude entourant l’approvisionnement en électricité et les prix de l’énergie. De nombreux Belges ont récemment sauté dans le “train vert” en installant chez eux des panneaux solaires, très intéressants grâce aux certificats et au compteur inverseur. Mais entre-temps, le gouvernement a de nouveau débranché la prise (…) et, de plus, il veut mettre en place un tarif capacitaire qui tiendra compte des pics de consommation. La facture d’électricité s’en trouvera probablement considérablement alourdie, ce qui ne favorisera certainement pas l’idée d’avoir un consommateur supplémentaire sous la forme d’une voiture électrique. Sans parler des éventuelles pénuries d’électricité qui pourraient survenir après l’arrêt des centrales nucléaires, ce qui obligerait la Belgique à recourir à de l’électricité plus chère provenant de l’étranger.

VE premium à la villa

Pas de panique cependant, si votre fidèle voiture à moteur à combustion est bientôt mise sur la touche, car vous pourrez encore la conduire pendant de nombreuses années. Mais d’ici 2030, la situation sera complètement différente. Plusieurs marques (Volvo, Ford, …) ne proposeront alors plus que des voitures électriques et plusieurs pays (dont le Royaume-Uni) n’autoriseront plus que la vente de véhicules à zéro émission.

D’autres fabricants et pays suivront probablement bientôt. Et alors, la fin de la voiture à moteur à combustion sera vraiment en vue. On s’attend à ce que le contexte pour la voiture électrique soit plus favorable à ce moment-là, avec des prix d’achat plus bas, une offre plus large et plus économique et un réseau de recharge solide. Sinon, la conduite d’une voiture deviendra effectivement le privilège du citoyen aisé qui pourra recharger son véhicule électrique haut de gamme avec la station de recharge située dans l’allée de sa villa. Alors que la personne moyenne devra compter sur le vélo et les transports publics, qui seront, espérons-le, suffisamment développés d’ici là…

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Par Alain De Jong journaliste, rédacteur publicitaire, spécialiste de la communication

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à 10:30 4 min Piet Andries
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